La pandémie Covid-19 nous a sans aucun doute tous affectés.
Elle a accru nos inquiétudes et nos préoccupations en matière de santé physique. Le Covid-19 a ajouté aux défis auxquels les parents sont déjà confrontés et a également créé une plus grande sensibilisation à la fragilité de la santé mentale.
Cependant, la deuxième vague a également ouvert la voie à un débat plus large sur les moyens de promouvoir le bien-être mental.
En tant que chercheur et psychologue clinique, je dirige un groupe de recherche qui étudie comment le contrôle des émotions, les valeurs et les croyances affectent le développement et la transmission intergénérationnelle des troubles mentaux ou comportementaux et comment ces problèmes peuvent avoir un impact sur la réussite scolaire.
Le groupe de recherche sur l’anxiété de l’enfant et le contrôle des émotions (Childhood Anxiety and Regulation of Emotions research group) a mis au point un programme scolaire ainsi qu’un programme parental, qui enseignent tous les deux les compétences de base associées à la résilience pour faire face à cette situation. La résilience est la capacité d’un individu à rester actif, disponible et optimiste au lieu de se replier sur lui-même, d’être accablé et vaincu face aux difficultés et à l’adversité.
Notre groupe de recherche estime que lorsque les parents sont conscients de leur propre contrôle émotionnel et lorsqu’ils peuvent trouver l’espace nécessaire pour structurer des activités familiales intéressantes qui favorisent la création de liens mutuels, leurs enfants et eux-mêmes seront mieux disposés à acquérir les compétences d’adaptation de base qui seront bénéfiques aux individus et aux relations familiales.
L’impact de la pandémie sur la vie familiale
Un rapport récent de la Commission australienne des droits de l’homme a examiné les problèmes liés au Covid-19 pour les enfants de 5 ans et plus et les jeunes adultes pour la période de janvier à avril 2020. Le rapport souligne que « les problèmes de santé mentale résultant du Covid-19 » et « l’impact sur la vie familiale » figurent parmi les cinq principales préoccupations des jeunes.
De même, un rapport de juillet 2020 de Statistique Canada a révélé que 3 parents sur 4 ont éprouvé des inquiétudes et des préoccupations quant à l’équilibre entre la garde des enfants, la scolarité de leur enfant et leur propre travail professionnel, quel que soit l’âge de l’enfant. Plus de la moitié des parents interrogés ont dit avoir plus de difficultés à gérer leurs émotions et celles de leur enfant.
Aux États-Unis, les Centres de contrôle et de prévention des maladies ont indiqué que les hôpitaux américains ont enregistré une augmentation de 24 % de la proportion de visites d’urgence en santé mentale pour les enfants âgés de 5 à 11 ans, d’avril à octobre 2020, et une augmentation de 31 % pour les enfants âgés de 12 à 17 ans.
Les défis qui se posent aux parents au sujet de la pandémie du Covid-19 pourraient représenter un moment opportun pour améliorer notre résilience et développer des stratégies et des compétences plus adaptées. En retour, ces compétences pourront favoriser le développement de comportements résilients chez nos enfants.
Tout le monde ne réagit pas de la même manière à une certaine situation. La capacité à gérer de fortes émotions négatives et à changer notre mentalité pour une façon plus adaptée peut être développée à tout âge. Comme notre cerveau est le plus apte à accomplir une nouvelle tâche tôt dans la vie, il est bénéfique pour les gens de se familiariser très tôt avec ces compétences fondamentales de la vie courante. Cela aidera les enfants à devenir des adultes responsables, adaptés et prospères.
Les émotions des parents
Les résultats de la récente étude de notre groupe de recherche, menée auprès de mères, suggèrent que la capacité des parents à contrôler leurs propres émotions prédisait la fréquence et l’efficacité avec laquelle ils s’appuient sur des pratiques parentales de soutien. Les pratiques de soutien consistent à réconforter les enfants lorsqu’ils éprouvent des émotions négatives, à adopter des stratégies de résolution de problèmes visant à réduire la détresse des enfants et à discuter avec eux des expériences émotionnelles des enfants. Ces résultats suggèrent donc que les pratiques de soutien des parents sont associées à des enfants qui gèrent mieux les émotions difficiles.
Nous avons également constaté que le fait de réfuter l’expression émotionnelle, d’ignorer ou d’écarter les émotions de l’enfant contribuait à ce que les enfants aient une moindre capacité de contrôler leurs émotions et que ces pratiques parentales moins favorables étaient liées à l’anxiété de l’enfant à l’âge adulte. Lorsque l’émotion des parents égale ou dépasse les émotions de leur enfant, ils offrent un soutien émotionnel moins adapté.
