Un rapport détaillé élaboré par deux agences fédérales et l’industrie de la pêche commerciale met en garde contre les impacts potentiels des projets d’énergie éolienne en mer (Offshore Wind Power, OSW) sur l’environnement marin et les pêches.
Le rapport totalisant de près de 400 pages, intitulé Fisheries, and Offshore Wind Interactions Report (Rapport sur les interactions entre la pêche et l’énergie éolienne en mer), a été réalisé par la National Ocean and Atmospheric Administration (NOAA), le Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) et la Responsible Offshore Development Alliance, une coalition de groupes du secteur de la pêche. Ces derniers constatent que les projets d’énergie éolienne en mer sont plus avancés que ne le sont les connaissances scientifiques.
« Plusieurs études sont encore nécessaires pour comprendre l’impact de l’éolien en mer sur notre environnement et nos pêcheries, mais le temps est compté », indique le rapport.
Un moratoire sur le développement du projet jusqu’à ce que les données scientifiques soient disponibles a été demandé par Jeff van Drew, membre républicain du Congrès du New Jersey.
« Les projets sont approuvés avant que nous ayons une idée claire de leurs impacts sur l’écosystème marin, les industries de la pêche et du tourisme et la sécurité de la navigation. Or, la NOAA, le BOEM et les gouvernements des États semblent accélérer leur approbation », a déclaré M. Van Drew à Epoch Times.
Le rapport laisse entendre que [cette étude] aurait déjà dû être réalisée.
« Un plan scientifique régional efficace et en temps opportun pour le développement de l’éolien en mer aurait pu permettre de mieux comprendre les interactions environnementales résultant des premiers projets d’éolienne en mer à grande échelle, en particulier les impacts cumulatifs.
Ces préoccupations rejoignent celles des opposants à l’éolien en mer, dont certains accusent la phase préliminaire du projet d’avoir tué plus de 30 baleines et une douzaine de dauphins le long de la côte médio-atlantique depuis décembre.
La NOAA et le BOEM ont tous deux nié l’existence d’un lien entre cette première phase du parc éolien en mer et la mort des baleines. Leur rapport pourrait politiser davantage la controverse en cours.
Une échelle stupéfiante
L’ampleur de la construction de parcs éoliens dans le nord-est des États-Unis constitue une préoccupation majeure, selon le rapport.
« Il n’y a pas de limite supérieure à la zone qui pourrait être louée pour le développement; il n’y a pas de distance minimale entre les projets de sorte que de grandes zones contiguës sont prévues pour être développées ; la taille des turbines augmente continuellement ; et l’espace potentiel accordé aux turbines et aux câbles est presque illimité. »
« Cela signifie que l’on ne connaît pas l’étendu de l’habitat qui sera finalement transformée d’une forme à l’autre. »
M. Van Drew partage cet avis.
« Plus de 3000 de ces turbines couvrant plus de 2 millions d’acres [8 millions d’hectares] sont prévues pour l’Atlantique seulement », explique-t-il. « Elles mesureront plus de 1000 pieds [300 mètres] de haut. Comment pourront-elles survivre à un ouragan ? »
« L’échelle est tout simplement colossale », a-t-il ajouté.
Le rapport indique que le bruit, les vibrations, les champs électromagnétiques et le transfert de chaleur associés aux parcs éoliens en mer pourraient altérer l’environnement marin.
Les sons émis par le battage des pieux lors de la construction pourraient être « graves, entraînant la mortalité ou des lésions des tissus auditifs ».
Les niveaux de bruit provenant du fonctionnement des turbines une fois construites « ne sont pas associés à des blessures physiques directes, [mais] leur exposition à long terme peut avoir des effets négatifs sur la communication [entre les mammifères marins], leur recherche de nourriture et leur capacité à détecter les prédateurs », ajoute le rapport.
« Il est important de noter que tous les décès de baleines et de dauphins survenus depuis décembre coïncident avec le début des travaux sur les fonds marins », a déclaré M. Van Drew.
Impacts sur l’écosystème
Le rapport explore la manière dont les changements physiques associés à l’éolien en mer affecteront l’environnement marin et la faune aquatique.
