Heureusement, aucun véhicule ne circulait sur le pont Francis Scott Key de Baltimore lorsqu’il s’est effondré mardi 26 mars à 1h28, après que le porte-conteneurs Dali a heurté un pylône de soutien du pont. Mais des ouvriers du BTP travaillaient sur le pont lorsqu’il s’est effondré dans la rivière Patapsco. Selon la police de l’État de Baltimore, les plongeurs ont récupéré les corps de deux des ouvriers dans une camionnette rouge retrouvée à 15 mètres de profondeur dans la rivière.
Beaucoup s’accordent à dire que cette tragédie aurait pu être bien pire si elle s’était déroulée pendant les heures de pointe, car de nombreux véhicules auraient alors été jetés dans la rivière.
Dans un cas pareil, que font les personnes à bord des véhicules lorsqu’elles entrent dans l’eau ?
Pour étudier ce scénario précis, Epoch Times s’est entretenu avec le professeur Gordon Giesbrecht sur les nombreuses expériences éprouvantes menées par son équipe.
Le professeur Giesbrecht est titulaire d’un doctorat en physiologie et travaille au département de kinésiologie et de gestion des loisirs de l’université du Manitoba, à Winnipeg, au Canada.
Son étude, qui a duré une décennie, a consisté à conduire, pousser ou descendre jusqu’à 50 véhicules dans les profondeurs de l’eau à l’aide d’une grue, avec lui et d’autres personnes à l’intérieur, chacun accompagné de deux bouteilles d’oxygène. Ils devaient ensuite trouver un moyen de s’échapper.
Les bouteilles d’oxygène leur fournissaient deux heures d’air en cas de problème. Cependant, dans le monde réel, la plupart des gens n’ont pas d’équipement de plongée dans leur véhicule, ils ont donc besoin d’un plan.
SWOC (CFSE)
Sur la base de ces expériences, le professeur Giesbrecht et son équipe ont mis au point le protocole d’évacuation qu’il s’efforce de normaliser : SWOC, qui signifie Seat Belts Off, Windows Open, Out Immediately, and Children First (CFSE: Ceinture de sécurité détachée, Fenêtres ouvertes, Sortie immédiate et priorité aux Enfants).
« Dans mon métier, l’un des défis consiste à trouver des informations pour sauver des vies », explique-t-il. « L’autre défi consiste à diffuser ces informations pour que les gens sachent ce qu’il faut faire. »
Selon lui, tout véhicule immergé dans l’eau est « un bateau avec une grosse fuite ». Lorsqu’il s’enfonce, l’eau pousse les portes et les ferme.
Les passagers ont environ une minute pour sortir avant que l’eau ne monte contre la vitre. À ce moment-là, il est impossible de l’ouvrir et il est trop tard.
La situation se dégrade rapidement
L’erreur que commettent de nombreuses personnes est de saisir leur téléphone, comme l’a fait Angela Chao, une milliardaire de 50 ans, en février, lorsqu’elle a fait reculer sa Tesla Model X dans un étang de son ranch de Johnson City, au Texas, à une soixantaine de kilomètres d’Austin.
Angela Chao était PDG de la société de transport maritime Foremost Group. Sa sœur Elaine Chao a occupé le poste de Secrétaire d’État au travail des États-Unis sous la présidence de Donald Trump et est mariée au sénateur américain Mitch McConnell.
Angela Chao avait célébré le nouvel an lunaire avec des amis.
Selon un article du Wall Street Journal, des amis et des secouristes ont tenté de la sortir de là, mais n’ont pas réussi à briser le verre feuilleté des vitres latérales, une caractéristique récente des véhicules qui a été ajoutée pour empêcher les conducteurs d’être projetés à l’extérieur en cas de collision ; cependant, cette caractéristique rend le verre presque impossible à briser, en particulier lorsqu’il est immergé dans l’eau.
Selon l’une des études du professeur Giesbrecht, environ 350 à 400 personnes meurent chaque année en Amérique du Nord à la suite d’une submersion de véhicule, « ces décès représentant jusqu’à 10% du nombre total des noyades. »
« La submersion de véhicules présente l’un des taux de mortalité les plus élevés de tous les types d’accidents impliquant un seul véhicule », écrit-il dans l’étude. « La plupart de ces incidents peuvent ne pas être fatals, car les véhicules touchent généralement l’eau en position verticale, provoquant tout au plus des blessures non invalidantes; dans ces cas, la mort résulte de l’inefficacité ou de l’absence de mesures d’autosauvetage de la part de la ou des victime(s). »
Les protocoles d’évacuation sont « soit inexistants, soit inefficaces » face à ce qui peut être une « situation qui se détériore rapidement ».
Angela Chao, comme beaucoup d’autres, ne connaissait pas le SWOC, elle a donc appelé un ami et quelqu’un d’autre a appelé le 911.
