Au lendemain de l’annonce de la fermeture de deux usines Tereos en France, le gouvernement a déploré une « décision unilatérale » et appelé le sucrier à ne laisser aucun des 149 salariés menacés « sans solution », tandis que des dizaines d’entre eux bloquaient la sucrerie d’Escaudoeuvres (Nord).
« Tereos doit assumer ses choix économiques en transparence et les expliquer, alors que des engagements ont été pris en 2020 et 2021 sur la pérennité des outils industriels », a-t-il souligné sur Twitter.
À la suite des rumeurs sur une possible fermeture de la sucrerie @Tereos d’Escaudœuvres, j’attends clarification de la part du président Gérard Clay qui déclarait en janvier 2021?https://t.co/gblnQ42Pdn
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) March 7, 2023
Cet engagement tenait sous réserve du maintien de la production betteravière à volumes « constants », a précisé une porte-parole de Tereos à l’AFP. Or le groupe constate aujourd’hui une baisse des surfaces plantées, avec un repli des volumes évalué à 10% pour la prochaine campagne.
Outre son site d’Escaudoeuvres, Tereos a annoncé l’arrêt de sa distillerie de Morains dans la Marne (26 postes), et cherche un acquéreur pour son amidonnerie de pommes de terre à Haussimont, qui emploie 65 personnes.
Le ministère de l’Agriculture a indiqué « que personne n’était au courant » de cette fermeture et a regretté une « décision unilatérale », prise « bien avant la décision de la Cour de justice de l’Union européenne » sur les néonicotinoïdes.
L’interdiction d’un insecticide en cause
À la suite d’un avis rendu le 21 janvier, la France a dû renoncer à une nouvelle dérogation pour enrober les semences avec ces insecticides, à quelques semaines du début des semis. Nocifs pour les abeilles, ils étaient autorisés jusqu’en 2023 pour prémunir les betteraves contre la jaunisse.
Conséquence de cette décision, les surfaces cultivées ont déjà « diminué d’environ 7% » en moyenne, selon la Confédération générale des planteurs de betteraves. Dans les Hauts-de-France, terre betteravière par excellence, elles ont diminué de 20% depuis 2018, ajoute-t-elle.
Les agriculteurs regrettent l’inaction de l’État
Laurent Degenne, président de la FRSEA et de la Chambre d’agriculture de la région, a regretté dans un communiqué « l’absence de sursaut de l’État ». Dans cette bourgade de 3300 habitants comme sur le reste du territoire, « le tissu agroalimentaire est le premier pilier de l’économie ».
« Il faut un soutien à la filière, des producteurs aux industriels, dans un secteur très énergivore et qui est confronté à la nécessité de sa décarbonation », a défendu auprès de l’AFP Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, qui représente 2300 coopératives dont Tereos.
Le ministre avait pourtant donné des garanties aux planteurs
De son côté, le ministre affirme avoir déjà donné des « garanties » aux planteurs, en référence à l’engagement du gouvernement d’indemniser en totalité les pertes de production en cas d’épisode de jaunisse en 2023.
Il critique le choix de fermer cette usine, inaugurée il y a près de 150 ans, dans « une zone de production de betteraves moins touchée que beaucoup d’autres par la jaunisse en 2020 ».
« Les motivations économiques de cette décision doivent être éclaircies par Tereos, qui doit l’endosser sans tenter d’en faire porter la responsabilité à l’État », a souligné Marc Fesneau sur Twitter.
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