TRADITIONS CHINOISES

Les fondations légendaires de la civilisation chinoise : le règne de Yu le Grand

août 28, 2016 11:20, Last Updated: août 28, 2016 11:20
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À travers une série d’articles, Epoch Times revient sur les fondations de la civilisation chinoise, exposant la vision du monde dans la Chine traditionnelle. Cette série suivra le déroulement de l’histoire chinoise, en montrant comment des figures clés ont aidé à la création de la culture chinoise, de ces arts et coutumes inspirés par le divin. Ce huitième épisode poursuit l’histoire du règne et de l’héritage de Yu le Grand.

Après avoir mis sous son contrôle les flots cataclysmiques qui avaient submergé la Chine pendant des décennies, Yu le Grand devint un homme d’État incontournable sous le règne de l’Empereur Shun. Travaillant avec d’autres figures illustres comme Hou Ji, ministre de l’agriculture et Gao Tao, administrateur juridique, Yu avait pour tâche de diriger la bureaucratie elle-même.

Alors que les inondations avaient été maîtrisées, il restait à savoir comment la Chine pourrait être unifiée. Les ravages du désastre étaient loin d’avoir été réparés et le chaos régnait sur le pays. Dans les régions habitées par le peuple San Miao par exemple, un régime despotique que l’empereur Yao avait vaincu s’était à nouveau érigé au pouvoir.

Yu le Grand fit une requête auprès de l’Empereur Shun pour avoir la permission de réprimer les troubles parmi le peuple San Miao. « Mes qualités morales sont limitées », dit Shun. « Mais la force des armes n’est pas la voie. » Yu pris cela à cœur et passa trois ans à influencer le peuple de San Miao, usant de la vertu plutôt que de la violence.

Diagramme tiré de documents impériaux de la Dynastie Qing, montrant les « cinq degrés de subordination » créés par l’empereur Yu. (Domaine Public)

L’abdication de Shun

Un jour de la quatorzième année de son règne, alors que l’Empereur Shun s’adonnait à l’art de la poésie et récitait le Canon des Poèmes avec un groupe de sa cour, un violent orage éclata. Les vents puissants menaçaient les constructions en bois et certains des musiciens furent écrasés sous les décombres. Bien que ses serviteurs tombaient en proie à la panique, Shun, alors âgé de 80 ans, poursuivait sa composition.

« En effet, je ne puis prétendre de ce royaume que sa régence revient à moi seul, » dit l’empereur en prière, alors qu’il se levait et réarrangeait ses habits et son chapeau. « Les cieux augustes me font signe qu’il est de mon devoir de suivre les pas de l’Empereur Yao et d’abdiquer pour laisser la place à un homme d’intelligence et d’intégrité. »

Regardant ses courtisans et ses ministres, Shun ne vit personne de plus grand que Yu dans sa maîtrise des morales et des vertus. « Ainsi je recommande Yu aux cieux augustes et prie pour sa succession. Puisse-t-il n’être celui sur qui repose cette responsabilité, que la pluie s’intensifie et que le tonnerre gronde plus violemment pour que je sois averti de ma folie. Mais s’il est celui-ci, qu’il plaise aux cieux de faire cesser la tempête. »

Aussitôt que ces mots furent prononcés, la pluie et le tonnerre laissèrent la place au soleil.

L’année suivante, on vit un dragon azur, ce qui contenta grandement l’Empereur Shun et ses subordonnés. Tous s’inclinèrent et louèrent leur souverain, interprétant l’augure pour signe de son immense vertu.

Mais Shun, ressentant que les cieux souhaitaient qu’il en soit autrement, entonna un chant différent. Dans ce chant, il annonçait ses intentions d’abdiquer en faveur d’un souverain sage et de quitter le gouvernement.

Bien sûr, plus de présages apparurent. Dans la quarante-deuxième année du règne de Shun, l’herbe et les bois ne jaunirent pas même au commencement de l’automne. Cela, remarqua Yu, était dû au signe que l’énergie du Bois était en plénitude. (Le Bois est l’un des 5 éléments de la conception chinoise traditionnelle, il est lié au printemps, à la vigueur et au renouveau.)

