Alors que Vladimir Poutine et Donald Trump se sont accordés le 18 mars sur une trêve progressive en Ukraine, sur le Vieux Continent, les pays européens se préparent à la guerre. Le réarmement européen compte peser sur les négociations et préparer leur participation au processus de paix, au risque de déstabiliser les accords en cours par trop d’effets d’annonce.
En jeu, outre les 800 milliards d’euros pour relancer une économie européenne au bord de la récession, la création d’une force de dissuasion militaire beaucoup plus puissante face à la Russie, comme l’avaient suggéré les États-Unis au début de la présidence Trump.
« Si l’Europe veut éviter la guerre, elle doit se préparer à la guerre » a résumé Ursula von der Leyen, lors de la présentation du plan « Réarmer l’Europe », le 19 mars.
En France, on annonce l’envoi d’un manuel de survie aux Français, expliquant comment se préparer à un conflit armé ou à une crise sur le sol français. Le chef de l’État Emmanuel Macron se défendait il y a quelques jours de jouer sur les peurs, suite à son annonce à la Nation.
En Allemagne, même son de clairon, le nouveau chancelier Friedrich Merz parle d’une « Russie agressive » et affirme que les pays européens doivent « devenir plus forts » pour « assurer [leur] propre sécurité ». En Angleterre, Keir starmer assure l’envoi de troupes britanniques en Ukraine pour garantir la paix, après avoir signé début mars une aide de 2,74 milliards d’euros afin de soutenir les capacités de défense ukrainiennes.
L’Italie seule reste prudente et préfère suivre les accords de négociation en cours entre la Russie et les États-Unis, Donald Trump réussissant à faire ce que l’Europe n’a pas su depuis 2022.
Donald Trump et Vladimir Poutine s’entendent sur une trêve progressive en Ukraine
Peu après la fin de l’appel très attendu entre les deux chefs d’État, les dirigeants américain et russe ont convenu de commencer des négociations, qui doivent se tenir au Moyen-Orient, sur un arrêt progressif des hostilités déclenchées en février 2022 par l’invasion russe, selon un communiqué de la Maison-Blanche.
Moscou a accepté de cesser les frappes sur les infrastructures énergétiques en Ukraine pour 30 jours. L’Ukraine avait, elle, déjà accepté, l’idée d’un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours.
Le Royaume-Uni, qui s’est dit prêt à envoyer des militaires en Ukraine une fois la paix conclue, tout comme la France, a réagi de son côté en saluant des « progrès » réalisés « en vue d’un cessez-le-feu ».
Cependant le président russe a fixé les conditions pour un cessez-le-feu en Ukraine, dont la fin du « réarmement » du pays, a indiqué le Kremlin. « La partie russe a souligné un certain nombre de points essentiels concernant le contrôle effectif d’un éventuel cessez-le-feu sur l’ensemble de la ligne de contact, la nécessité de mettre fin à la mobilisation forcée en Ukraine et au réarmement des forces armées ukrainiennes », a rapporté le Kremlin dans un communiqué.
L’UE lance un mouvement de réarmement massif
L’Union européenne a donné le 19 mars le coup d’envoi d’un plan visant à réarmer le continent d’ici à 2030.
« Si l’Europe veut éviter la guerre, elle doit se préparer à la guerre », a résumé à Copenhague la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Plusieurs services de renseignement en Europe restent convaincus qu’une attaque russe aura lieu contre un pays de l’UE avant la fin de la décennie.
La Commission européenne veut permettre aux États membres de consacrer jusqu’à 1,5 % de leur Produit intérieur brut (PIB) pendant quatre ans à des dépenses militaires, sans crainte d’enfreindre les règles budgétaires qui encadrent les déficits publics.
L’Europe a identifié les secteurs stratégiques dans lesquels les investissements doivent avoir lieu en priorité. Il s’agit surtout de combler les lacunes de l’industrie de défense en matière de munitions, de défense anti-aérienne, de drones, ou encore de missiles à longue portée.
