La référence étant maintenant donnée par le président de la République, qui en plus d’être le Chef des Armées est devenu scatologue en chef de la nation, nous avons failli prendre la liberté d’utiliser, nous aussi, le verbe avec lequel celui-ci décrit son sentiment vis-à-vis des non-vaccinés.
Si chez nous le verbe « ennuyer » triomphe finalement, c’est parce que notre volonté d’avoir un ton libre ne nous affranchit pas de celle de parler au-dessus de la ceinture. Il eut pourtant fallu réussir à mieux traduire la désagréable sensation qu’éprouvent les enseignants, sous un ciel bas, de se trouver les jambes figées dans la boue d’une étable mal nettoyée.
Ils le diront à leur manière le 13 janvier dans une grève nationale qui devrait être fort suivie. « Depuis 20 mois » explique le syndicat majoritaire SNES-FSU, « les personnels tiennent le service public d’Éducation à bout de bras, souvent seuls, au milieu des ordres et contre ordre ministériels, quand ce n’est pas du mépris qui s’exprime »
Les enseignants méprisés ? Pourtant, ils ne sont, eux, pas de ces obscurantistes qui, parce qu’ils refusent le vaccin, ne méritent plus d’être considérés comme des citoyens français ; ils ne sont pas non plus des malades de deuxième classe qu’on pourrait ne pas réanimer à l’hôpital. Eux qui tentent de porter les premières lumières du savoir aux jeunes générations, ils ont, bons soldats de la République, inlassablement relayé les différents messages officiels, les ordres comme les contre-ordres. Ils ont même poussé des enfants et adolescents qui n’en avaient pas besoin à se faire vacciner, parce qu’il y avait eu la promesse d’une immunité collective, parce que les injections devaient tout régler. Au lieu de cela, ils n’observent que la désorganisation de la scolarité, des adolescents dont la construction en tant qu’adultes est ébranlée par une maladie « de vieux » qui, dans leur immense majorité, ne les concerne pas. Une professeure de français dans l’Oise, vaccinée, fait face ce mois de janvier à un conseil de discipline pour ne pas avoir mis son masque en classe le matin du 8 novembre parce qu’elle ne réussissait plus à faire son travail convenablement.
Les enseignants disent ne plus rien comprendre à la stratégie du gouvernement : ordres et contre-ordres, informations tardives ou absentes, circulaires inapplicables… Il leur est demandé de tout réussir alors qu’ils ont les mains attachées dans le dos par une culture de la hiérarchie administrative et de la procédure descendante ; ils doivent faire face à l’absence de masque FFP2 qui n’arriveront – si ils arrivent – qu’à la fin janvier, soit après le pic prédit de contaminations par Omicron ; ils doivent préparer les premières épreuves du baccalauréat en mars malgré les classes qui ferment et les absences à répétitions. Et surtout, ne pas espérer les solutions demandées pour les mesures de niveau de CO2 en classe ou pour l’aération régulière de celles-ci. « Cherche ministre et hauts fonctionnaires, bonne connaissance du terrain indispensable… » ironise le SNES-FSU.
Autre ironie, dans l’entretien avec Le Parisien qui lui avait permis d’exprimer sa violente position vis-à-vis des non vaccinés, le président de la République déployait une partie de ce qui devrait être son programme de candidat pour l’Éducation nationale. Elle est passée inaperçue. En s’appuyant sur le rapport de la Cour des Comptes publié mi-décembre, qui indique que l’argent investi dans l’Éducation nationale « ne produit pas les effets escomptés en termes de performance éducative », Emmanuel Macron voit une partie de la solution dans la prise d’autonomie des personnels de l’Éducation nationale. À moyens constants, ils pourraient peut-être enfin moins dilapider leurs efforts à suivre des instructions déconnectées de la réalité de terrain. Alors peut-être trouveront-ils une solution au fait que des enfants et des adolescents grandissent avec l’idée que, dans la société française, pour être respectés il faut faire partie de la bonne partie de la population, celle qui a un QR code, qui a le droit à des soins parce qu’elle est « bien », qui n’est pas insultée par des chroniqueurs ou philosophes, savants auto-proclamés qui auraient tout compris à l’immunité individuelle et à la phylogénie des coronavirus. Il y aura beaucoup de travail pour leur expliquer cette société dans laquelle être délinquant est plus excusable que de n’être pas vacciné.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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