Le président russe Vladimir Poutine a menacé mercredi de cesser toute livraison d’hydrocarbures en cas de plafonnement des prix, tout en se défendant d’utiliser l’énergie comme une « arme » face à l’Europe qui craint des pénuries.
La semaine dernière, les pays du G7 ont dit vouloir mettre en œuvre « urgemment » un plafonnement du prix du pétrole russe, encourageant une « large coalition » de pays à y participer, en représailles contre l’offensive menée en Ukraine.
Mercredi, Vladimir Poutine a tenu à être clair : la Russie ne livrera plus de pétrole ou de gaz aux pays qui plafonneraient les prix des hydrocarbures vendus par Moscou.
Plafonner les prix des hydrocarbures russes
Plafonner les prix des hydrocarbures russes serait « une décision absolument stupide », « une bêtise », a lancé M. Poutine à l’occasion d’un forum économique à Vladivostok (Extrême-Orient russe).
« Si les pays européens veulent renoncer à leurs avantages compétitifs, c’est à eux de décider », a-t-il prévenu. Mais « nous ne livrerons rien du tout si c’est contraire à nos intérêts, en l’occurrence économiques. Ni gaz, ni pétrole, ni charbon (…). Rien », a-t-il ajouté, sur un ton ferme.
« Nous ne fournirons rien en dehors du cadre des contrats » signés avec les pays importateurs, a encore affirmé M. Poutine devant plusieurs dirigeants économiques russes et asiatiques, fustigeant « ceux qui essaient de nous dicter leur propre volonté ».
C’est dans ce contexte de bras de fer que la Russie a annoncé la semaine dernière la fermeture des vannes du gazoduc Nord Stream, qui dessert l’Allemagne et plusieurs autres pays européens, invoquant des raisons techniques.
Selon le géant russe Gazprom, cette interruption prolongée est due à la nécessité de réparer une turbine du gazoduc.
Cette décision a renforcé les craintes des pays européens d’une coupure totale du gaz russe vers le continent à l’approche de l’hiver et sur fond d’inflation galopante des prix de l’énergie.
Dans un communiqué, Gazprom a affirmé mercredi que « les pays de l’Union européenne avaient réduit de 48% les livraisons de gaz russe sur leur marché depuis le début de l’année, et de 49% si on ajoute la Grande-Bretagne ».
M. Poutine appelle les pays européens à « revenir à la raison »
Mercredi, M. Poutine a appelé les pays européens à « revenir à la raison », au moment où des voix s’élèvent en Occident pour accuser la Russie d’utiliser son gaz comme un moyen de pression dans le contexte du conflit en Ukraine.
Des accusations balayées mercredi par Vladimir Poutine : « Ils disent que la Russie utilise l’énergie comme une arme. Encore un non-sens ! », a-t-il lancé.
Moscou se défend notamment en arguant que les sanctions à son encontre pour son offensive en Ukraine ont provoqué une pénurie de pièces de rechange qui menace l’intégrité de Nord Stream.
« Donnez-nous une turbine et demain nous relancerons Nord Stream », a lancé le président russe à l’adresse des Européens.
« Nous sommes prêts à (reprendre les exportations) demain. Tout ce que vous avez à faire est d’appuyer sur un bouton », a-t-il affirmé, rappelant que ce n’était pas la Russie qui avait « imposé des sanctions ».
Deux solutions : subventionner les prix élevés soit réduire la consommation
Selon le président russe, les pays de l’UE, confrontés à une envolée des prix de l’énergie, « ont plusieurs solutions: soit subventionner (ces) prix élevés, (…) soit réduire la consommation ».
« D’un point de vue économique, c’est correct. Mais d’un point de vue social, c’est dangereux. Cela peut provoquer une explosion », a-t-il mis en garde.
« Il vaut mieux respecter les obligations contractuelles, les règles civilisées », a fait valoir M. Poutine. « Il est impossible de nuire aux lois économiques ‘objectives’. Sinon cela vous reviendra comme un boomerang ».
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