États-Unis : une sénatrice républicaine se joint aux démocrates pour critiquer l’administration Trump pour la rencontre explosive avec Zelensky

La sénatrice Lisa Murkowski a déclaré que Donald Trump semblait « s'éloigner de nos alliés et embrasser Poutine » après sa prise de bec avec le président ukrainien

Par Ryan Morgan
3 mars 2025 16:45 Mis à jour: 3 mars 2025 17:43

La sénatrice républicaine Lisa Murkowski a critiqué Donald Trump et son administration pour la gestion des relations entre les États-Unis et l’Ukraine – et ce, après que leur rencontre du 28 février avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dégénéré en une discussion houleuse.

Alors que la plupart des autres députés républicains ont soutenu Donald Trump et le vice-président JD Vance à la suite de la prise de bec à la Maison-Blanche, Mme Murkowski s’est rendue le 1er mars sur la plateforme X pour critiquer directement l’administration Trump.

« Cette semaine a commencé avec des responsables de l’administration qui refusent de reconnaître que la Russie a commencé la guerre en Ukraine. Elle s’est terminée par une conversation tendue et choquante dans le Bureau ovale et par des murmures provenant de la Maison-Blanche qui suggèrent qu’on pourrait mettre fin à tout soutien américain à l’Ukraine », a écrit la sénatrice.

La visite de M. Zelensky à la Maison-Blanche devait à l’origine aboutir à la signature d’un accord permettant aux États-Unis d’accéder aux ressources naturelles de l’Ukraine. Pourtant, ces plans ont déraillé lorsque MM. Trump, Vance et Zelensky ont commencé à se disputer au vu et au su de la presse.

Donald Trump a présenté l’accord sur les ressources naturelles de l’Ukraine comme une occasion pour les États-Unis de récupérer une partie des coûts liés au soutien apporté à l’Ukraine dans la guerre qu’elle mène contre la Russie. Cependant, Volodymyr Zelensky a cherché à lier cet accord à des garanties de sécurité de la part de Washington à son pays envahi par la Russie. Il a également laissé entendre que l’on ne pouvait pas faire confiance au président russe Vladimir Poutine pour honorer un éventuel accord de paix parce qu’il avait rompu à 25 reprises des accords de cessez-le-feu conclus plus tôt.

Alors que MM. Trump, Vance et Zelensky participaient à une conférence de presse dans le Bureau ovale avant la signature de l’accord, M. Zelensky a réitéré sa demande de garanties de sécurité, en l’absence desquelles il refuserait de faire des compromis pour parvenir à un accord de paix plus large avec Vladimir Poutine.

À un moment de la discussion, M. Vance a accusé M. Zelensky de manquer de respect à ses hôtes et de vouloir exposer ses arguments à la presse.

M. Trump a martelé que M. Zelensky n’avait pas suffisamment de poids pour soutenir une position de négociation plus dure vis-à-vis de Moscou. Quelques instants avant que le personnel de la Maison-Blanche ne fasse sortir les journalistes de la salle, le président américain a lancé à son homologue ukrainien : « Soit vous concluez un accord, soit nous nous retirons. »

« Si nous nous retirons, vous devrez vous battre », a-t-il poursuivi. « Je ne pense pas que ce sera joli, mais vous vous battrez. »

Mme Murkowski a exprimé sa consternation quant à la manière dont cet échange aurait pu être perçu par les observateurs internationaux.

« Je sais que la politique étrangère n’est pas pour les âmes sensibles mais, en ce moment, j’ai mal au cœur alors que l’administration semble s’éloigner de nos alliés et embrasser Poutine – une menace pour la démocratie et les valeurs américaines [partagées] dans le monde entier », a écrit la sénatrice.

Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate du Sénat ainsi que d’autres députés démocrates ont également accusé Donald Trump et son administration de s’acoquiner avec Vladimir Poutine à la suite de la rencontre explosive à la Maison-Blanche.

Réactions des autres républicains

Si les démocrates du Congrès américain ont largement critiqué la manière dont MM. Trump et Vance ont géré leurs échanges avec M. Zelensky, les républicains ont pour la plupart soutenu l’administration Trump.

Dans un podcast diffusé après l’échange de vendredi à la Maison-Blanche, le sénateur républicain Ted Cruz a souligné qu’il souhaitait voir la guerre entre la Russie et l’Ukraine se terminer par une « perte claire et nette pour la Russie ». Toutefois, il a laissé entendre que le comportement de M. Zelensky « n’a pas seulement nui à son propre pays mais, je pense, qu’il a nui à la paix dans le monde ».

Le sénateur républicain Lindsey Graham, qui a auparavant soutenu l’Ukraine dans son combat contre l’agression de Moscou, a dit qu’il était fier de la manière dont MM. Trump et Vance ont géré la rencontre et que le comportement de M. Zelensky était irrespectueux. « Je ne sais pas si nous pourrons à nouveau faire des affaires avec Zelensky. Je pense que la plupart des Américains ont vu un gars avec lequel ils ne voudraient pas faire des affaires », a-t-il déclaré à la presse.

En même temps, d’autres élus républicains ont exprimé leur soutien à l’Ukraine et ont partagé leur frustration quant à la façon dont la rencontre à la Maison-Blanche a dévié, sans blâmer spécifiquement l’administration Trump.

« Une mauvaise journée pour la politique étrangère de l’Amérique. L’Ukraine veut l’indépendance, le libre marché et l’État de droit. Elle veut faire partie de l’Occident. La Russie nous déteste, nous et nos valeurs occidentales. Nous devrions être clairs sur le fait que nous défendons la liberté », a écrit le représentant républicain Don Bacon dans son message sur X.

Dans un autre message paru sur X, le sénateur républicain John Curtis a déclaré : « La diplomatie et le comportement d’hommes d’État semblent avoir été rejetés à la porte du Bureau ovale aujourd’hui. »

« L’Ukraine est un allié qui défend la liberté du marché, la liberté d’expression et la liberté des personnes – des valeurs occidentales qui correspondent aux nôtres. En revanche, si la victoire est obtenue par Poutine, ce ne sera pas le cas. J’ai bon espoir que nos pays puissent retourner à la table des négociations et progresser vers une paix juste et durable. »

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