Pour la plupart des étudiants, commencer leur première année universitaire est une expérience nouvelle et excitante mais, pour certains, la pression est tellement importante que cela peut leur amener de sérieux troubles alimentaires, préviennent les experts.
Selon Sally Willis-Stewart, qui dirige le Centre d’éducation en nutrition au sein de l’Université de la Colombie-Britannique Okanagan (UBCO), gérer le stress de la vie sur le campus déclenche souvent des troubles alimentaires, en particulier chez les nouveaux étudiants.
« Lorsque de jeunes étudiants sont en train de s’adapter à l’environnement universitaire, cela implique énormément de stress et de performance », explique Mme Willis-Stewart. « Malheureusement, une des manières que les étudiants utilisent pour essayer de compenser se manifeste en troubles alimentaires parallèlement à de nombreux autres troubles mentaux. »
Un jeune Canadien sur cinq, âgé de 16 à 25 ans, sera aux prises avec un trouble alimentaire comme l’anorexie, la boulimie ou encore des frénésies alimentaires à un moment donné. De ce chiffre, quatre sur cinq sont de jeunes femmes.
Mme Willis-Stewart, professeure au département du développement sanitaire et social à l’UBCO, a fait des recherches poussées sur la maladie. Elle admet que les données exactes sur les étudiants sont difficiles à dénicher parce que ceux qui souffrent de troubles alimentaires sont souvent mal vus dans la société.
À cause de cette honte, le nombre de ceux qui en souffrent pourrait être encore plus élevé, a-t-elle déclaré.
« Cependant, peu importe les chiffres, même s’ils étaient très bas, ces gens ont besoin d’aide. C’est triste. Peu importe ce que nous faisons, si cela peut sauver ne serait-ce qu’un ou deux étudiants, alors cela vaut vraiment la peine de le faire. »
Mme Willis-Stewart a trouvé un moyen d’aider les étudiants avant que leur trouble alimentaire ne devienne un problème de santé sérieux : elle a développé un programme de prévention unique en son genre afin d’augmenter la sensibilisation et le bien-être chez les plus vulnérables.
Malheureusement, une des manières que les étudiants utilisent pour essayer de compenser se manifeste en troubles alimentaires parallèlement à de nombreux autres troubles mentaux.
– Sally Willis-Stewart
Elle a mentionné que les diagnostics et les traitements des troubles alimentaires sont souvent négligés dans le système de santé, et que son programme sur le campus avait connu un grand succès de sensibilisation. Des évènements sont aussi prévus dans son programme pour aider à créer un dialogue entre les jeunes adultes.
Ce programme ainsi que d’autres mesures ont aidé plus d’étudiants à chercher de l’aide et un suivi psychologique, alors qu’ils seraient peut-être passés inaperçus sans cela.
« L’un des évènements que nous avons organisés s’appelle Les lundis sans miroir. Il met l’accent sur l’importance de se concentrer sur qui nous sommes à l’intérieur et non sur notre apparence », a déclaré Mme Willis-Stewart.
Selon les experts des troubles alimentaires, le besoin permanent d’avoir l’air mince et attirant a été renforcé de manière exponentielle à l’époque des médias sociaux, le groupe d’âge des jeunes étudiants les rend encore plus vulnérables, à cause de la concurrence pour les « j’aime » des photos, omniprésente sur Facebook et Instagram.
« Sur les médias sociaux, les gens ont tendance à montrer seulement des photos d’eux sous l’éclairage le plus flatteur, parfois ils font même des retouches aux photos », remarque le Dr Paul Garfinkel, expert en troubles alimentaires à l’Université de Toronto.
« Alors ça peut amener des jeunes femmes à s’inquiéter de leur propre apparence et les amener à la frénésie alimentaire, la purgation et autres comportements qui sont très dangereux. »
Manque de formation chez les médecins
Le Dr Garfinkel, membre des Instituts de recherche en santé du Canada, reconnaît qu’une détection précoce d’un trouble alimentaire est un facteur clé – qu’elle soit faite par la famille, l’école, les pairs ou les professionnels de la santé.
Il a remarqué que les troubles alimentaires ne retiennent pas souvent l’attention parce qu’ils ne sont pas pris au sérieux en tant que véritable problème de santé mentale. Le Dr Blake Woodside, psychiatre à Toronto, est d’accord avec son point de vue.
« Ce sont des gens qui sont discriminés à tous les coins de rue », témoigne le Dr Woodside.
« On leur dit qu’ils n’ont pas de véritable maladie. On leur dit qu’elles sont des filles bêtes et inutiles qui se préoccupent de leur apparence et que si elles se forçaient un peu à manger, tout irait bien dans leur vie. »
Selon le Dr Woodside, une partie du problème de diagnostics et de traitement des troubles alimentaires est le manque de formation dans ce domaine parmi les professionnels de la santé.
Aujourd’hui, parmi les 4800 psychiatres diplômés pratiquant au Canada, à peine un peu plus d’une dizaine se spécialisent dans les troubles alimentaires, selon la recherche présentée en 2014 par une commission parlementaire permanente sur le statut de la femme.
Le Dr Woodside remarque que, sur quatre ans d’études médicales et deux ans de résidence en médecine familiale, les médecins ne reçoivent que cinq heures de formation sur les troubles alimentaires. Le temps moyen d’attente pour traiter les troubles alimentaires dans un hôpital est de quatre à six mois, et ce, lorsque l’on parle d’un poids de 65 à 70 livres.
« S’il s’agissait d’une maladie qui affectait les hommes d’âge moyen et qu’on leur disait que cela prenait de quatre à six mois pour recevoir un traitement, pour une maladie ayant 20 % de taux de mortalité, il y aurait des émeutes dans toutes les villes de ce pays », déclare le Dr Woodside.
« L’anorexie mentale est l’une des maladies psychiatriques les plus mortelles, avec un taux de mortalité d’environ 20 %. Ce ne sont pas des jeunes femmes malades ou malheureuses – c’est la mort, il s’agit de jeunes personnes décédées. »
Jared Gnam est un journaliste-pigiste basé à Vancouver.
Version originale : University students prone to eating disorders, researcher says
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