Les parents ont peut-être entendu le conseil de sécurité en avion de toujours mettre son propre masque à oxygène avant d’aider un enfant : il en va de même pour le contrôle des émotions. En tant que parents, lorsque nous donnons la priorité à la gestion de notre propre stress, à la tolérance d’une plus grande incertitude et à la pratique d’activités pour se faire du bien telles que l’exercice, une bonne hygiène du sommeil et la relaxation, cela accroît notre capacité à réagir calmement. Cela apprend à nos enfants qu’ils peuvent eux aussi faire face au stress et aux menaces qui y sont liés et les gérer.
Le soutien parental est plus efficace lorsqu’une relation bienveillante et réceptive avec les enfants est établie dès le plus jeune âge. Un soutien parental qui renforce la résilience est comparable à un investissement précoce qui se développe avec le temps. Il est essentiel de créer dès le début le plus grand nombre possible d’expériences positives.
L’échec : une opportunité de croissance
Il est difficile d’être parent et la recherche de la perfection est irréaliste et impossible à atteindre. Nous pouvons au contraire choisir de montrer que les erreurs et les échecs peuvent être une nouvelle opportunité de croissance. Élever des enfants résilients signifie que nous devons leur apprendre la bienveillance, la gratitude, la satisfaction différée et l’estime de soi afin de tirer parti des expériences de la vie qui facilitent le développement de leur sens de l’objectif à atteindre.
Il est tout aussi important pour les parents de valoriser l’enseignement de ces compétences socio-émotionnelles de base à leurs enfants que de les encourager à devenir des nageurs experts ou des mathématiciens doués.
Lorsque le soutien des parents et les relations familiales solides permettent de renforcer la capacité d’adaptation et la capacité à contrôler les émotions, ce sont aussi des occasions pour les enfants de pouvoir accepter les difficultés et de rester engagés dans la réussite. Les pratiques parentales de soutien contribuent au développement émotionnel et psychologique sain à long terme des enfants.
Les parents peuvent aider leurs enfants à développer ces aptitudes socio-affectives clés de diverses manières.
1. Dans un premier temps, les parents doivent évaluer si leurs propres besoins émotionnels et psychologiques sont satisfaits et faire de leur mieux pour trouver, défendre ou créer des structures ou des aides pour y répondre. En retour, ils peuvent acquérir la capacité de modeler ces comportements adaptés.
2. Les parents peuvent en apprendre davantage sur les compétences d’adaptation de base pour faire face à la situation, comme le contrôle des émotions. Il s’agit notamment de la capacité à prêter attention à nos émotions et à les accepter (et non à les juger), à les étiqueter et à les différencier. Cela signifie également comprendre les différents niveaux d’intensité émotionnelle, apprendre à tolérer et à être ouvert à l’expérience d’émotions pénibles, et contrôler nos émotions en changeant notre façon de penser à la situation en question. La prise de conscience et la résolution de problèmes peuvent également être facilement enseignées par le biais d’activités et de leçons interactives de lecture.
3. Quelle que soit la structure familiale, les parents peuvent améliorer les relations et les liens familiaux. Ils peuvent le faire en consacrant du temps aux membres de la famille pour qu’ils se rassemblent et se lient les uns aux autres par des activités comme les repas, les jeux ou les soirées de cinéma et les activités en plein air ou sportives.
4. Les parents peuvent travailler à identifier des valeurs familiales communes par le biais d’activités telles que l’élaboration d’un blason de valeurs. L’identification des valeurs mutuelles peut être utile lorsque l’on cherche à répartir le temps passé ensemble en fonction des points communs et des intérêts partagés identifiés.
L’adversité crée des occasions accidentelles de développer des compétences pour supporter les difficultés actuelles ou futures. C’est l’essence même de la résilience : accepter qu’une porte se ferme derrière nous et être optimiste quant à ce qui nous attend. En étant mieux ancrés émotionnellement et mentalement en tant que parents, les parents peuvent diriger ensemble des familles plus fortes. Restons forts ensemble !
est professeure adjointe au département de psychologie de l’éducation et du conseil, membre associé au département de psychiatrie et directrice du groupe de recherche sur l’anxiété infantile et le contrôle des émotions à l’université McGill, au Canada. Cet article a été publié pour la première fois dans la revue The Conversation.
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