Encore plus de farines d’insectes dans nos assiettes en 2025, quels sont les dangers ?

Par Germain de Lupiac
6 février 2025 17:33 Mis à jour: 6 février 2025 17:36

À partir de ce lundi 10 février, Bruxelles va ouvrir les portes des supermarchés européens à la farine de larves de Tenebrio molitor, un vers de farine jaune. L’Union européenne (UE) a approuvé le 20 janvier 2025, la vente de cette farine d’insectes destinée à la consommation humaine.

En janvier 2023, la Commission européenne avait déjà autorisé la mise sur le marché d’une poudre dégraissée de grillons domestiques, qui est utilisée pour la fabrication des pains, des biscuits, des barres de céréales, des sauces ou encore des pâtes à pizza.

Le feu vert de la Commission européenne survient quelques jours après une tentative infructueuse du groupe parlementaire conservateur pour remettre en question l’ajout de cette poudre dans les aliments européens.

Si l’Europe assure que le consommateur sera informé sur la présence d’insectes dans l’alimentation et qu’il n’y a pas de problème pour la santé, depuis 2023, les indications sur les emballages des produits ne sont pas explicites et ces produits peuvent produire des allergies plus ou moins graves.

Bruxelles autorise une nouvelle farine d’insecte sur le marché européen

Le 20 janvier 2025, la Commission a autorisé la mise sur le marché de poudre de larves entières de vers de farine jaunes jusqu’à 4% de la composition d’aliments comme le pain, le fromage, la confiture ou les pâtes.

L’autorisation concerne la poudre traitée par ultra-violet (UV) obtenue à partir de larves broyées de vers de farine jaune. Le terme « ver de farine » fait référence à la forme larvaire du Ténébrion meunier ou Tenebrio molitor, une espèce de coléoptères.

Ces dernières années, la Commission européenne a considérablement accéléré l’incorporation d’insectes comestibles dans l’alimentation européenne comme des sources alternatives de protéines. Cette autorisation permettra aussi aux industriels de placer une nouvelle espèce d’insectes sur le marché de l’UE.

Une percée que la Commission justifie par la demande croissante de denrées alimentaires face à la baisse des rendements agroalimentaires, des rendements agroalimentaires eux-mêmes bridés par le Pacte vert imposant plus de contraintes, de normes et de taxes aux agriculteurs européens.

Une proposition de loi pour interdire la farine d’insecte, rejetée

Le 15 janvier, la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité (ENVI) du Parlement européen a rejeté par 39 voix contre 32 voix pour (avec 6 abstentions), une proposition présentée par l’eurodéputée française, Laurence Trochu, pour bloquer l’approbation des farines de larves de vers jaunes.

En marge du vote, la députée italienne de la Ligue et membre de la commission ENVI, Silvia Sardone, a attaqué la gauche, coupable, selon elle, de « considérer les intérêts des multinationales avant ceux des consommateurs et la sécurité alimentaire ».

L’Italie, premier pays européen à s’éloigner des insectes et des aliments synthétiques

Le gouvernement italien a interdit dès le mois d’avril 2023 la production et l’utilisation de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux fabriqués en laboratoire. L’administration Meloni s’est également opposée à la promotion des insectes en tant qu’alternative alimentaire, une tendance adoptée par l’Union européenne et soutenue par des organisations telles que le Forum économique mondial.

Le pays tente ainsi de préserver son patrimoine alimentaire. C’est « une bataille de civilisations pour défendre la santé des citoyens, notre modèle de production, notre qualité, notre culture, tout simplement notre souveraineté alimentaire », a écrit le ministre italien de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida, dans un tweet.

Le lobby agricole Coldiretti a soutenu cette initiative visant à interdire les aliments synthétiques et a affirmé que le projet de loi était nécessaire pour protéger l’industrie locale contre les multinationales.

Une société française détient pour le moment la seule autorisation

La France s’est imposée depuis quelques années comme le leader mondial sur le marché des insectes à destination de l’alimentation, selon Les Échos.

