Le parti conservateur au pouvoir en Espagne va être jugé pour avoir détruit des preuves dans une enquête sensible sur des faits de corruption, en effaçant les disques durs des ordinateurs d’un de ses ex-trésoriers.
Une juge d’instruction a décidé jeudi le renvoi du PP devant un tribunal « pour dommages informatiques », selon le texte de son ordonnance consultée par l’AFP.
Ce sera la première fois qu’un parti politique est jugé en Espagne en tant que personne morale.
Le parti – présidé depuis 13 ans par Mariano Rajoy – se voit reprocher la destruction en avril 2013 des disques durs d’ordinateurs du plus célèbre de ses anciens trésoriers (1988-2009), Luis Barcenas, avant que la justice y ait accès, au siège de la formation.
Ces disques pouvaient notamment contenir de précieuses informations sur le financement illégal du PP.
Une trésorière actuelle du parti, un ancien informaticien et un avocat seront également jugés pour « dommages informatiques » et « dissimulation ».
La juge a rejeté le recours présenté par le PP.
Son ordonnance rappelle qu’« avec l’effacement des données, avait été empêchée la réalisation d’une enquête considérée comme importante dans une affaire d’une portée indéniable ». La magistrate voit « un lien étroit entre les délits » de dommages informatiques et de dissimulation.
M. Barcenas avait d’abord déposé lui-même une plainte pour la destruction de ses ordinateurs avant de la retirer en 2016. Puis le parti Gauche unie et deux associations avaient saisi la justice.
À chaque fois que l’actualité ramène la corruption minant le PP au premier plan, le parti plaide qu’il s’agit d’affaires anciennes.
Vendredi, le porte-parole du gouvernement Inigo Mendez de Vigo a répondu à la presse que pour ce dossier des disques durs de Barcenas, « les responsabilités politiques constituent déjà une affaire du passé ».
L’été dernier, le chef du gouvernement depuis 2011, Mariano Rajoy avait été entendu comme témoin au procès dit de « l’affaire Gurtel » – dont M. Barcenas était un des principaux prévenus.
Cette affaire porte sur des pots-de-vin versés à des élus et responsables du PP en échange de juteux contrats publics entre 1999 et 2005.
M. Rajoy avait alors assuré ne rien savoir des finances du parti.
À la fin de ce procès fleuve, en octobre, la procureure a conclu qu’il avait permis de prouver « de manière accablante » l’existence d’une caisse noire au PP.
Luis Barcenas est soupçonné d’avoir caché jusqu’à 48 millions d’euros en Suisse et dissimulé d’autres fonds à travers des sociétés écrans.
Une impressionnante série d’affaires de corruption avait contribué à faire perdre au PP sa majorité absolue au Congrès des députés, en juin 2016, quand il avait recueilli 33% des voix.
Cependant, l’indépendance de la Catalogne est devenue en octobre 2017 le deuxième problème préoccupant le plus les Espagnols après le chômage – passant ainsi devant la corruption – selon le baromètre trimestriel du Centre d’investigations sociologiques.
I.M. avec AFP
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