Le plan « Réarmer l’Europe » prévoit d’associer plus étroitement l’industrie ukrainienne de défense à celle des pays de l’UE et les industries des pays européens entre eux.
Renforcer rapidement et massivement la défense française
Emmanuel Macron veut renforcer rapidement et de manière massive sa défense, pour répondre à la nécessité de rendre autonome le Vieux Continent.
Mais cela pose un double problème de financement : celui du budget de la Défense, au moment où la France tente désespérément de combler son déficit public, et celui de la montée en puissance des fabricants d’armes, dont le passage en « économie de guerre » reste progressif.
Le président a reçu le 14 mars les patrons d’Airbus, de Dassault Aviation, MBDA, Naval Group, Thales, Safran ou Ariane Group pour échanger sur « leur montée en capacités de production, leurs délais et leurs coûts », selon l’entourage présidentiel.
Le président Emmanuel Macron a annoncé également que la France allait « accroître et accélérer les commandes de Rafale » au bénéfice de l’armée de l’air, dans le cadre de nouveaux investissements de défense.
Selon Emmanuel Macron, « plusieurs pays européens, et d’ailleurs non européens, ont manifesté leur volonté de se joindre » à un éventuel envoi de troupes en Ukraine pour garantir un futur accord de paix avec la Russie.
Il s’agirait de « quelques milliers d’hommes » par État, déployés « dans des points-clés, pour faire des programmes d’entraînement » et « montrer notre soutien dans la durée », a-t-il assuré dans la presse régionale. Jusqu’ici, Moscou s’oppose fermement à un tel déploiement.
L’Allemagne veut une « nouvelle communauté européenne de défense »
La « guerre contre l’Europe » menée par la Russie rend nécessaire le plan d’investissements géants, notamment militaires, a justifié le nouveau chancelier Friedrich Merz, pour qui l’Allemagne pose ainsi les bases d’une « nouvelle communauté européenne de défense ».
« Les circonstances sont avant tout déterminées par la guerre d’agression de (Vladimir) Poutine contre l’Europe. C’est en effet une guerre contre l’Europe, et pas seulement une guerre contre l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a déclaré le probable futur chancelier devant les députés du Bundestag.
Les pays européens se retrouvent aujourd’hui entre une « Russie agressive » et « des États-Unis d’Amérique imprévisibles », ils doivent « devenir plus forts » pour « assurer [leur] propre sécurité », a développé Friedrich Merz.
Dans un contexte international bouleversé, « l’Allemagne a un rôle de meneur » à jouer en Europe, a-t-il affirmé, estimant que son projet n’était « rien de moins que le premier grand pas vers une nouvelle communauté européenne de défense ».
Giorgia Meloni cherche un équilibre entre l’UE et les États-Unis
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a accueilli avec grande prudence « l’hypothèse d’un cessez-le-feu » limité aux installations énergétiques en Ukraine, tout en exprimant sa confiance dans les négociations engagées par le président américain Donald Trump.
« L’hypothèse d’un cessez-le-feu partiel limité aux infrastructures stratégiques ukrainiennes […] représenterait une toute première petite ouverture allant dans le sens de ce sur quoi se sont mis d’accord le président Donald Trump et le président Volodymyr Zelensky », a estimé Giorgia Meloni lors d’une intervention devant la Chambre des députés à Rome.
« Nous soutenons les efforts du président Trump, il est de mon point de vue un dirigeant fort qui peut certainement poser les conditions pour garantir une paix juste et durable », a ajouté la Première ministre italienne, soulignant une nouvelle fois l’importance des « garanties de sécurité » pour Kiev.
Le gouvernement de coalition conservateur de Giorgia Meloni a jusqu’ici fermement soutenu Kiev dans sa guerre avec la Russie. Seule dirigeante de l’UE à assister à l’investiture de Donald Trump en janvier, elle s’est efforcée d’éviter toute critique à son égard et a souligné que l’Italie n’enverrait pas de troupes pour défendre une éventuelle trêve, répétant que cela serait « risqué et peu efficace ».
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