L’autorisation européenne qui prendra effet le 10 février et pendant une durée de cinq ans, concerne seulement la société française Nutri’Earth qui sera la seule à mettre en vente la farine de vers jaune sur le marché, « à moins qu’un industriel ultérieur n’obtienne une autorisation ».

Au cours de l’été 2023, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait déjà publié un avis scientifique favorable sur la poudre de larves de Tenebrio molitor traitée par UV de Nutri’Earth, en déclarant que le produit était « sûr dans les conditions et les niveaux d’utilisation proposés ».

Selon l’EFSA, la farine d’insectes peut être utilisée dans «les pains et les gâteaux, les produits de pâtes alimentaires, les produits de pommes de terre, les produits fromagers et les produits laitiers, ainsi que dans des compotes de fruits et légumes destinés à l’ensemble de la population».

Comment savoir si un aliment contient de la farine d’insectes et n’est pas dangereux pour la santé ?

L’UE assure que la présence d’insectes sera clairement étiquetée lorsqu’ils sont mélangés avec d’autres ingrédients tels que la farine, et qu’elle n’est pas dangereuse pour la santé dans les doses prévues actuellement.

La commission exigeait en 2023 que la poudre de grillons soit clairement étiquetée. Deux ans plus tard, l’étiquetage de la présence d’insectes sur les emballages est peu visible à moins de savoir que les additifs E120 (cochenille), E904 (cochenille), E901 (cire d’abeille), sont à base d’insecte. Pour la poudre de grillon, il doit être normalement indiqué « poudre d’Acheta domesticus (grillons domestiques) partiellement dégraissés » dans les ingrédients ou à proximité.

Concernant les possibles dangers sur la santé, l’additif E120 a par exemple été classé par l’association UFC-Que choisir comme « Peu recommandable » à la consommation précisant qu’il est déjà présent dans plusieurs produits : « Yaourts aromatisés, fromage industriel aromatisé, crèmes glacées, confiseries, confitures, assaisonnements, soupes, chewing-gums, certains spiritueux, desserts, produits transformés à base de pomme de terre, poissons fumés, BRSA, sauces telles que chutney, moutarde, céréales du petit-déjeuner, charcuteries ». L’E904 est classé comme « tolérable, mais vigilance pour certaines populations ».

L’emballage doit indiquer que « l’ingrédient peut provoquer des réactions allergiques aux consommateurs ayant des allergies connues aux crustacés, aux mollusques et aux acariens » en cas de présence d’insectes dans sa composition. Cette mention « sera à proximité immédiate de la liste des ingrédients […] vous serez donc en mesure de dire si de la poudre d’insecte a été ajoutée à vos biscuits ou céréales préférés », assure la Commission européenne.

Un porte-parole de la Commission européenne l’a confirmé par courrier électronique à Euronews en déclarant : « Les informations obligatoires sur les denrées alimentaires doivent être disponibles pour les aliments préemballés et les aliments non préemballés. L’indication des allergènes est obligatoire et doit être fournie aux consommateurs lorsque des denrées alimentaires sont proposées à la vente préemballées ou sans préemballage. »

12 autres produits à base d’insectes attendent leur feu vert

Il existe encore plus d’une douzaine de demandes faites à l’EFSA pour évaluer des aliments dérivés d’insectes comestibles.

Parmi eux, des aliments tels que des farines de mouche noires (Hermetia illucens larvae) entiers, blanchis et séchés ; de  nid de bourdons d’abeilles mellifères (Apis mellifera male pupae) ; la poudre entière de grillons domestique (Acheta domesticus); la farine de larves fraîches de la teigne de la farine (Tenebrio molitor) ou encore les poudres de protéines provenant des larves du petit ver de farine (Alphitobius diaperinus), etc. sont déjà au stade de l’évaluation des risques.

Le délai nécessaire pour que les experts de l’EFSA formulent leur verdict ne soit pas connu à l’heure actuelle.

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