Emmanuel Macron a entamé mercredi une rare visite d’État d’un président de la République française à la Suisse voisine, le signal d’un réchauffement entre les deux pays avec la relation à l’Europe en point de mire.
L’avion présidentiel s’est posé à l’aéroport de Bern-Belp en début d’après-midi, selon les journalistes sur place. Emmanuel Macron a été accueilli par Alain Berset, qui assume jusqu’à la fin de l’année la présidence tournante du Conseil fédéral. Celui qui reste le membre le plus populaire du gouvernement fédéral va quitter ses fonctions à la fin de l’année et la presse suisse souligne les liens d’amitié tissés entre les deux hommes au plus fort de la pandémie de Covid-19.
Une normalisation des relations
Le président français et son épouse Brigitte auront droit aux égards réservés aux hôtes les plus importants alors que la dernière visite d’un chef d’État français – François Hollande – remonte à 2015. Honneurs militaires, rencontre avec les sept membres du Conseil fédéral, discours au Palais du parlement et dîner de gala marqueront la première journée. Outre François Hollande, seuls Jacques Chirac en 1998, François Mitterrand en 1983 et Armand Fallières en 1910 avaient fait ce déplacement.
La visite de M. Macron marque une normalisation des relations entre les deux pays. En 2022, la Suisse avait fortement irrité Paris sur le fond et la forme en choisissant le F-35 américain de préférence au Rafale français pour moderniser son armée de l’air, un contrat de plus de 6 milliards d’euros. Et Berne avait déjà choqué toute l’Union européenne en mai 2021 en annonçant renoncer aux négociations d’un accord-cadre avec les 27, après des années de discussions. La page Rafale est tournée et le gouvernement suisse a repris langue avec Bruxelles et se prépare à négocier une nouvelle fois avec la Commission.
Un sujet politique très sensible
Ce tournant est « une excellente nouvelle », se réjouit-on à Paris. « Il faut que cette dynamique se concrétise désormais », ajoute une conseillère d’Emmanuel Macron, précisant que ce dernier portera « un message d’accélération » pour « relancer les négociations afin de parvenir à un accord au plus vite ». Le rapprochement avec l’UE est un sujet politique très sensible en Suisse pour des questions de souveraineté, d’indépendance du système judiciaire ou de protection des salaires. Les syndicats ont déjà dit leur scepticisme, le premier parti du pays, l’UDC (droite radicale) aussi.
Placée par le président français sous le signe de l’Europe, la journée de jeudi sera beaucoup moins protocolaire. Il ira visiter la Fondation Jean Monnet pour l’Europe à Lausanne avant de rencontrer des étudiants pour parler des « grands enjeux sociétaux » de l’Union européenne. Il a aussi accepté de répondre aux questions du public.
L’économie sera aussi à l’agenda, les deux pays étant d’importants partenaires commerciaux, et la Suisse le troisième investisseur en France. Emmanuel Macron doit rencontrer des responsables économiques à Lausanne, avant que le président de la « Start-up Nation » ne prenne un train spécial pour rallier Genève en compagnie de dirigeants de jeunes pousses.
Le voyage de deux jours se conclura sur une note de sciences fondamentales avec la visite du CERN, le laboratoire européen pour la recherche nucléaire et la physique des particules, à cheval sur la frontière franco-suisse. L’occasion d’évoquer le projet pharaonique de Futur Collisionneur Circulaire. Un accélérateur de particules de 100 kilomètres de circonférence, qui ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique mais qui aux yeux de ses défenseurs doit permettre la recherche d’une nouvelle physique.
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