Le Président Emmanuel Macron a annoncé mardi 9 novembre lors de sa prise de paroles, que la France allait relancer un programme nucléaire et construire de nouveaux réacteurs sur son sol, en reportant toutefois à plus tard les détails sur ces futurs EPR (European Pressurized Reactor).
« Nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer les énergies renouvelables », a-t-il dit dans son allocution télévisée.
Les centrales nucléaires au cœur des enjeux politiques
Il n’a toutefois pas donné plus de précisions à ce stade sur le calendrier ou le lieu des implantations. Si le mot n’a pas été prononcé, ce sont toutefois des EPR qui devraient être construits : « C’est au Président de faire des annonces mais il s’agit du seul modèle opérationnel d’un point de vue industriel », souligne l’entourage de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.
Le projet a pour but de « garantir l’indépendance énergétique de la France, pour garantir l’approvisionnement électrique de notre pays et atteindre nos objectifs, en particulier la neutralité carbone en 2050 », a fait valoir Emmanuel Macron.
L’EPR de 2007 inachevée, mais 6 autres programmées
La France, qui tire la majorité de son électricité du nucléaire, ne construit actuellement qu’un seul nouveau réacteur nucléaire, l’EPR de Flamanville (Manche), dont le chantier entrepris en 2007 n’est toujours pas achevé après maints retards et surcoûts.
Mais elle envisage de construire six EPR supplémentaires et EDF avait remis au printemps un dossier au gouvernement sur la faisabilité et les conditions d’un tel programme. Le Président Macron a aussi annoncé récemment des investissements dans de futurs petits réacteurs (SMR), mais dont l’horizon est plus lointain que celui de l’EPR, dont des exemplaires sont déjà en service en Chine.
Le nucléaire est l’un des thèmes de la pré-campagne présidentielle de 2022, certains candidats en prônant une sortie plus ou moins rapide (écologistes ou insoumis) tandis que d’autres (notamment à droite et à l’extrême droite mais aussi au parti communiste) sont favorables à cette énergie.
« Si nous voulons payer notre énergie à des tarifs raisonnables et ne pas dépendre de l’étranger, il nous faut tout à la fois continuer d’économiser l’énergie et d’investir dans la production d’énergies décarbonées sur notre sol », a déclaré Emmanuel Macron. Ses propos interviennent également en pleine flambée des prix de l’énergie en Europe.
Le gestionnaire du réseau électrique RTE a récemment présenté un rapport très attendu sur le futur électrique de la France, qui soulignait notamment l’avantage économique à construire de nouveaux réacteurs mais aussi la nécessité de prendre des décisions rapides.
« RTE (réseau de transport d’électricité) nous dit qu’il faut agir vite, donc la décision va être prise, et rapidement », avait souligné fin octobre la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, ouvrant la voie à des annonces d’ici la fin de l’année. Elle a insisté sur le « triptyque » d’une feuille de route qui repose sur, outre le nucléaire, les économies d’énergie et le « développement massif des renouvelables ».
La Cour des comptes avance une dépense de 46 milliards d’euros
La Cour des comptes avait souligné l’an dernier l’enjeu financier « majeur » d’un tel programme, chiffrant le coût de construction de six EPR de nouvelle génération (EPR2) à 46 milliards d’euros.
« L’annonce de la relance du nucléaire était certes prévisible, mais elle est incroyable, et presque illégale sur la forme, un débat national étant nécessaire », a critiqué mardi 9 novembre, le député écologiste Matthieu Orphelin.
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