Commentaire
À l’ère de l’information en ligne personnalisée, qui s’aligne sur vos préférences et vos attentes, on trouve des milliers de blogs sur tous les sujets et pour toutes les couleurs, et c’est sans compter les chaînes câblées qui aux Etats-Unis ciblent les différentes sensibilités politiques. Face à tout cela, les groupes de médias financés par le contribuable font figure de dinosaures.
L’argument qui a longtemps été avancé pour justifier le soutien financier du gouvernement à ce que l’on appelle le « service public de radiodiffusion » – bien qu’il semble aller si souvent à l’encontre de l’opinion publique et de sa sensibilité – est qu’il y aurait une demande pour un certain type d’information qui ne peut pas s’auto-financer. Mais en contrepartie, il doit être essentiel que les diffuseurs publics suivent une indépendance éditoriale totale.
Par exemple aux États-Unis, le Public Broadcasting Act de 1967 dit qu’il est « dans l’intérêt général d’encourager le développement de programmes présentant des risques créatifs et répondant aux besoins des publics non desservis ou mal desservis, notamment les enfants et les minorités ». C’est ainsi que sont apparus « Sesame Street » et autres programmes publics car, soi-disant, les enfants américains souffraient de voir Popeye et Bluto, Bugs Bunny et Daffy Duck se battre au pays des dessins animés.
Plus d’un demi-siècle et près de deux milliards de sites web plus tard, même les plus pauvres d’entre nous, quels que soit leur origine ethnique ou leur âge, possèdent ou ont accès à un ordinateur ou à un smartphone, et il n’existe plus de « public non desservi ou mal desservi » dans le domaine de l’information et du divertissement.
De manière intéressante, la loi originale de 1967 ne faisait aucune mention de l’information ou du journalisme, mais se contentait d’évoquer très innocemment « la diffusion de programmes télévisés ou radiophoniques éducatifs et culturels non commerciaux », en citant la possibilité savoir des émissions télévisées consacrées à l’apprentissage de la broderie, ou des retransmissions radiophoniques de fêtes régionales de la bière ou toutes autres émissions similaires qu’aucune chaîne ou station privée n’aurait d’intérêt financier à couvrir.
Pourtant, trois ans et demi plus tard, la Radio publique nationale américaine (NPR) voyait le jour aux États-Unis, et sa toute première émission couvrait « en direct les audiences du Sénat sur la guerre au Viêt Nam », un début inquiétant quand on sait que cette institution est tristement célèbre pour ses préjugés de gauche, aussi discrets soient-ils. Faut-il mettre NPR dans le même sac que les médias d’État contrôlés par les tyrannies totalitaires du type Corée du Nord, dont la mission explicite est de fournir au public « des articles dans lesquels ils tiennent indéfectiblement le président [Kim Jong-un] en haute estime, l’adorent et le louent comme un grand leader révolutionnaire » ? A l’évidence, non. Il n’empêche que, dans le cas des nations occidentales, les médias financés par l’État ont toujours tendance à protéger l’État et les causes de la gauche.
La British Broadcasting Corporation (BBC), par exemple, « est un opposant particulièrement influent [qui s’oppose] à quasiment tout ce que défendent les conservateurs, et la droite se retrouve contrainte d’adhérer mollement à un consensus gauche-libéral », selon les propos de Robin Aitken, qui a été journaliste à la BBC pendant plusieurs dizaines d’années et qui est l’auteur de « Can We Trust the BBC » (Peut-on faire confiance à la BBC ?). M. Aitken cite les propos d’un présentateur de la BBC qui illustre le sentiment de supériorité que le travail à la BBC confère à son personnel. C’est l’idée que « nous savons mieux que les autres » et qu’il est de notre responsabilité d’éduquer les pauvres malheureux en dessous de nous.
C’est dans ce contexte que le PDG de Twitter, Elon Musk, vient de déclencher une tempête en qualifiant NPR de « média affilié à l’État ». NPR s’est retirée de la plateforme de médias sociaux dans la foulée, et le label a évolué pour devenir « médias financés par le gouvernement ». Ses journalistes sont libres de rester en tant qu’individus, a déclaré NPR, mais la station « ne sera plus active sur Twitter car la plateforme prend des mesures qui nuisent à notre crédibilité en laissant entendre à tort que nous ne sommes pas indépendants d’un point de vue éditorial ».
La réponse lapidaire de Musk a été : « Defund @NPR ». (« Coupez les financements publics de NPR »).
La service public PBS lui a emboîté le pas, reprochant à « l’étiquette simpliste de Twitter » de donner « l’impression erronée que PBS est entièrement financé par le gouvernement fédéral ». Pourtant, PBS reçoit quelques centaines de millions de dollars provenant du contribuable, et ses stations locales passent des heures entières à réclamer de l’argent auprès des téléspectateurs ou auprès de diverses fondations.
Après tout, pourquoi Twitter ou toute autre plateforme facilement exploitable par les organes de presse pour y faire leur propre promotion, à peu de frais voire gratuitement, devrait-elle être obligée de passer au crible elle-même les centaines d’organes de presse publics dans le monde pour vérifier s’ils sont éditorialement indépendants ou de simples relais d’une propagande partisane, sans compter les zones grises qui se trouvent entre les deux ?
Alberto Ibargüen, ancien président du conseil d’administration de PBS et ancien éditeur du Miami Herald, cite l’exemple des chaînes Discovery Channel, History Channel et National Geographic qui sont parvenues à privatiser le modèle de PBS. Si elles peuvent le faire, PBS peut le faire également, et par conséquent devrait le faire, et ainsi rendre aux contribuables les centaines de millions qui ont été prélevés.
Que le propriétaire de l’organe de presse soit un riche magnat qui cherche à payer peu d’impôts, ou que l’État se finance en faisant les poches de ses citoyens et continue d’entretenir un léviathan toujours plus grand, la nature humaine n’attend pas les décisions des organes de presse pour exister. Mais comme dans toute entreprise, il est toujours préférable que ce soit le propriétaire qui y engage son propre argent, et sa réputation.
Musk a peut-être sonné le glas du journalisme public en Amérique. La réponse de NPR à l’étiquette de Musk a été de souligner que son financement fédéral représente moins de 1 % de son budget de fonctionnement, les parrainages, les cotisations des stations membres, les dons d’entreprises et les auditeurs constituant l’essentiel du financement de la NPR.
Il semble donc que NPR ne devrait avoir aucun problème à se passer de l’aide du contribuable. Et les gens vont vite s’en rendre compte.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.