Le gouvernement travailliste australien veut créer un service public – et dystopique – de contrôle de la « désinformation » et de la « mésinformation » en ligne.
Son avant-projet de loi, intitulé « Mis/Dis » s’accompagne d’une note d’orientation peu transparente et d’une invitation à soumettre des propositions d’ici à la première semaine d’août.
Un auteur célèbre a dit un jour : « Le grand ennemi du langage clair est le manque de sincérité. Lorsqu’il y a un fossé entre les objectifs réels et les objectifs déclarés, on se tourne […] vers des mots longs et des expressions idiomatiques épuisées, comme une seiche qui crache de l’encre ».
Cet auteur était George Orwell, dont l’expérience de la guerre en Angleterre lui a permis de comprendre que même une démocratie occidentale pouvait être confrontée aux dangers de la création d’un « ministère de la vérité » à la manière de la Russie stalinienne.
Le gouvernement australien est la cible de moqueries pour avoir proposé sa version du « Ministère de la Vérité ».
L’organisme sera chargé, en vertu du projet de loi, de déterminer les informations que les gens peuvent ou ne peuvent pas voir sur les plates-formes numériques. Sa mission principale est de cibler la « désinformation » et les « informations fausses ».
À proprement parler, ce n’est donc pas un « ministère de la vérité » à la Orwell, mais davantage un « ministère du non-mensonge » ou « ministère de la non-mésinformation ». Un tel nom suggère en réalité qui contrôle la vérité.
Une particularité peu réjouissante du projet de loi est que toute information qui a été validée par le gouvernement, même si elle est carrément fausse, trompeuse ou mensongère, ne pourra plus, par définition, être considérée comme de la « désinformation ». Car en effet, « Big Brother est infaillible ».
Cet organisme sera le seul à décider des règles que devront suivre les plateformes numériques, et ce, dans l’intérêt de tous.
Vrai pour les mauvaises raisons
L’objectif serait d’empêcher que les Australiens ne subissent « un tort ».
Le message à retenir de ce projet de loi est qu’il faut être reconnaissant au gouvernement de protéger les gens ; l’information a un pouvoir tel que nous avons besoin de l’État pour prendre soin de nous.
Mais il peu probable que le public australien se laisse berner au point de croire qu’il a réellement besoin d’être protégé contre l’information.
Il y a une autre raison. En vérité, l’information devient nuisible quand elle risque de permettre que des contre-vérités soient révélées au grand jour, quand des mensonges risquent d’être démentis, et quand le mal risque de montrer son vrai visage aux yeux de tous.
Une information relayée par la liberté d’expression, entre les mains des individus, voilà le seul moyen d’y parvenir.
Un monde dans lequel l’information est tellement protégée et aseptisée par les autorités serait le pire des mondes, car le gouvernement serait à l’abri de toute contestation ou critique.
Le véritable pouvoir de l’information est de forcer les autorités à rendre des comptes. Elle peut potentiellement permettre de renverser des régimes injustes et illégitimes.
Le gouvernement australien a raison d’associer l’information à un « tort », mais pas pour les bonnes raisons.
Pour ceux qui cherchent à instaurer un régime illégitime, excessif et finalement totalitaire, manipuler l’opinion publique en régulant de l’information devient essentiel.
Nous devons protéger nos propres libertés
Un projet de loi de cette ampleur et de cette importance, généreusement présenté comme étant bénéfique « pour la sécurité et le bien-être des Australiens, ainsi que pour notre démocratie, notre société et notre économie », mérite une consultation publique appropriée et un examen minutieux.
Chaque individu attache de l’importance aux choses qu’il a le droit d’écrire sur les médias sociaux et à ce qu’il a le droit d’entendre. Chacun veut continuer à jouer un rôle dans les plates-formes de communication qui sont indissociables des libertés individuelles et de la démocratie.
En proposant ce projet de loi, le gouvernement australien veut faire croire qu’il va donner la parole au public et ouvrir le débat. Sauf que ce n’est pas le cas.
La période de consultation (de trois mois ou plus) semble inexistante. Il n’y a pas de procédure de comité impartiale qui soit correctement présidée ou supervisée par une personne responsable et respectée, dans laquelle les parties prenantes peuvent exprimer ouvertement leurs préoccupations.
Si les prochaines étapes consistent à rédiger un rapport à la hâte et à introduire le projet de loi au Parlement, espérons que les gens ne se laisseront pas faire. Il s’agit de l’une des propositions les plus radicales jamais présentées.
Dans quelle mesure le projet de loi est-il lui-même un exercice de désinformation, qui s’appuie sur les techniques du mensonge, de la tromperie et de l’induction en erreur des parlementaires et du public ? Le projet de loi doit être examiné, testé, critiqué objectivement et apprécié pour le mal qu’il peut produire.
Cela prend du temps. Il s’agit de ne pas lâcher.
Les Australiens doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour conserver l’un des plus grands pouvoirs dont ils jouissent, celui de dénoncer les abus de pouvoir. Ils doivent exprimer leur opinion sur l’impact que ce projet de loi aurait sur leur propre liberté d’expression et sur leur droit à jouir de la liberté d’expression des autres. Il y a une raison pour laquelle le gouvernement craint ce type de liberté.
Osons espérer que les Australiens ne se laisseront pas réduire au silence.
Car comme l’a écrit John Stuart Mill dans son livre « On Liberty » en 1859,
« Le mal particulier qu’il y a à réduire au silence l’expression d’une opinion, c’est qu’on vole la race humaine, la postérité comme la génération actuelle, ceux qui sont en désaccord avec l’opinion, plus encore que ceux qui la soutiennent. Si l’opinion est juste, ils sont privés de la possibilité d’échanger l’erreur contre la vérité ; si elle est fausse, ils perdent, ce qui est un avantage presque aussi grand, la perception plus claire et l’impression plus vive de la vérité produites par sa collision avec l’erreur ».
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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