Ces changements physiques comprennent notamment « le bruit et les vibrations liés à la construction et à l’exploitation, les champs électromagnétiques (CEM) et le rayonnement thermique des câbles, ainsi que l’enchevêtrement d’engins secondaires », indique le rapport.
« Les niveaux de bruit sous-marin générés pendant le battage des pieux dépendent du matériau et de la taille du pieu, des caractéristiques du substrat, de la pénétration du pieu dans le fond marin, de l’énergie du marteau utilisée et de la profondeur de l’eau. »
« Pendant toute la durée de vie du projet, des sons continus de faible intensité peuvent être générés par les turbines au cours des opérations normales, auxquels s’ajoutent les bruits continus de niveau modéré des navires ».
Le rapport recommande de poursuivre les recherches afin de comprendre l’impact du bruit lorsque le parc sera opérationnel « [en tenant compte] des systèmes de mitigation du bruit en place, car la taille des turbines et le bruit qu’elles produisent augmentent à mesure que la technologie progresse ».
Le rapport conclut que les champs électromagnétiques (CEM) peuvent avoir un impact sur les mammifères marins.
« Les CEM sont émis par les câbles électriques sous-marins qui transfèrent l’énergie des turbines des éoliennes en mer vers les réseaux de transmission sur terre et peuvent perturber les signaux électromagnétiques naturels que les mammifères marins utilisent pour obtenir des informations importantes sur l’écologie du milieu. »
« Il n’existe actuellement aucun seuil indiquant des niveaux acceptables ou inacceptables d’émissions de CEM dans l’environnement marin. Le rayonnement thermique émis par les câbles électriques sous-marins est susceptible d’augmenter la température. »
Les modifications de l’écosystème pourraient affecter la santé des populations de mollusques et de crustacés.
« Le parc éolien en mer s’appuie sur un nouveau substrat dur, souvent dans un environnement de sédiments mous ou mixtes, qui est important pour certaines espèces de mollusques et de crustacés. À ce jour, aucune étude n’a été réalisée sur les changements dans l’abondance ou la distribution des palourdes ou des coquilles Saint-Jacques liés aux parcs éoliens en mer.
« Les éoliennes en mer pourraient affecter les eaux froides, qui sont une zone riche en nutriments de l’Atlantique Nord, essentielles à la survie d’espèces telles que les coquilles Saint-Jacques et les mactres », a ajouté M. Van Drew.
Une question de temps
L’étude, qui a duré deux ans et demi, a été publiée le 29 mars, le jour même où le ministère américain de l’Énergie a présenté sa nouvelle stratégie visant à étendre considérablement l’utilisation de l’énergie éolienne en mer pour lutter contre les changements climatiques.
L’énergie éolienne en mer est un volet clé du programme climatique de l’administration Biden.
L’administration souhaite produire 30 gigawatts d’énergie éolienne en mer à fond fixe d’ici à 2030, soit suffisamment pour alimenter plus de 10 millions de foyers, et 15 gigawatts supplémentaires d’énergie éolienne flottante d’ici à 2035, soit suffisamment pour alimenter 5 millions de foyers.
Elle a déjà annoncé son intention de louer des millions d’hectares d’eaux fédérales à des promoteurs éoliens d’ici à 2025. Des projets de parcs éoliens à grande échelle sont prévus sur la quasi-totalité du littoral des États-Unis, notamment sur la côte atlantique, dans le golfe du Mexique et dans les eaux du Pacifique, au large de la Californie et de l’Oregon.
Deux projets sont actuellement en compétition pour devenir le premier projet commercial d’éoliennes en mer aux États-Unis : le projet Vineyard Winds, au large de Martha’s Vineyard, et South Fork Wind, au large de New York.
Toutefois, une série d’actions en justice menace actuellement les deux projets.
Des propriétaires terriens et des groupes de pêcheurs contestent le permis environnemental fédéral délivré pour le projet Vineyard Wind, qui compte 62 turbines.
Les plaignants affirment que le BOEM n’a pas suffisamment évalué les impacts potentiels du projet sur les pêcheurs locaux et sur la baleine franche d’Amérique du Nord, une espèce en danger d’extinction, entre autres.
Les conclusions du rapport pourraient s’avérer favorables à leur cause.
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