Lorsque les premiers intervenants sont arrivés, le véhicule était complètement submergé. Et quand le véhicule a finalement été sorti de l’eau et ouvert, des « centaines de litres s’en sont écoulés » et Angela Chao était décédée.
L’enquête criminelle sur l’accident s’est terminée par un examen toxicologique indiquant un taux d’alcoolémie de 2,33, selon l’Austin American-Statesman, soit trois fois la limite légale de 0,8 pour la conduite automobile dans l’État.
L’accident a soulevé l’attention sur la conception du levier de vitesse de Tesla, qui, selon Mme Chao, rendait facile la confusion entre la marche avant et la marche arrière.
« Cela donne à réfléchir »
Les dangers et les protocoles d’évacuation d’un véhicule immergé sont les mêmes, quels qu’en soit le modèle, selon le professeur Giesbrecht. « Cela donne à réfléchir »
On peut avoir tout l’argent du monde, affirme le professeur Giesbrecht, si une personne ne sait pas comment déboucler sa ceinture de sécurité et ouvrir la fenêtre, « cela ne sert à rien ».
Si quelqu’un n’a pas entendu parler du protocole, il pourrait être enclin à commettre plusieurs erreurs, comme utiliser un téléphone, essayer de garder la fenêtre fermée pour empêcher l’eau d’entrer, ou perdre du temps et des efforts en essayant d’ouvrir la porte, explique-t-il.
« Lorsque nous sommes stressés et que nous ne disposons pas des informations ou de la formation nécessaires, nous faisons des choses étranges », ajoute-t-il. « Il existe de nombreuses réactions au stress, allant d’un petit pourcentage de personnes qui font ce qu’il faut, à un grand pourcentage de personnes qui font des choses insensées, et à un autre pourcentage de personnes qui ne font rien. »
Il dit avoir vu des cas où des personnes ont été retrouvées noyées, assises dans leur véhicule avec leur ceinture de sécurité bouclée, alors que la personne n’était pas blessée et aurait pu s’échapper.
« L’essentiel est que vous ne pouvez pas sortir de votre véhicule si votre ceinture de sécurité n’est pas détachée, et c’est pourquoi vous le faites en premier », assure-t-il. »Les vitres sont la deuxième chose à faire. Lorsque le véhicule s’incline vers l’avant, les vitres arrière restent hors de l’eau plus longtemps que les vitres avant. Si vous avez un SUV, le hayon arrière sera hors de l’eau plus longtemps que tout le reste et, bien sûr, vous ne pouvez pas en sortir si vous n’avez pas enlevé votre ceinture de sécurité, donc, la ceinture de sécurité d’abord. »
Cela permet à la personne d’ouvrir les fenêtres qui ne sont pas encore sous l’eau, ajoute-t-il.
Le fait que les vitres soient feuilletées n’a pas d’importance, car une fois la ceinture de sécurité enlevée, il suffit d’appuyer sur le bouton de la vitre, qui, selon ses études, fonctionnera encore pendant au moins une minute.
Extrêmement simple
Le naufrage d’un véhicule se déroule en trois phases, a-t-il expliqué.
« La première phase, appelée flottement, comprend le temps qui s’écoule entre le moment où vous touchez l’eau et celui où l’eau remonte jusqu’au bas des vitres », explique-t-il. « C’est la seule phase au cours de laquelle il est possible de sortir du véhicule. Nous parlons ensuite d’enfoncement, lorsque l’eau monte plus haut et qu’il est impossible d’ouvrir la fenêtre en raison de la pression qui s’exerce sur elle. »
Il est « trop tard » lorsque la voiture atteint cette deuxième phase, a-t-il ajouté.
« Vous êtes mort », affirme-t-il. « Vous avez une marge de manœuvre d’une minute… dans laquelle il ne faut que quelques secondes pour déboucler votre ceinture de sécurité et ouvrir la fenêtre. Si vous ne le faites pas, vos chances de survie sont proches de zéro. »
Selon lui, deux outils suffisent : l’esprit et le doigt.
« Votre cerveau dit à votre doigt d’appuyer sur le bouton de la vitre électrique. »
« Il ne s’agit pas ici d’un conseil comme: ‘si on ne se sèche pas les cheveux en sortant de la douche, on risque d’attraper un rhume’– ce qui est d’ailleurs faux », exprime-t-il. « Si on ne tient pas compte de ce message, qui s’en soucie ? »
Cependant, le SWOC est un message qu’il serait fatal d’oublier.
« L’outil de survie n’est pas un outil mais une information, ce qui est formidable, car dès que vous le dites à quelqu’un, il est maintenant équipé pour sauver sa propre vie », conclut-il. « Il n’est pas nécessaire d’aller au magasin pour acheter quelque chose ou de suivre un cours. Il lui suffit de se rappeler d’ouvrir ses fenêtres et de sortir. »
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