« Tu m’appartiens. Le jour où tu me quittes, je te crève » : Jonathan Boillet a été condamné vendredi à 30 ans de prison, dont une peine de sûreté de 20 ans, pour le meurtre de sa compagne Sandy Cucheval, brûlée vive en 2020.
Ces peines prononcées par la cour d’Assises du Pas-de-Calais sont conformes aux réquisitions du parquet, tout comme le suivi socio-judiciaire auquel sera soumis pendant dix ans M. Boillet à l’issue de son incarcération, et une obligation de soins pour lutter contre ses addictions à l’alcool et au cannabis.
Accueilli dans le calme, le verdict ne satisfait pas entièrement la famille de la victime. « Trente ans, c’est bien, mais ça ne fera pas revivre Sandy », regrette sa mère.
? RadioRoma : Sandy, 33 ans, brûlée vive : « Tu m’appartiens, le jour où tu me quittes, je te crève »
Jonathan Boillet, 36 ans, était jugé cette semaine pour le meurtre de sa compagne Sandy Cucheval.
Le 10 novembre 2020, il avait aspergé d’essence la jeune femme de 33 ans dans… pic.twitter.com/jkoK47ebxP
— RadioRoma (@RadioRoma_) March 9, 2024
Lors de ses réquisitions devant les Assises du Pas-de-Calais, l’avocat général, Xavier Alloy, rappelle ces paroles de l’accusé, prononcées quelques jours avant la mort de sa compagne. Aspergée d’essence et brûlée vive dans la voiture où se trouvait le couple le 10 novembre 2020, elle était décédée une semaine plus tard à l’hôpital de Lille. « Il n’y a pas d’autre explication, il a donné volontairement la mort à Sandy Cucheval », estime le ministère public.
L’accusé, qui avait maintenu la thèse de l’accident jusqu’au procès ouvert mardi, a fini par reconnaître jeudi que les preuves l’accablaient, tout en assurant n’avoir aucun souvenir. « Je fais un pas de côté. Je le dis : Jonathan Boillet est coupable du meurtre de Sandy Cucheval, que les choses soient dites », dit dès le début de sa plaidoirie l’avocate de l’accusé, Anne-Céline Lemonnier.
Se disant « absolument convaincue » qu’il s’agit d’un déni traumatique, Me Lemonnier appelle la justice à « accompagner M. Boillet dans une démarche pour qu’il puisse passer outre ».
Jonathan Boillet n’a pas semblé réagir à l’énoncé du verdict. Avant que la cour ne se retire pour délibérer, il a assuré des sanglots dans la voix « je voudrais m’excuser, mais si mes excuses ne sont pas acceptables pour la famille, je comprends très bien ».
Déjà condamné à huit reprises
Déjà condamné à huit reprises par le passé, dont quatre fois pour des violences sur une précédente compagne, la mère de ses enfants, l’homme était sorti de prison le 29 juin 2020. Il faisait l’objet d’un suivi socio-judiciaire au moment des faits, une « main tendue » qu’il n’a pas saisie, souligne l’avocat général.
« Pour les féminicides et plus particulièrement pour celui-là, assez unique dans sa monstruosité, la peine doit être à la hauteur de la souffrance des victimes », espère l’avocate de la fille et de l’ex-belle-mère de Sandy Cucheval, Nathalie Tomasini.
Il avait également menacé de la brûler avec ses enfants
Auprès de Jonathan Boillet, avec qui elle était en couple depuis trois mois au moment de sa mort, Sandy Cucheval était « enfermée », pointe Me Cherifa Benmouffok, avocate de sa mère. Il avait également menacé de la brûler avec ses enfants. Au dernier jour de procès, une série de photos de la victime est diffusée, notamment en compagnie de ses enfants et toujours souriante. Puis un cliché présenté par Me Tomasini la montre le visage entièrement calciné, la peau cloquée et roussie, le crâne sans cheveux.
Sidération et sanglots envahissent les bancs de la famille. Jonathan Boillet, lui, baisse les yeux. Mais il n’infléchit pas sa position, maintenant que l’alcool consommé tout au long de la journée du 10 novembre 2020 – bières et vodka – l’a mené à un « blackout » dont il ne s’est réveillé que quand la voiture a pris feu. Certes, « c’est bien moi qui l’ai arrosée d’essence, on peut pas dire le contraire », a-t-il reconnu jeudi, acculé par des expertises accablantes. Mais il refuse d’admettre avoir allumé volontairement le feu et avoir voulu la tuer.
Cet alcoolisme et ses dépendances à diverses drogues sont liés selon lui à des viols subis alors qu’il était enfant, commis par un oncle. Des sévices qu’il « porte en bandoulière, comme un totem d’immunité », accuse Nathalie Tomasini. « Vous avez tué madame Cucheval, vous la tuez une deuxième fois en n’offrant pas aux victimes cette vérité dont elles ont tant besoin », assène Alexandre Braud, avocat de deux enfants de la victime.
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