Emmanuel Macron consulte beaucoup, se dévoile peu et ne laisse rien filtrer sur sa solution au casse-tête d’un gouvernement sans majorité absolue. Le chef de l’État passe en revue ses options avant de remanier ses équipes… ou pas.
Nicolas Sarkozy, François Bayrou… Emmanuel Macron consulte à tout-va, même son ex-Premier ministre Édouard Philippe qu’il a reçu en tête-à-tête, comme l’a révélé Le Figaro, pour la première fois depuis des mois. « Il sonde. Il prend les avis internes et extérieurs, mais ne répond jamais », glisse-t-on dans son entourage, avant de prévenir : « Celui qui dit ce que va faire le président, il ment car personne ne le sait, même les très proches. »
Les spéculations changent de semaine en semaine
Un de ces très proches décrit un Emmanuel Macron requinqué par le rebond de sa popularité après la tempête des retraites, et qui invoque volontiers, en privé, les six points regagnés dans un sondage BVA (la remontée étant moindre dans d’autres études).
Cette embellie ne résout pas l’équation de l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, qui complique l’adoption des réformes sensibles, comme la retraite à 64 ans hier et l’immigration demain. « Le président a bien en tête les options mais n’a pas décidé le schéma tactique », dit ce proche, avant d’assurer que, dos au mur, il sait « prendre le risque qu’il faut ».
Les spéculations changent de semaine en semaine. Ainsi, ce cadre de la Macronie qui pourtant soutenait jusque-là la Première ministre semblait persuadé, il y a dix jours, qu’Emmanuel Macron était décidé à s’en séparer rapidement, avant de nuancer cette certitude au fil des jours. Un maintien d’Élisabeth Borne semble désormais plus probable aux parieurs du camp présidentiel.
Emmanuel Marcon souffle le chaud et le froid
Celui qui, in fine, sera seul à trancher souffle pour sa part le chaud et le froid : il l’a félicitée en Conseil des ministres pour avoir surmonté une 17e motion de censure, mais a du mal, selon plusieurs de ses alliés, à cacher un manque « d’affinités » avec elle. « Cela finit par rejaillir », note l’un d’eux.
Tous s’accordent toutefois pour dire qu’aucun des successeurs potentiels ne dénouerait la situation parlementaire en immunisant le gouvernement face au risque croissant d’une motion censure votée par Les Républicains, qui signerait sa chute.
Le simple fait qu’Emmanuel Macron explore cette piste a provoqué une levée de boucliers chez de nombreux membres de la majorité relative. « C’est une tempête dans un verre d’eau », balaie un conseiller de l’exécutif. « Pour faire une alliance, il faut un chef, un mouvement structuré et une ligne idéologique cohérente », mais « la réforme des retraites a démontré que tout cela n’existait pas » chez Les Républicains.
Ndiaye, Braun, Béchu, sur la sellette ?
Des intimes du chef de l’État pensent que l’heure d’un rapprochement arrivera, mais pas tout de suite : peut-être à l’approche des élections européenne prévues dans un an, en tout cas pas avant les sénatoriales de l’automne. Autant d’arguments qui plaident, pour l’instant, pour garder Élisabeth Borne à Matignon.
« Ce que demande le président aux ministres c’est d’incarner, d’exécuter les décisions et de diriger leur administration », détaille un conseiller.
Parmi ceux qui sont souvent décriés au sein même du gouvernement, tous n’ont pas forcément les défaveurs du chef de l’État. Si le titulaire de l’Éducation Pap Ndiaye n’a pas beaucoup de défenseurs, celui de la Santé François Braun est apprécié par Emmanuel Macron, selon un autre conseiller. Tandis que le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, longtemps jugé pas au niveau, est maintenant crédité en haut lieu d’une maîtrise « indéniable » des dossiers et d’une notoriété « en construction ».
Beaucoup de ténors du camp présidentiel s’attendent en tout cas à une opération d’ici au 14 juillet pour exfiltrer ceux qui ont déçu et marquer la fin des « cent jours » décrétés en avril par Emmanuel Macron pour se relancer. « De toute façon, il faut un remaniement », martèle un ministre. « S’il garde Borne, ne serait-ce que pour la conforter » avec une équipe renouvelée, et puis « pour qu’on arrête d’en parler ! ». Mais rien n’est sûr.
« Les cent jours, c’est la première mi-temps », « on va se reprendre une deuxième séquence de cent jours », prédit un allié. « Peut-être qu’il ne va rien se passer », soupire un autre, qui ajoute, fataliste : « le président a une capacité à étirer le temps à nulle autre pareille. »
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