Au lendemain d’une réunion tendue avec les syndicats, le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian a reculé vendredi sur une idée controversée de fusion des catégories A, B et C de fonctionnaires, tout en répétant sa détermination à faire des économies.
Élément structurant des carrières des 5,7 millions d’agents publics, le système de catégories classe les fonctionnaires selon leur niveau de diplôme. Sa suppression était l’une des mesures phares d’une réforme du prédécesseur de M. Kasbarian, Stanislas Guérini, qui souhaitait la présenter à l’automne, avant que la dissolution de l’Assemblée nationale ne mette un terme à ce projet.
« Ce projet-là, cette fusion des catégories A, B et C, a été mis de côté », a déclaré Guillaume Kasbarian sur RMC, après avoir annoncé cette décision la veille aux syndicats.
La catégorie C, la moins bien rémunérée, est accessible sans diplôme, avec un CAP, un BEP ou un brevet des collèges, la catégorie B avec un baccalauréat et la catégorie A avec un niveau Bac+2 ou Bac+3 selon les branches de la fonction publique. Mais de nombreux agents sont aujourd’hui trop diplômés par rapport à la catégorie dans laquelle ils exercent.
« Un contexte budgétaire très difficile »
Dans le même temps, l’ancien ministre du logement a confirmé un gel de la valeur du point d’indice, le mécanisme qui sert à calculer le salaire de base des fonctionnaires, et la suspension du versement d’une prime en faveur du pouvoir d’achat des agents publics.
« Le contexte budgétaire ne nous permet pas cette année d’augmenter le point d’indice. Il ne nous permet pas non plus d’augmenter et de verser la prime Gipa », la Garantie individuelle du pouvoir d’achat (Gipa), une somme destinée à compenser l’inflation.
Selon le projet de loi de finances de fin de gestion présenté en Conseil des ministre mercredi, le déficit public de la France va déraper à 6,1% du PIB en 2024.
Une semaine après des annonces d’économies pour la fonction publique à hauteur de 1,2 milliard d’euros qui ont mis le feu aux poudres, une réunion entre le ministre et les huit syndicats représentatifs jeudi n’avait pas permis de sortir de l’impasse.
Deux mesures cristallisent la colère : la réduction de 100% à 90% de l’indemnisation des congés maladie des fonctionnaires, et l’instauration de trois jours de carence non payés, au lieu d’un actuellement, lors de ces absences – hors pathologies lourdes.
« C’est un plan global de prévention et de réduction de ces absences que l’on peut observer dans la fonction publique. Et (…) je suis déterminé à le mener à bien », a assuré le ministre vendredi, disant vouloir « agir dans un contexte budgétaire très difficile ».
« Le nombre de jours d’absence chez les fonctionnaires, (…) c’est encore plus vrai dans la territoriale et dans l’hospitalier, ce chiffre-là est plus élevé que dans le privé », a-t-il réitéré, se défendant de « stigmatiser » les agents publics.
Les syndicats appellent à la « mobilisation »
Jeudi, plusieurs organisations syndicales avaient appelé à la « mobilisation » à l’issue de la réunion au ministère où elles étaient reçues pour la première fois collectivement par le ministre.
Face au « refus » de ce dernier d’abandonner la réforme de son prédécesseur, et de reculer sur la réduction de l’indemnisation des congés maladie et l’allongement du délai de carence, la CGT fonction publique et l’UIAFP-FO ont appelé à des grèves, éventuellement début décembre.
« Trois jours de carence, trois jours de grève », a notamment lancé Christian Grolier, secrétaire général de l’UIAFP-FO qui veut travailler avec l’intersyndicale « la plus large possible ».
Cette question devrait figurer à l’agenda d’une nouvelle réunion de l’intersyndicale prévue mardi.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.