Emmanuel Macron a commémoré lundi le 8 mai 1945, sur des Champs-Élysées quasi vides après la mise en place d’un large périmètre de sécurité pour empêcher l’opposition de manifester. Il se rend ensuite à Lyon pour un hommage à Jean Moulin et la Résistance où les rassemblements ont aussi été interdits.
Accompagné par la grande escorte de la Garde républicaine, à cheval et motorisée, le chef de l’État a remonté les Champs-Élysées, dans sa voiture, vitres fermées devant seulement quelques dizaines de curieux.
? EN DIRECT – Commémorations du 8-Mai
Emmanuel Macron remonte les Champs-Élysées en voiture, accompagné de la garde républicaine. pic.twitter.com/oYEYrb4D1X
— Info France 2 (@infofrance2) May 8, 2023
Pour éviter les risques de casserolades, récurrents depuis l’adoption de la réforme des retraites, tout rassemblement a en effet été interdit aux abords de la célèbre avenue. Des filtrages stricts ont aussi été mis en place et le public tenu à bonne distance du défilé.
« On voulait voir le président, on est très déçus. On comprend pas bien pourquoi il y a tout ce bazar », déplore Adrien Prevostot, bloqué avec sa fille à 200 mètres des Champs-Élysées. « Les cérémonies militaires c’est fait pour que la population soit derrière le drapeau. C’est quand même dommage pour la France », abonde Stanislas, un habitant du quartier. Après avoir rejoint l’Arc de Triomphe, Emmanuel Macron s’est recueilli devant la tombe du Soldat inconnu, avant de raviver la flamme, comme le veut la tradition.
Lyon sous haute surveillance
Il est attendu à Lyon en début d’après-midi, un déplacement sous haute surveillance. Des appels à manifester ont été émis à proximité du Mémorial de la prison de Montluc, où Jean Moulin et d’autres figures de la Résistance furent détenus et où l’hommage aura lieu. La préfecture du Rhône a interdit tout rassemblement dans cette zone. La CGT avait déposé un recours en référé contre cette interdiction, rejeté par la justice.
Dans l’ancienne prison, Emmanuel Macron va rendre hommage à la « Résistance française et aux victimes de la barbarie nazie », précise l’Élysée. Il sera accompagné du garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, du ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye et de la secrétaire d’État chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, Patricia Miralles.
Ouverture d’un nouveau cycle mémoriel
La cérémonie, à l’approche du 80e anniversaire de l’arrestation et de la mort de Jean Moulin, ouvre un nouveau cycle mémoriel qui se poursuivra le 6 juin 2024 avec la commémoration du Débarquement en Normandie et s’achèvera le 8 mai 2025 pour les 80 ans de la Victoire. Préfet de 1937 à 1940, premier président du Conseil national de la Résistance (CNR), Jean Moulin fut arrêté le 21 juin 1943 à Caluire, près de Lyon, par le chef local de la Gestapo, Klaus Barbie. Affreusement torturé, il garda le silence et décéda, des suites des blessures infligées, le 8 juillet 1943 en gare de Metz dans le train qui le conduisait en Allemagne.
Emmanuel Macron se rendra dans sa cellule et dans celle du « boucher de Lyon », Klaus Barbie, qui passa une semaine à Montluc après son arrestation en 1983. Il fut condamné à la réclusion criminelle à perpétuité quatre ans plus tard. Le chef de l’État va exalter à travers Jean Moulin « cet esprit de résistance qui est propre au peuple français », indique l’Élysée.
« C’est ce qui a permis au général de Gaulle de devenir un acteur incontournable vis-à-vis des Anglo-Saxons » et à la France de rejoindre le camp des vainqueurs après les errements du régime collaborationniste de Vichy, souligne la présidence. « Tout cela n’aurait pas été possible si Jean Moulin n’avait pas assemblé autour de lui toutes les forces du renouveau », venant de tous les horizons politiques.
« C’est le temps de la mémoire et du recueillement »
Le chef de l’État, qui tente de tourner la page de la crise des retraites, en profitera-t-il pour lancer un nouvel appel à la « concorde » ?
La perspective hérisse d’avance ses adversaires pour qui les appels à manifester sont légitimes, même en ce jour de commémoration. « C’est Emmanuel Macron qui est visé, pas Jean Moulin », a commenté l’eurodéputée insoumise Manon Aubry sur franceinfo. « À chaque fois qu’il sortira dans la rue, il y aura une contestation sociale massive »
8-mai : « Aujourd’hui si l’on manifeste, c’est Emmanuel Macron qui est visé, ce n’est absolument pas Jean Moulin », affirme l’eurodéputée LFI Manon Aubry alors qu’une manifestation contre la réforme des retraites est organisée à Paris. pic.twitter.com/paAXEqqkiN
— franceinfo (@franceinfo) May 8, 2023
Le président du Sénat, Gérard Larcher, juge, lui, « inacceptables » d’éventuels rassemblements. « Il y a un temps pour tout. (Le 8 mai, ndlr), c’est le temps de la mémoire, du recueillement et du rassemblement dans notre pays », a-t-il estimé dimanche.
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