En Espagne, une affaire de trains trop grands fait tomber le président de la Renfe

Par Epoch Times avec AFP
22 février 2023 10:30 Mis à jour: 22 février 2023 11:18

Deux démissions pour un « fiasco » : en Espagne, une affaire de trains trop grands pour certains tunnels a fait chuter le patron des chemins de fer espagnols et le numéro deux du ministère des Transports, après 15 jours de polémique embarrassante pour l’exécutif.

À la tête de la compagnie ferroviaire Renfe depuis juin 2018, Isaias Taboas « a présenté » lundi « sa démission », a déclaré à l’AFP une porte-parole de l’entreprise.

Cette démission surprise est venue s’ajouter à celle de la secrétaire d’État aux Transports Isabel Pardo de Vera, par ailleurs ancienne présidente du gestionnaire du réseau ferré espagnole Adif, a confirmé le ministère des Transports dans un court communiqué.

La ministre des Transports Raquel Sanchez « a exprimé sa gratitude » à ces deux dirigeants pour « le travail accompli dans leurs fonctions respectives », a précisé le ministère.

Une commande de 31 trains trop grands

Ces démissions surviennent après plus de deux semaines de polémiques liées à la commande de 31 trains destinés au réseau ferroviaire du nord de l’Espagne, dont la taille s’est révélée être trop grande pour certains tunnels dans lesquels ils devaient passer.

Cette commande, d’un montant de 258 millions d’euros, avait été confiée à l’issue d’un appel d’offres en juin 2020 au constructeur espagnol de matériel ferroviaire CAF, concurrent du Français Alstom et de l’Allemand Siemens, selon la Renfe.

D’après l’opérateur ferroviaire, c’est cette entreprise, dont le siège est au Pays basque (nord), qui a réalisé en mars 2021 que les dimensions fournies lors de l’appel d’offres étaient incorrectes. Elle a alors alerté les autorités avant même d’engager la construction des trains.

« Il n’y a jamais eu de risque que des trains de mauvaises dimensions soient construits car le constructeur avait l’obligation, définie dans les documents d’appel d’offres », de procéder à des vérifications, a assuré la Renfe à l’AFP.

Deux ans de retard et une polémique

Cette erreur, rendue publique début février, soit près de deux ans après la détection du problème,  va néanmoins entraîner des retards de livraison des rames, qui devraient être mises en circulation courant 2026 et non en 2024 comme initialement prévu, d’après le groupe ferroviaire.

Selon des médias espagnols, elle pourrait également entraîner des surcoûts en raison de la hausse des prix des matériaux ces derniers mois. Un problème nié par la Renfe : « Il n’y a pas de problème financier, aucun argent n’a été gaspillé », assure le groupe.

Cette affaire a suscité une vive polémique en Espagne, où l’opposition de droite a accusé le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez de « dissimulation coupable » et d' »opacité », à moins d’un an des élections législatives prévues fin 2023.

« Vous présidez un gouvernement qui commande des trains ne passant pas dans les tunnels », a ainsi ironisé récemment au Parlement la numéro deux du Parti Populaire (PP, droite), Cuca Gamarra, évoquant un « fiasco ».

Cette polémique avait déjà conduit le ministère des Transports à démettre de ses fonctions le 6 février l’ancien responsable de la gestion du matériel de la Renfe et un haut responsable de l’Adif.

Du « jamais vu en 40 ans »

Elle a par ailleurs poussé l’Adif et la Renfe à ouvrir une enquête commune pour déterminer les circonstances ayant conduit à cette situation, qualifiée de « grossière erreur » par la ministre des Transports.

Réagissant lundi aux démissions du patron de la Renfe et de la secrétaire d’État aux Transports, le président de la région de Cantabrie Miguel Angel Revilla, du parti régionaliste PRC, a réclamé « une compensation » pour son territoire, directement affecté par cette commande erronée de trains.

« Nous souhaitons que soient clarifiées » les circonstances et que « des solutions soient mises sur la table », a renchéri lundi Adrian Barbon, président socialiste de la région des Asturies, également touchée, avant une réunion convoquée au ministère des Transports.

« Je réitère mes excuses mais j’insiste aussi sur le fait que nous sommes en train de travailler et que nous nous attelons à mettre en œuvre les solutions », a souligné la ministre des Transports à l’issue de cette réunion.

« Un travail bâclé de cette ampleur, je n’avais jamais vu ça en 40 ans », a fustigé pour sa part le président de la région de Cantabrie.

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