Manon Apithy-Brunet et l’escrime française ont vécu une soirée d’histoire avec le sacre olympique en sabre de la tireuse tricolore devant sa compatriote Sara Balzer, concrétisation de l’affiche qu’un pays attendait pour ses Jeux de Paris.
Ses deux stars, aux registres opposés, se sont montrées aux rendez-vous du Grand Palais et des attentes hautes, presque inatteignables, placées en elles. Face à face: la double médaillée de Tokyo Manon Apithy-Brunet et l’épouvantail du circuit depuis des mois Sara Balzer.
Une première finale franco-française
Le deux sabreuses ont offert à l’escrime hexagonale sa première finale franco-française depuis Atlanta en 1996. Quand Valérie Barlois avait plié face à la « Guêpe » Laura Flessel, qui demeurait jusqu’à lundi la dernière tireuse tricolore titrée aux Jeux dans une épreuve individuelle.
Entre temps, Brice Guyart y était bien parvenu en fleuret (2004) et Romain Cannone évidemment à l’épée (2021) mais aucune femme.
Manon Apithy-Brunet, portée en triomphe sur la piste par son mari sabreur Boladé Apithy, séjourne désormais aussi dans cette empyrée, qu’elle effleurait déjà de la lame.
Médaillée à Tokyo de bronze en individuel et d’argent par équipes, elle entre dans une autre dimension en devenant la première escrimeuse française médaillée d’or en sabre depuis l’introduction de l’arme aux JO en 2004.
« Je suis une fille sensible, une fille qui pleure beaucoup »
Le terminus de montagnes russes. Au sens propre pour la sabreuse de 28 ans écoeurée à Rio puis à Tokyo par des Russes qui avaient monopolisé les deux dernières médailles d’or.
Son caractère éruptif a aussi chamboulé son approche de ce rendez-vous crucial: dans le doute dans les semaines menant aux JO, elle a revu son encadrement au dernier moment.
« Je suis une fille sensible, je suis une fille qui pleure beaucoup », livrait la désormais triple médaillée olympique en début de semaine passée à quelques médias dont l’AFP. « Je vis un peu en montagnes russes et c’est aussi pour ça que le jour des Jeux, quand je gagne, je suis folle, je pleure de joie. »
« Noune », son surnom, ne s’est pas dédite lundi, ne retenant ni ses larmes ni ses bonds dansants après sa demi-finale, même si l’or restait à conquérir.
« Le fait de vouloir être de plus en plus calme, de plus en plus réfléchie, c’est peut-être ça qui me dessert, estimait-elle, mardi à six jours de sa consécration. Au contraire, je dois retrouver un peu de ma spontanéité, retrouver l’enfant qui est en moi finalement. Il faut tout lâcher. »
Souhait exaucé lundi quand elle est entrée sur la piste, sourire léger, tranchant avec la concentration froide de Sara Balzer dans cette finale opposant le bleu du feu le plus brûlant au bleu de la glace.
Manon a une spontanéité naturelle et Sara est peut-être plus structurée,
« Manon a une spontanéité naturelle et Sara est peut-être plus structurée, résolue (…). Ce sont deux personnalités assez différentes », résumait l’entraîneur du sabre féminin français Mathieu Gourdain, à l’issue de la « plus belle journée de (sa) carrière d’entraineur ».
Intraitable avec elle-même, Sara Balzer l’a été avec quasiment toutes ses adversaires lundi jusqu’à croiser le fer avec sa compatriote. La Hongroise Luca Scucs, a cru résisté, un temps seulement, au blizzard Balzer qui a répondu d’une tempête (15-12) à une brève frayeur (7-9).
D’une « exigence jamais vue », dixit sa coéquipière Cécilia Berder, la sabreuse tremblait intérieurement de manquer le rendez-vous de sa vie, ces JO de Paris, après s’être montrée implacable depuis un an et demie.
Le temps qu’il faut remonter pour trouver une photo de podium de Coupe du monde sans ce visage, qu’elle prête à des griffes de luxe.
En effet avec trois finales individuelles atteinte pour quatre médailles (une d’or et trois d’argent), l’escrime française peut espérer égaler voire dépasser son record de médaille, à savoir sept. Une autre marque datant des Jeux d’Atlanta en 1996.
« Pour l’escrime française et le sabre français en particulier, vous ne pouvez pas imaginer mon plaisir de voir ces deux filles faire un et deux », a savouré le double champion olympique Jean-François Lamour (1984 et 1988).
« Si on ne remonte pas à l’avant-guerre, il n’y a eu que trois fois un duel comme ça (français, NDLR) en finale, vous vous rendez compte du côté exceptionnel de la chose ? », a insisté celui qui fut un des 24 derniers porteurs de la flamme aux Tuileries vendredi. Et en plus à Paris, devant 8.000 personnes dans le Grand Palais, toutes les cases sont cochées, vraiment. »
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