La ville médiévale belge de Bruges attire des hordes d’excursionnistes, mais ne vous laissez pas décourager. Bien que la ville pittoresque en elle-même soit la curiosité la plus importante, elle est également animée d’une passion contagieuse pour le bien-vivre. Et elle cache de jolies surprises.
Les Flamands qui vivent dans cette partie de la Belgique appellent cette ville « Brugge », mais la moitié française du pays (et les anglophones) l’appellent « Bruges ». Quoi qu’il en soit, le nom vient du mot viking signifiant « quai ». En d’autres termes, la ville est un centre de négoce depuis longtemps.
Il y a environ mille ans, la ville s’est enrichie en devenant le plus important marché textile d’Europe du Nord. À l’époque, ses canaux permettaient aux marchands de se déplacer facilement. Mais lorsque le port s’est ensablé au XVIe siècle, le commerce s’est déplacé vers le port d’Anvers, mettant fin à l’âge d’or de Bruges.
Aujourd’hui, la ville prospère grâce au tourisme. De nombreux visiteurs sont attirés par les excellents pubs de la ville – on y trouve des amateurs de bière du monde entier qui y jouent des coudes. Bien que la plupart des meilleures bières de Bruges ne soient pas exportées, les amateurs considèrent que leur dégustation vaut le déplacement… année après année.
Pour se familiariser avec la bière belge, il faut s’arrêter au bien-aimé « t Brugs Beertje », un pub célèbre pour son stock de plus de 300 bières du pays. Si on n’a pas envie de goûter à toutes les bières, on peut opter pour la favorite locale, la Straffe Hendrik, littéralement « Henri le fort », une bière triple puissante et amère. Certaines bières ne sont brassées que de manière saisonnière, c’est pourquoi je demande toujours s’il y a une proposition intéressante.
La Belgique est le premier exportateur mondial de chocolat, et les Brugeois sont des connaisseurs nés. Chaque habitant a son chocolatier préféré. Si le nom de Godiva est bien connu, il existe de nombreux petits établissements familiaux dans toute la ville (la Confiserie De Clerck est l’un de nos préférés). La plupart d’entre eux offrent généreusement des échantillons.
Les Brugeois achètent leur chocolat avec le même souci de fraîcheur que les autres achètent leurs pâtisseries ou leur pain. Le chocolat d’hier ne fait pas l’affaire. Le chocolat est vendu au poids, généralement par quantités de 100 grammes. Il est amusant d’assembler un assortiment de 5 ou 6 chocolats.
Les frites – appelées ici Vlaamse frites ou « frites flamandes » – sont un autre plaisir brugeois. Une fois, un chef local m’a emmené dans sa cuisine pour assister à la double friture – d’abord pour cuire, puis pour dorer – qui donne aux frites belges leur goût si particulier. Son rire nerveux lorsqu’il agitait une frite avant de la plonger dans son deuxième bain d’huile chaude m’a rappelé celui du copain d’enfance qui m’a montré mon premier magazine coquin. Bruges est le seul endroit que je connaisse où il existe un musée consacré à la frite belge. Mais laissons tomber le musée et cherchons plutôt une baraque à frites (frituur) pour goûter à la vraie friture. Les Belges trempent leurs frites dans la mayonnaise, mais le ketchup est là pour les Américains.
Lorsque le plein de bière, de chocolat et de frites est fait, on ne peut s’empêcher de visiter le musée Groeninge. Cette collection de classe mondiale est consacrée à la peinture flamande, de Memling à Magritte. On y contemple les canaux du XVe siècle, les yeux réconfortants de Marie et les places des villes festonnées de personnes portant des justaucorps et de la dentelle. Il s’agit d’une introduction facile au style subtil, techniquement avancé et magnifique de la peinture flamande ancienne.
À la fin de la journée, le meilleur endroit où se trouver est la Place du Marché, dans la vieille ville pavée. Entourée de terrasses de restaurants, de grands bâtiments anciens à pignons et d’un clocher, cette place marque le centre de la ville, comme à l’époque médiévale. Elle accueille le meilleur concert de carillon en direct que j’ai trouvé en Europe.
Bruges est une ville de cloches. Bien que l’on puisse entendre les mélodies des cloches de la tour n’importe où au cœur de la ville, je préfère les écouter depuis l’un des bancs de la cour située sous le carillon. S’asseoir dans cette cour, regarder la tour rustique en briques et écouter la musique est un rituel pour les habitants de la ville et un plaisir unique pour les visiteurs.
Un soir, j’ai contemplé la haute tour. Comme un enfant qui s’informe auprès d’un parent avant de descendre le toboggan de l’aire de jeux, le carillonneur a passé la tête par la fenêtre et m’a fait signe de la main. Puis il a disparu et s’est mis à marteler – littéralement marteler. Le clavier d’un carillon ressemble aux pédales d’un grand orgue, mais il est joué à mains nues par des petits doigts serrés.
Après le concert, la foule s’est dissipée. J’ai attendu pour remercier personnellement le carillonneur. Quelques minutes plus tard, il était au niveau de la rue, dans son pardessus, comme n’importe quel passant. Je lui ai serré la main et me suis trouvé face à un auriculaire étrangement large. Toute une vie passée à battre le carillon lui avait laissé un cal qui avait plus que doublé la largeur de son petit doigt. Il n’est qu’un artiste de plus qui perfectionne son art dans cette ville pleine de charme qu’est Bruges.
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