L’écrivain et dissident chinois Liao Yiwu, qui vit en exil à Berlin depuis 2011, estime dans un entretien au Journal du Dimanche que la situation des droits de l’Homme « ne cesse de se détériorer » en Chine depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, en visite officielle en France à partir de lundi.
« Rencontrer Xi Jinping ? Lui faire passer un message ? Sûrement pas, j’ai trop de mépris pour lui », déclare ce poète et musicien, qui rappelle avoir été emprisonné pendant quatre ans (de 1990 à 1994), « enfermé, brisé, torturé, rien que pour avoir écrit un poème sur le massacre de Tian’anmen », en 1989. « L’Histoire a largement prouvé que ce régime ne fera jamais rien de bon » et « depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2012, la situation ne cesse de se détériorer », dénonce Liao Yiwu. « Je n’attends que la chute de ce régime », ajoute-t-il.
La publication de ses livres, lui permet de « poursuivre le combat contre la dictature » en évoquant lors de ses voyages à travers le monde « la répression en Chine » et le sort de « ses chers amis en prison », souligne-t-il en citant le cas du poète Li Bifeng, emprisonné depuis 1998. D’évoquer aussi la mémoire de son « grand complice » Liu Xiaobo, mort en détention en juillet 2017 malgré son prix Nobel de la Paix. On ne lui a « même pas accordé l’honneur d’une sépulture. Ses cendres ont été jetées à la mer », s’indigne-t-il.
Comme de nombreux défenseurs des droits de l’Homme, le dissident chinois doute que Paris hausse le ton sur ce sujet sensible à l’occasion de la mini-tournée européenne du président Xi Jinping. Après une visite vendredi en Italie puis dans la principauté de Monaco, le président chinois doit dîner dimanche soir avec le président Emmanuel Macron et son épouse, prélude à une visite officielle en France lundi et mardi.
« Je ne sais pas ce qu’Emmanuel Macron va faire lorsqu’il va recevoir Xi Jinping. Jusqu’à présent, malgré sa jeunesse, il n’a pas laissé entendre qu’il saurait dire leurs quatre vérités aux dirigeants de mon pays », regrette Liao Yiwu. Une douzaine d’ONG, dont Amnesty International ou la Ligue des droits de l’Homme, jugent de leur côté « essentiel que la question des droits humains soit abordée en toute franchise », lors de ces rencontre.
Dans un communiqué commun, elles appellent les autorités françaises « à peser de tout leur poids » pour que la Chine procède à « la libération immédiate des défenseurs des droits humains », « respecte pleinement la Convention contre la torture », « instaure immédiatement un moratoire sur les exécutions » et « cesse de persécuter les ressortissants d’ethnies minoritaires telles que les Tibétains, les Ouighours, et les Mongols ».
Une manifestation à l’appel de ces organisations se tiendra lundi après-midi sur le parvis du Trocadéro à Paris. De leur côté, des organisations de Tibétains en France ont également appelé à un rassemblement sur le même site ce dimanche.
D.C avec AFP
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