Une technique impressionnante, des gestes millimétrés, pour un résultat plébiscité dans le monde entier : plusieurs grandes maisons mondiales de travail du verre et du cristal, dont les savoir-faire ont été inscrits à l’Unesco, sont implantées dans l’est de la France.
À Saint-Louis-lès-Bitche (Moselle), la fosse contenant les anciens fours de la plus ancienne cristallerie de France sont encore visibles depuis le musée implanté juste au-dessus et retraçant l’histoire de la manufacture, située à deux pas.
Une boule incandescente au bout d’une canne, façonnée pour en faire un verre, qui sera ensuite taillé, gravé, décoré, contrôlé pour en sortir des pièces exceptionnelles: la fabrication d’objets en verre ou cristal, passant par de nombreuses mains et nécessitant un immense travail d’équipe, est particulièrement esthétique.
Les « connaissances, techniques et savoir-faire du verre artisanal » ont été classés, en décembre, au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco.
Cette candidature, déposée par le ministère français de la Culture, a été portée conjointement avec la République tchèque, la Finlande, l’Allemagne, la Hongrie et l’Espagne. Elle a été motivée par le besoin de perpétuer ces savoir-faire, quand un verrier met « dix ans avant d’être au sommet de son art », souligne auprès de l’AFP Elodie Gillet, secrétaire générale de la Fédération du cristal et du verre.
« Demain, ces métiers risquent d’être à jamais perdus »
« Le verrier apprend souvent d’un autre verrier », ajoute-t-elle, soulignant la « nécessité d’anticiper » la formation des futurs artisans. « Les enfants veulent devenir maîtresses ou policiers. On en voit partout. Des verriers, moins souvent », ce qui suscite moins de vocations au plus jeune âge.
Quelque 5000 personnes travaillent le verre en France, « l’une des plus grandes communautés verrières d’Europe », souligne Mme Gillet. Outre les grandes maisons, 260 entreprises sont réparties un peu partout dans l’Hexagone, même si les maisons étaient historiquement implantées dans le Grand Est ou dans la vallée de la Bresle.
La transmission se fait déjà, notamment auprès des jeunes générations, par le biais d’ateliers liés au verre et au cristal dans ces régions, explique à l’AFP David Suck, président de la communauté de communes du pays de Bitche (Moselle). Sans la relève de futurs artisans, « demain, ces métiers risquent d’être à jamais perdus ».
« On insiste sur l’importance de redéfinir, revisiter les métiers du verre, avec des designers », comme cela se fait à Meisenthal (Moselle) pour sa boule de Noël, par exemple, précise-t-il. Et l’enjeu, avec ces manufactures qui emploient des centaines de personnes sur le territoire, est de « permettre à nos entreprises à ne pas avoir à délocaliser ».
C’est aussi en Lorraine qu’est situé le Centre européen de recherches et formation aux arts verriers (Cerfav), seul établissement de France proposant aux apprentis les quatre Certificats d’aptitude professionnelle (CAP) des métiers du verre. La demande est en hausse, selon sa directrice générale, Marie-Alice Skaper : « On a des promotions de 80 apprentis en première et deuxième année. Ils étaient une quarantaine il y a cinq ans ».
Le verre, « une matière qui se recycle à l’infini »
L’innovation et l’adaptation au regard du réchauffement climatique n’échappent pas non plus à ces secteurs. Si les artisans du verre rencontrent moins de difficultés liées à l’innovation, avec « une matière qui se recycle à l’infini », « la hausse des coûts de l’énergie a un impact colossal » pour les artisans, souvent des petites entreprises, souligne Mme Gillet.
À Saint-Louis, une exposition de l’Académie des savoir-faire de la Fondation Hermès retrace, jusqu’au 18 avril, plusieurs mois de recherches entre ingénieurs, designers et artisans autour du réemploi d’une bouteille en verre emblématique de Marseille qu’ils ont pu redessiner et réinventer : boules de pétanque, savon de Marseille ou logo de l’OM par exemple…
Les cristalleries doivent elles « investir au fur et à mesure des rénovations de fours » pour « abandonner à terme les énergies fossiles » et travailler le cristal sans plomb.
En Meurthe-et-Moselle, Baccarat a inauguré en janvier un nouveau four, « Four F », « le plus important de l’histoire de la manufacture », selon un communiqué. Pour la cristallerie, « ces avancées technologiques se traduisent par une amélioration de l’efficacité énergétique ».
Les maisons espèrent aussi que ce « coup de projecteur » fera venir les visiteurs, qui pourront « mieux comprendre la différence de prix par rapport aux produits industriels », souligne Arnaud Lehrer, de la cristallerie Lehrer à Garrebourg (Moselle).
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