En marge d’un déplacement en Nouvelle-Calédonie, le chef de l’État a accordé, ce lundi 24 juillet, un entretien d’une trentaine de minutes à nos confrères de TF1 et de France 2. Le président de la République a fait preuve d’autosatisfaction en faisant le bilan des 100 premiers jours de son quinquennat. Plus surprenant encore, il ne semble pas avoir pris la mesure de la gravité des évènements de juin dernier et n’a pas épargné les téléspectateurs avec l’emploi d’un lieu commun.
Bilan des 100 jours ou l’autosatisfaction d’Emmanuel Macron
Après avoir rappelé la présence de la France dans la zone indopacifique et réaffirmé le caractère français de la Nouvelle-Calédonie, le chef de l’État a embrayé sur le récent remaniement et les chantiers mis en œuvre depuis sa réélection, non sans autosatisfaction. Interrogé par Jacques Legros sur le maintien d’Élisabeth Borne à Matignon, Emmanuel Macron a répété mot pour mot la formule qu’il a utilisée lors de sa prise de parole avant le Conseil des ministres ce vendredi 21 juillet. « J’ai fait le choix de la confiance, de la continuité et de l’efficacité » a-t-il déclaré. Des propos surprenants. En mars dernier, le Point révélait dans ses colonnes l’agacement de l’actuel locataire de l’Élysée par la gestion d’Élisabeth Borne de la réforme des retraites. « Vous n’avez pas voulu de Catherine Vautrin, vous m’avez vendu Élisabeth Borne comme la perle rare, et voilà où on en est ! » s’était-il alors exclamé.
Le président de la République s’est ensuite félicité des chantiers mis en œuvre depuis mai 2022, vantant notamment « un texte important passé » pour développer plus vite le nucléaire pour atteindre l’objectif zéro carbone en 2050, et le pacte enseignant, qui devrait mieux payer les professeurs et garantir leur remplacement en cas d’absences. Il a aussi cité l’adoption de « deux textes fondamentaux », la loi d’orientation pour la justice et la loi de programmation militaire », avant d’affirmer avec aplomb « d’avoir fait voter plus de textes qu’il y a cinq ans, au même moment », comme si l’inflation législative était une vertu, alors qu’il faudrait peut-être davantage se pencher sur la problématique de la non-application des lois déjà en vigueur.
Les émeutes minimisées
Interrogé par le journaliste de France 2, Nathanaël de Rincquesen, sur les violences urbaines ayant frappé le territoire national en juin et au début du mois, en les comparant aux émeutes de 2005, Emmanuel Macron a minimisé les évènements. Le chef de l’État avait l’occasion de fixer un cap clair garantissant l’ordre en cas de grands débordements à l’avenir, mais a préféré affirmer que les récentes violences urbaines ont duré moins longtemps que les émeutes de 2005 et n’ont pas nécessité la mise en place de l’état d’urgence. Il a sans doute omis qu’en juin 2023, 45 000 policiers ont été mobilisés sur tout le territoire, soit plus du double qu’en 2005.
Emmanuel Macron n ‘a pas parlé de la violente attaque dont a été victime le maire de l’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun et sa famille. Il a oublié aussi Philippe, le retraité passé à tabac par des jeunes dans la nuit du 5 au 6 juillet à Vieux-Condé. Le chef de l’État a choisi l’indulgence plutôt que l’indignation, déclarant que la plupart des émeutiers sont des « jeunes issus d’un cadre familial fragilisé ». Il aura au moins plaidé pour un retour de l’autorité des parents.
« Les policiers ne sont pas au-dessus des lois »
Ce qui déçoit davantage dans cet entretien du président, c’est l’emploi de lieux communs et d’éléments de langage usés, évitant toute prise de conscience sur des sujets majeurs. Quatre policiers marseillais ont récemment été mis en examen pour violences volontaires. Le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a réagi en affirmant « qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ». Interrogé sur cette affaire et la réaction de M. Veaux, Emmanuel Macron s’est contenté de rappeler le « travail remarquable » des policiers pendant les émeutes et de déclarer que « les policiers ne sont pas au-dessus des lois ».
Certes, personne n’est au-dessus des lois, c’est une évidence, mais le chef de l’État devrait aussi prendre conscience du malaise policier qui est réel. Il devrait aussi réaliser qu’il n’y a plus de liens entre certaines populations et la police. L’annonce d’une grande politique aurait été bienvenue à l’instar d’États généraux composés de syndicats de policiers, de magistrats, de parlementaires et de membres du gouvernement, de manière à remettre tout à plat, notamment les liens entre la police et la justice, entre la police et la population et la doctrine de l’emploi d’armes létales.
Oui, cette interview d’Emmanuel Macron est décevante et le président n’a pas été percutant. Ce n’est pas pour rien que le JT de 20h de TF1 de ce lundi 24 juillet n’en a parlé qu’à la fin, après les intempéries dans le Doubs et les incendies en Grèce.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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