Note de la rédaction : cet article est une rubrique du chroniqueur financier Dao Feng a soulevé beaucoup de questions en Chine. Elle évoque le cas de Cao Dewang (ou Cho Tak Wong), entrepreneur bien connu dans l’industrie du verre et un grand philanthrope en Chine. Il y a environ deux mois, Cao a révélé un plan d’investissement aux États-Unis d’environ un milliard de dollars, ce qui devrait y créer des milliers d’emplois. Une récente interview où Cao avait expliqué les raison de sa décision, a provoqué une large discussion en Chine au sujet de l’économie de ce pays et des obstacles pour les investisseurs.
Il y a un an, le magnat immobilier chinois Li Ka-shing a vendu ses avoirs immobiliers en Chine continentale et « s’est évadé » au Royaume-Uni. À l’époque, un article intitulé « Ne laissez pas fuir Li Ka-shing » a été largement diffusé en ligne. Probablement en raison de la citoyenneté hongkongaise de Li (qui ne provenait pas de Chine continentale), les médias officiels chinois n’ont pas pris son « évasion » trop au sérieux. Cependant, un an plus tard, Cao Dewang, président de Fuyao Glass Industry Group, le deuxième plus grand fabricant de verre automobile dans le monde, part aux États-Unis pour y construire des usines pour 1 milliard de dollars.
Cette fois, les médias chinois en ont fait beaucoup de bruit. Pourquoi Cao, le roi du verre et le premier philanthrope en Chine, part-il aux États-Unis ? La raison invoquée est le coût élevé des affaires en Chine. Selon Cao, à part les salaires qui sont plus bas, le terrain, la fiscalité, l’énergie, la logistique et d’autres coûts sont beaucoup plus élevés en Chine qu’aux États-Unis.
Même si l’évaluation économique de Cao, personne clé de l’industrie manufacturière chinoise, fait perdre la face à la Chine, elle montre ce qui se trame dans la tête d’ un vrai entrepreneur. Le capital cherche naturellement le plus haut rendement, et si cela est vrai, Cao fuit l’économie réelle chinoise. Aujourd’hui, les médias chinois demandent à Cao de rester en Chine. Mais même si Cao Dewang reste, est-ce que Zong Qinghou, Dong Mingzhu et d’autres entrepreneurs vont suivre son exemple ? On devrait considérer sérieusement comment garder ces entrepreneurs en Chine et comment encourager le développement de l’économie réelle dans ce pays.
Restaurer l’économie réelle
Pour créer un marché de « tendance haussière (slow bull) », la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières (CSRC) a récemment pris des mesures sévères envers des « valeurs monstres » – un terme désignant les valeurs avec des prix qui montent ou chutent d’une manière démesurée – même au prix d’importantes pertes sur les marchés financiers. Probablement Liu Shiyu, président du CSRC, comprend très bien les messages politiques. En réponse à l’appel d’en haut de transformer l’économie de la virtuelle en réelle, la CSRC a été déterminée à réduire l’endettement, dégonfler la bulle boursière et se prémunir contre les risques. Il semble qu’aujourd’hui elle se rend compte que le relancement de l’économie réelle chinoise ne peut plus être retardé.
Au cours de la récente Conférence économique centrale, des hauts responsables ont dressé une ligne générale mettant l’accent sur le dégonflage des bulles boursières. Selon leurs raisonnements, le marché boursier connaîtrait un ajustement et des problèmes à court terme, mais cela servirait de base pour assurer en 2017 une tendance haussière. Toutefois, on prévoit en même temps une pénurie de capitaux à long terme.
Pourquoi l’économie réelle chinoise n’est-elle pas rentable ? À cause de la demande insuffisante. Pourquoi la demande est-elle insuffisante ? Parce que les gens n’ont pas d’argent à dépenser. Pourquoi les gens n’ont-ils pas d’argent ? Leur argent s’est évaporé suite à la spéculation immobilière et aux diverses escroqueries financières. De plus, de nombreuses années de dépenses dans le cadre des mesures d’encouragement gouvernemental ont créé des bulles d’actifs, en rendant les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres. La croissance du M2 profite surtout aux groupes à revenu élevé, mais leur consommation n’augmente pas suffisamment en raison de la diminution de l’utilité marginale.
Depuis la récession qui a frappé l’économie réelle à partir de 2014, l’inondation par des capitaux spéculatifs a fait gonfler une bulle après une autre. Au début de 2014, le marché obligataire s’est envolé, suivi par le marché boursier dans la seconde moitié de cette année, ainsi que par le marché immobilier en 2015 et le marché des matières premières en 2016. En outre, au cours des dernières années, l’utilisation d’Internet a conduit à l’accélération et à la formation d’une bulle dans l’économie virtuelle. De nombreuses entreprises ont recueilli des milliards de yuan juste en vendant une bonne image via des présentations Powerpoint.
Si on veut retourner à l’économie réelle, on devrait agir et avoir du courage, sinon tout le milieu d’affaires quittera le pays.
Le cas de Cao Dewang met également en évidence un autre point sensible de la perspective de reprise économique en Chine : la taxation élevée. La Chine est championne mondiale des projets d’investissement d’État. Pour financer ces projets, elle est obligée d’imposer les impôts les plus élevés. En outre, lorsque les recettes de la vente des terres par les gouvernements locaux prendront fin, la pression fiscale sera encore plus forte. À l’heure actuelle, parler de la réduction d’impôts ressemble à un conte de fées !
Depuis longtemps, la croissance du revenu par habitant a été en Chine inférieure à celle du PIB. En même temps, la croissance du PIB a été inférieure à la croissance des impôts. Il est incontestable que le fardeau devient de plus en plus lourd pour les entreprises et, à long terme, la fuite de capitaux devient inévitable.
La solution réside dans la mise en place d’un gouvernement plus petit, y compris grâce à la réduction du processus d’approbation des projets, le licenciement massif du personnel de la fonction publique, la diminution de toutes sortes d’investissements inefficaces et les réductions importantes d’impôts. Comme résultat, la croissance du revenu des gens dépasserait celle du PIB, et la croissance des impôts serait inférieure à celle du PIB.
Version anglaise : Another Chinese Billionaire Entrepreneur Leaves China
Cet article a été posté dans le blog de l’auteur sur le site d’information chinois Sina. Dao Feng est un blogueur et analyste boursier bien connu. En écrivant sous un pseudonyme, il publie un grand nombre d’articles analysant le marché boursier et des problèmes économiques chinois. Il est l’un des blogueurs financiers les plus influents en Chine, qui attire chaque mois des millions de lecteurs.
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