En proie aux brimades de deux camarades, un adolescent a vu le rectorat réintégrer les deux fauteurs de troubles qui avaient pourtant été exclus de l’établissement scolaire.
Tout commence en septembre 2019. Un adolescent de 16 ans intègre l’internat du lycée Xavier Marmier de Pontarlier. Rapidement, le pensionnaire vit un véritable calvaire au sein de l’établissement où il est harcelé par quelques camarades.
« J’ai vu l’état de mon fils se dégrader en trois mois, il parlait de suicide. Il était en échec scolaire », a expliqué sa mère aux journalistes de France 3.
« Mon fils s’est fait uriner dessus en pleine nuit. On lui a cassé son lit, jeté des objets dans la figure, volé ses affaires. Des photos de lui ont été prises en pleine nuit et affichées sur les réseaux sociaux. Bref, il a vécu un cauchemar », ajoute-t-elle.
L’adolescent décide de dénoncer les violences dont il fait l’objet au corps enseignant.
« Tout de suite, ils ont été à l’écoute. Ils n’ont absolument pas remis en cause sa parole. Ils ont été géniaux et ont très vite réagi », poursuit la mère du lycéen.
L’équipe enseignante s’aperçoit rapidement que quatre autres élèves sont la proie de brimades similaires. Un conseil de discipline est tenu et deux adolescents sont exclus de l’internat.
« Mon fils était apaisé. Depuis la rentrée de janvier, il allait beaucoup mieux », confie la mère de l’adolescent ayant révélé les agissements des deux pensionnaires exclus.
Le rectorat réintègre les élèves mis en cause
Mais le 17 février, la mère de famille apprend que les deux fauteurs de troubles vont être réintégrés.
« Nous avons appris que le rectorat de Besançon avait invalidé la décision du conseil de discipline du lycée. Concrètement, les harceleurs de mon fils vont réintégrer l’établissement. Mon fils est très stressé. Il a peur que ça recommence. Et moi, j’ai peur que si ça se représente, il ne dise rien. »
« On a une boule au ventre. On a l’impression qu’on écoute plus les coupables que les victimes », ajoute la mère de la victime.
Du côté de l’équipe enseignante du lycée Xavier Marmier, c’est l’incompréhension.
“Mon fils se faisait uriner dessus, ses harceleurs vont réintégrer le lycée” : à #Pontarlier, une mère en colère témoigne #harcelement https://t.co/3lqd8tB9YP
— France 3 Franche-Comté (@F3FrancheComte) February 18, 2020
« C’est un affront. Le rectorat conteste la décision du conseil de discipline. En somme, celle de toute l’équipe éducative : professeurs, CPE, surveillants et agents de service. C’est une remise en cause de notre travail. C’est un message fort », souligne Gilles Lampert, professeur d’Éducation physique et sportive (EPS) et coordinateur de la section sport-étude de l’établissement scolaire.
« Les enseignants ont été choqués », ajoute Claude Cuenot, professeur d’histoire-géographie et représentant du Syndicat national des enseignements du second degré (SNES) au lycée Xavier Marmier.
« La décision du rectorat, incompréhensible au regard de la gravité des faits qui ont donné lieu aux conseils de discipline, remet en cause le rôle éducatif des personnels et met à mal la communauté scolaire », observe le personnel de l’établissement de Pontarlier dans un communiqué.
Une journée blanche organisée le 20 février
Contacté par les journalistes de France 3, le rectorat assure pour sa part n’avoir reçu « aucun signalement de la part de l’équipe éducative pour des faits de harcèlement » et précise qu’« aucune plainte n’a été déposée par la famille » de l’adolescent concerné.
Le rectorat indique que l’un des deux jeunes passés en conseil de discipline a été exclu définitivement de l’internat, mais pas du lycée. Quant au second, la seule qualification d’atteinte aux biens a été retenue et il s’est vu infliger une exclusion avec sursis.
Professeur au sein de l’établissement scolaire et syndicaliste Force Ouvrière (FO), Sonia Carminati se déclare « choquée » par les déclarations de l’académie. Elle affirme que l’équipe éducative a bel et bien alerté le rectorat au sujet de « harcèlement scolaire dans le cadre de l’internat ».
Dans une note adressée aux parents d’élèves, le personnel du lycée Xavier Marmier a annoncé l’organisation d’une journée blanche le 20 février, invitant « les parents qui souhaitent soutenir le mouvement à garder leurs enfants à la maison ».
Le directeur du lycée n’a pas souhaité répondre aux questions des journalistes de France 3.
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