Vaccinés contre le Covid-19, ils disent souffrir d’effets secondaires et veulent obtenir réparation : une première audience judiciaire se tient lundi en Allemagne, pays du laboratoire BioNtech qui a développé, avec l’américain Pfizer, l’un des principaux vaccins sur le marché.
Fin 2021 débutait une campagne de vaccination d’une ampleur inédite face à une pandémie mortelle qui a entraîné le confinement de millions de personnes et la paralysie de l’économie mondiale. Selon l’Agence européenne des médicaments (EMA), il a été estimé qu’au cours de la première année de la pandémie, les vaccins anti-Covid ont aidé à sauver près de 20 millions de vies.
Mais certaines personnes affirment qu’ils ont entraîné une dégradation de leur état de santé. Des actions en justice ont été lancées dans plusieurs pays, comme la France ou le Royaume-Uni. Quelques centaines de plaintes ont été déposées en Allemagne visant à faire reconnaître le lien de causalité entre cette vaccination et le développement de pathologies. Un tribunal de Hambourg sera le premier à se pencher lundi, lors d’une audience publique, sur une demande de réparation.
Prouver les liens entre les troubles de santé décrits et la vaccination
Une plaignante dit souffrir d’effets tels que des « douleurs dans la partie supérieure du corps, gonflement des extrémités, épuisement, fatigue et troubles du sommeil » après avoir reçu le vaccin des laboratoires Pfizer et BioNtech, selon le tribunal. Autant de problèmes « néfastes pour le travail » de cette médecin, employée dans un hôpital, « et qui ne peut plus travailler le même nombre d’heures » qu’avant, affirme son avocat Tobias Ulbrich à l’AFP. Elle réclame au moins 150.000 euros de dommages et intérêts, ajoute le tribunal.
D’autres audiences sont à venir dans les prochains mois, l’avocat affirmant représenter 250 plaignants, « tous en bonne santé » avant de souffrir de symptômes qu’ils attribuent à la vaccination. « Les symptômes sont très différents, cela va de l’AVC à la thrombose et aux maladies cardiaques », assure Joachim Cäsar-Preller, un autre avocat allemand, qui représente 140 clients dans des poursuites similaires. Sur les 192 millions de vaccins administrés en Allemagne, l’institut scientifique Paul Ehrlich a reçu 338.857 signalements d’effets secondaires présumés, dont 54.879 cas jugés graves.
Le laboratoire BioNTech explique qu’à ce stade, « aucune relation causale entre les troubles de santé décrits et la vaccination n’a été prouvée dans les cas examinés ». L’entreprise assure néanmoins, dans une déclaration à l’AFP, « prendre ses responsabilités » et « examiner chaque cas individuel avec soin, sur la base des informations disponibles ».
Discrète pépite du secteur des biotechnologies, BioNtech a acquis une célébrité mondiale en s’associant avec Pfizer pour mettre au point un vaccin à ARN messager contre le Covid-19, vendu à des millions d’exemplaires. Cette technologie innovante et la rapidité d’homologation du produit en raison de l’urgence sanitaire ont généré une importante vague de scepticisme et de désinformation sur le vaccin, mettant en cause sa sécurité.
Les symptômes « post-vac »
L’existence de symptômes « post-vac » est néanmoins prise au sérieux par la communauté médicale en Allemagne où plusieurs hôpitaux ont mis en place des consultations dédiées. Outre la voie judiciaire, des recours administratifs sont prévus en cas de complications vaccinales invalidantes. Plus de 8000 demandes de ce type avaient été déposées à mi-avril, et 335 ont été acceptées à ce stade, selon les médias allemands. Les procédures judiciaires pour établir un lien de causalité avec les vaccins seront elles un « long chemin semé d’embûches », reconnaît l’avocat Joachim Cäsar-Preller.
D’après la loi, pour engager la responsabilité des fabricants, les effets secondaires doivent dépasser un « niveau justifiable selon les connaissances de la science médicale ». Les dommages doivent donc être suffisamment « graves » pour être pris en compte, explique Anatol Dutta, professeur de droit à l’Université de Munich.
Une plaignante, Kathrin K., âgée de 45 ans, estime que ses symptômes entrent dans cette catégorie. Elle assure à l’AFP avoir perdu « 25 kilos en dix jours » après l’injection et avoir dû subir plusieurs opérations des intestins. « Je déteste que l’on me dise que je suis un cas isolé, ce n’est pas le cas », insiste cette ancienne vendeuse.
« Je recommande à mes clients d’établir une chronologie, d’écrire l’évolution de leurs symptômes et de les faire documenter par un médecin, c’est très important », explique une troisième avocate sur ces dossiers, Anja Dornhoff, qui souhaite que les personnes atteintes de syndromes post-vac soient « prises au sérieux ».
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