Éoliennes en mer et mort de baleines : de plus en plus d’éléments établissent un lien de causalité

De nombreuses baleines meurent et les éoliennes en mer sont de plus en plus pointées du doigt comme étant une cause évidente de ce massacre.

« Tout le monde, y compris le gouvernement, reconnaît que de nombreuses baleines meurent, ainsi que de nombreux dauphins et cétacés. Ce n’est pas une seule espèce qui est menacée par l’industrie éolienne », assure Mickael Shellenberger, militant écologiste américain, au média Atlantico.

« Nous assistons à un massacre inhabituel de baleines », précise-t-il, ce qui est appelé officiellement un « événement de mortalité inhabituel ». Selon des chiffres donnés par Spectator il y a quelques jours, 71 baleines se sont échouées sur les côtes du nord-est des États-Unis depuis le mois de décembre 2022, des chiffres qui « semblent avoir monté dans les dernières années en même temps que le nombre d’éoliennes en mer ».

En février 2023, treize maires de l’État du New Jersey dans cette zone ont demandé l’arrêt des activités des éoliennes en mer. « Il est alarmant de constater que le nombre d’incidents de ce type a augmenté dans la région du centre du littoral atlantique », a déclaré le maire de Ocean City, Rick Meehan, à CBS. « C’est quelque chose qui sort de l’ordinaire et qui est très préoccupant. »

L’industrie éolienne tue des baleines de plusieurs manières

Selon Mickael Shellenberger, auteur d’un documentaire sur la question (Thrown to the wind), la cause de ces morts est évidente. L’industrie éolienne tue des baleines de plusieurs manières. D’une part à cause des sonars utilisés pour cartographier les fonds marins. « Nous savons que l’utilisation de ces sonars entraîne la séparation de nombreuses mères de leurs baleineaux », explique-t-il, ce qui amène des risques mortels importants pour les jeunes cétacés qui ne peuvent survivre sans leur mère.

À cela s’ajoutent davantage de risques de collisions avec des bateaux puisque les baleines sont poussées vers des voies maritimes plus fréquentées. Il y a aussi davantage de trafic maritime aux endroits où il n’y en avait pas avant le déploiement de l’industrie éolienne.

Des changements physiques dans le milieu marin et aérien

De son côté, le Groupe de recherche sur les cétacés (GREC) remarque que la construction et la présence des immenses structures des éoliennes, en grande quantité, « provoque de multiples changements physiques dans le milieu marin, et aussi aérien ».

Ces structures ont à la fois des parties immergées et émergées. Sous la surface de l’océan, les bases des éoliennes attirent des invertébrés telles que la moule bleue, laquelle fait, à son tour, venir de nouvelles espèces de poissons. Le GREC se demande quels seront les conséquences de ces changements de biotopes « une fois que le nombre de structures sera multiplié par 1000 ? ». Il reconnaît qu’il est difficile de les prévoir, mais qu’on peut s’attendre à des effets en cascade sur le réseau trophique.

On sait encore peu de choses sur l’effet des perturbations liées à la multiplication des câbles à haute tension au fond de l’océan et les champs magnétiques qu’ils créent. Il serait bon de se pencher aussi sur la question.

Échouage de baleines près d’un chantier éolien en Normandie

Le GREC note par ailleurs que « les travaux titanesques qu’impliquent l’installation de champs d’hélices de 250 mètres de haut impliquent des bruits énormes qui entraînent l’abandon des habitats par les cétacés ».

Le 19 avril 2023, deux baleines se sont échouées en Normandie le même jour, à une dizaine de kilomètres l’une de l’autre. En l’absence de cause avérée à ces décès, l’organisme Sea Sheperd réclame une enquête indépendante. En effet, les carcasses des deux cétacés, un rorqual commun et un petit rorqual, ont été trouvées à une quarantaine de kilomètres de distance du chantier éolien actuellement en construction à Fécamp.

« Deux baleines s’échouent mortes en Normandie, nous demandons l’ouverture d’une enquête. »@SeaShepherdFran demande une enquête sur l’impact des #éoliennes sur les échouages de baleines… https://t.co/R5vK93boDq

— Fabien Bouglé (@FabienBougle) July 22, 2023

« Les baleines sont extrêmement sensibles au bruit qui les désoriente, les empêche de communiquer et de se nourrir et qui peut même aller jusqu’à causer des hémorragies internes et entrainer la mort », note Sea Sheperd. « Il est essentiel d’étudier le calendrier des travaux éoliens off-shore et les différents échouages recensés dans un périmètre défini autour de ces chantiers. »

Le « plus grand scandale environnemental » au monde

Pour Mickael Shellenberger, il y a trois groupes de personnes responsables. Aux États-Unis, il pointe, d’une part, le gouvernement dont les agences responsables de la protection de la faune sont corrompues par la politique, « et la politique elle-même a été corrompue par l’idéologie et l’argent ».

D’autre part, il blâme le groupe des défenseurs de l’environnement qui soutiennent tous le projet de l’industrie éolienne malgré des informations prouvant que celle-ci est nuisible à la vie des cétacés. Finalement, ce sont les journalistes qu’il tient aussi pour responsable de ce qu’il a appelé sur Twitter le « plus grand scandale environnemental » au monde. « Ils ne se comportent pas comme des journalistes, mais comme des propagandistes », assure le militant écologiste.

La baleine franche en voie d’extinction

Il ne reste plus que 340 individus d’une petite espèce de cétacé, la baleine franche de l’Atlantique Nord. Déjà en 2021, « tous les grands groupes de protection de l’environnement ont envoyé une lettre ouverte signée par leurs propres scientifiques, déclarant qu’aucune activité supplémentaire ne devait avoir lieu dans les eaux en raison de l’état critique de la baleine franche de l’Atlantique Nord », rappelle Mickael Shellenberger.

Pour la baleine franche, « nous ne pouvons pas perdre une autre mère, sinon c’est toute l’espèce qui risque l’extinction », s’inquiète-t’il lors d’une entrevue à la télévision de Fox News.