Confrontée lundi à une motion de censure dont l’adoption est peu probable, Élisabeth Borne a fait valoir le « courage » de son gouvernement face aux « décibels » des oppositions, et défendu son bilan alors que les rumeurs de remaniement s’accélèrent.
« Le vrai courage politique, c’est de sortir du confort de la posture » et « de construire des majorités, même avec ceux qui ne pensent pas exactement comme nous », a plaidé la Première ministre à la tribune de l’Assemblée. « Moi, je ne confonds pas le courage et les décibels », a-t-elle lancé en reprenant les mots prononcés samedi par l’ancien chef du gouvernement Bernard Cazeneuve au sujet de la Nupes. Elle a aussi fustigé les « incohérences », « contradictions » et la « démagogie » des oppositions.
« Merci, mesdames et messieurs les députés de la #Nupes, d’avoir permis aux Français, déjà à 16 reprises, de constater que vous n’avez pas de majorité et qu’il n’y a pas de majorité alternative au Parlement », déclare @Elisabeth_Borne.#MotionDeCensure #DirectAN pic.twitter.com/3Dc18sFwsy
— LCP (@LCP) June 12, 2023
Avec cette motion, la 17e en un an contre le gouvernement, déposée dans le prolongement de la bataille des retraites, « on verra s’il y a une majorité alternative au Parlement », avait souligné dimanche la locataire de Matignon, en évacuant l’hypothèse.
Avant elle, la socialiste Valérie Rabault avait porté à la tribune la motion de censure au nom de l’alliance de gauche en se plaçant sur un autre terrain. « Ce qui se joue aujourd’hui, c’est la possibilité de mettre un terme au discrédit que le gouvernement jette sur l’Assemblée nationale », a-t-elle jugé, critiquant dans une ambiance houleuse une « duplicité » et des « pressions » du gouvernement d’Élisabeth Borne lors de la crise des retraites.
La cheffe du gouvernement espère avoir consolidé sa position à Matignon depuis son recours à l’arme constitutionnelle du 49.3 en mars pour faire adopter la réforme et après avoir évité de justesse, à 9 voix près, une motion de censure déposée dans la foulée. « Nous avançons avec transparence, cohérence » et « tous les chantiers » annoncés il y a un an ont été « ouverts », a-t-elle souligné. De même, « toutes les initiatives, que j’ai présentées il y a deux mois pour accélérer et offrir des progrès tangibles aux Français, sont lancées ». Élisabeth Borne n’a cependant pas démenti dimanche qu’il puisse y avoir un changement d’équipe gouvernementale. « Ces questions s’évoquent avec le président de la République », a-t-elle dit.
Un cadre du parti présidentiel Renaissance évoquait lundi la possibilité d’un remaniement dans les quinze jours, alimentant la machine à rumeurs. « Ça en prend le chemin », a-t-il dit à l’AFP. Soit avant la date butoir du 14 juillet posée à Élisabeth Borne par Emmanuel Macron pour dérouler une feuille de route destinée à relancer l’action de l’exécutif. Le président de Renaissance Stéphane Séjourné a par ailleurs convié des parlementaires de la majorité le 21 juin pour évoquer le « contexte politique », selon deux sources au sein du parti.
« Colère »
Le camp présidentiel espère tourner la page des retraites, après l’échec jeudi d’une tentative d’abrogation des 64 ans et cette motion de censure déposée en riposte. La proposition de loi n’avait pu faire l’objet d’un vote à l’Assemblée nationale, un « coup de force antidémocratique », selon la gauche. Mais faute du soutien de la droite, il est très peu probable que la censure soit votée, en ce jour anniversaire du premier tour des élections législatives il y a un an.
Cependant « ça sert à exprimer notre colère, notre réprobation à l’égard d’un gouvernement et d’un président de la République qui a utilisé le pire de la Cinquième République (…) pour imposer une loi dont les Français ne veulent pas », a résumé la députée insoumise Clémentine Autain. Le camp présidentiel épingle une « forme de tragique de répétition ».
Quand le gouvernement avait failli être renversé le 20 mars, 19 députés LR sur 61 avaient alors voté pour une motion du groupe centriste Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer, Territoires). La donne a changé, juge l’un d’eux, Aurélien Pradié, qui « ne pense pas » voter la motion lundi. « Elle est déconnectée du sujet, de la réforme des retraites ».
Dans l’hémicycle lundi, l’insoumis Louis Boyard s’en est pris une nouvelle fois hors micro à la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, à la manœuvre sur l’irrecevabilité de la proposition d’abrogation des 64 ans, la taxant d’« agente de l’Élysée ». Il a été sanctionné par l’intéressée. Les députés Liot n’ont pas déposé de nouvelle motion de censure, « les conditions de succès » d’une telle initiative n’étant « pas réunies actuellement ». Les députés RN emmenés par Marine Le Pen voteront en revanche d’un bloc la motion Nupes, comme cela s’est déjà produit ces derniers mois : « Nous voulons que Mme Borne s’en aille avec sa réforme sous le bras ».
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