Emmanuel Macron s’est livré vendredi à une charge virulente contre Vladimir Poutine et le « régime du Kremlin », dénonçant une « volonté d’agression » à l’égard des Européens et un « durcissement » en Russie à l’approche de l’élection présidentielle de mars.
« La Russie est entrée dans une nouvelle phase et nous devons être lucides sur ce sujet », a lancé, sombre, le président français quelques heures après l’annonce de la mort d’Alexeï Navalny, opposant numéro un au Kremlin.
« Une phase d’agression à l’égard des pays européens par des actions de désinformation et des attaques cyber », a-t-il pointé au côté du Président ukrainien Volodymyr Zelensky avec qui il venait de signer un accord bilatéral de sécurité à l’Élysée.
« La Russie a franchi plusieurs seuils sur ce plan ces dernières semaines et ces derniers mois », a-t-il ajouté, dénonçant un changement d’« échelle » et de « nature ». « Il y a très clairement une volonté d’agression à notre endroit », a-t-il affirmé.
« La Russie de Vladimir Poutine, acteur méthodique de la déstabilisation du monde »
Paris a révélé lundi une nouvelle ingérence numérique venant de la Russie, reposant sur un réseau « structuré et coordonné » de 193 sites, baptisé « Portal Kombat », et publiant des contenus prorusses à grande échelle et ciblant les pays qui soutiennent l’Ukraine.
La Russie de Vladimir Poutine est devenue un acteur méthodique de la déstabilisation du monde. Elle n’hésite pas à menacer son environnement et nos intérêts.
Ce changement de posture exige un sursaut collectif, un message clair venu d’Europe : pic.twitter.com/NrjPudenBo
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 16, 2024
Deux ans après le début de l’offensive russe dans ce pays, « la Russie de Vladimir Poutine est devenue un acteur méthodique de la déstabilisation du monde », a assené Emmanuel Macron.
Faisant référence aux « inquiétudes exprimées ces derniers jours sur le possible déploiement par la Russie d’armes nucléaires dans l’espace », Emmanuel Macron a demandé « sans tarder des explications » à Moscou.
« Un sursaut collectif »
De hauts responsables américains ont annoncé mercredi que les États-Unis étaient confrontés à une nouvelle et « grave menace » pour leur sécurité, liée selon des médias à un projet de la Russie de déployer une arme nucléaire anti-satellites dans l’espace.
La Russie a démenti ces information « infondées », évoquant à l’inverse une « ruse » de Washington pour pousser à l’adoption d’une aide de 60 milliards de dollars à l’Ukraine bloquée par les Républicains au Congrès.
Ce « changement de posture » de la Russie « exige un sursaut collectif » des Européens et de leurs alliés, a martelé le président français, appelant à « ouvrir une phase de réflexion stratégique et opérationnelle nouvelle ».
Il s’est toutefois refusé à tirer plus avant la sonnette d’alarme alors que plusieurs responsables européens s’inquiètent d’une possible attaque russe, au-delà de l’Ukraine, contre des pays membres de l’Union européenne ou de l’Otan. Le président français a aussi dressé un sombre tableau de la situation intérieure russe, à un mois de la présidentielle.
« Une forme d’impunité s’est installée » en Russie
La mort d’Alexeï Navalny, dans une prison de l’Arctique russe, « rappelle de la plus tragique des manières la réalité du régime du Kremlin et son durcissement », a-t-il dit. « Il emprisonne ce n’est pas nouveau. Ces derniers mois il a durci la posture à l’égard d’opposants, d’associations, d’ONG, d’associations », a détaillé Emmanuel Macron.
Il a cité le cas d’Oleg Orlov, vétéran de la défense des droits humains au sein de l’ONG Memorial, qui risque cinq ans de prison pour avoir dénoncé l’offensive russe en Ukraine et celui de l’opposant Vladimir Kara-Mourza, condamné à 25 ans de prison et cible de deux tentatives d’empoisonnement.
« Au fond une forme d’impunité s’est installée. Tuer un opposant, ils le font. Interdire les autres candidats (à une élection), ils le font », a-t-il asséné sans aller jusqu’à accuser le Kremlin d’avoir délibérément éliminé Alexeï Navalny.
La Russie « met au goulag ses esprits libres » et les y « condamne à mort », a-t-il poursuivi. La mort d’Alexeï Navalny « dit la faiblesse du Kremlin et la peur de tout opposant », a-t-il aussi pointé.
« Très clairement, les conditions de déroulement de la campagne présidentielle, notamment le nombre très faible de candidats habilités à concourir, ne font que confirmer la dégradation à l’œuvre depuis des années », a-t-il conclu.
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