Entendant cela, Shun rit et répondit que les vertus de Yu étaient comparables à l’élément du Bois, qui absorbe l’eau et que symbolise la couleur verte ou azur.

Cela pris en considération avec l’apparition du dragon d’azur, Shun proclama que le feuillage luxuriant de la végétation était un augure des cieux, indiquant qu’il étant tant pour Yu d’endosser la responsabilité du règne impérial.

Ainsi l’Empereur Shun abdiqua lors d’un rituel solennel et prit soin de s’assurer que la cérémonie se conformât dans les moindres détails à celle que l’Empereur Yao avait tenue des décennies auparavant.

La première dynastie

Un récipient à trépied chinois de la fin la dynastie Shang (-1600; -1046), Musée de Shanghai. (Mountain/CC BY-SA 3.0)

On attribue à l’Empereur Yu la fondation de la dynastie Xia – la première civilisation chinoise. Au départ, Yu voulait poursuivre la tradition d’abdiquer en faveur d’un homme sage qui serait nominé, comme l’avaient fait les empereurs Shun et Yao. Mais à la demande générale de ses ministres, c’est son fils, Qi, qui hérita du trône.

En montant sur le trône, Yu le Grand offrit d’abord un sacrifice aux cieux, à la terre et aux dieux. Il pria ensuite les cieux qu’il lui soit donnée la sagesse pour diriger le pays.

Au cours de ses recherches, Yu étudia l’inscription du Luo et s’en servi de base aux théories de gouvernance Hongfan Jiuchou, celles-ci contiennent les neufs devoirs de l’empereur.

Selon les histoires classiques chinoises, le gouvernement de l’Empereur Yu établit les fondations du féodalisme chinois, un système dans lequel les ducs et les princes payaient un tribut à un souverain commun pour octroyer leur loyauté. Lors d’un grand rassemblement des nobles sur le Mont Tu, Yu fit fondre tout le bronze reçu en tribut des neufs états féodaux et le moula en neufs récipients ancestraux, aux inscriptions et images élaborées.

Les neufs récipients représentaient chacun des états féodaux et donnaient corps au mandat des cieux – c’est à dire le droit des Xia de ne gouverner que suivant la volonté du divin.

Quand la dynastie Xia arriva à sa fin, la dynastie Shang hérita des récipients, qui ont continué de passer de mains en mains jusqu’à il y a environ 3 000 ans, quand la dynastie Shang fut vaincue par la dynastie Zhou.

La loi du cœur

Yu apporta également une contribution majeure à la spiritualité chinoise. Le nouvel empereur est réputé pour avoir laissé un commandement de seize paroles sur la moralité humaine et l’ascèse, mais surtout le concept fondamental de l’enseignement du xinfa, « La loi du cœur ».

Dans la tradition chinoise, le but de la vie humaine était compris non comme étant de satisfaire les désirs matériels, mais plutôt de rechercher et s’aligner avec le Tao ou la Voie. La volonté de suivre le Tao, enseigna Yu, était l’essence véritable de l’humanité – c’est à dire, n’être qu’un avec les cieux, la terre et la nature, sur le chemin pour devenir un être supérieur et même, un être divin.

En même temps, de telles aspirations si élevées sont vulnérables faces aux plaisirs sensuels des hommes, qui, s’ils sont laissés libres, mènent à la faiblesse et à la dépravation, dit Yu.

De la légende à l’histoire : réflexions sur l’ère de Yao, Shun et Yu

On se souvient de Yao, de Shun et de Yu le Grand comme de sages dirigeants envoyés par un mandat divin pour établir les bases de la civilisation traditionnelle chinoise. Ils ont établi une culture qui mettait l’accent sur l’harmonie morale et la coexistence du ciel, de la terre et des hommes. Avant Yu, les dirigeants de cette période ont abdiqué de leur position pour nommer des sages, lors de cérémonies élaborées pour présager du mandat céleste.

Par sa grande compassion, l’empereur Yao a promu la moralité et la vertu parmi le peuple. En avançant sur son chemin personnel vers l’éveil, il a guidé et inspiré ses sujets pour honorer leur famille et vivre ensemble en harmonie les uns avec les autres, pendant que les ministres coopéraient et réalisaient de grands accomplissements sous son règne. La myriade de clans vibrait à l’unisson et Yao reçut des cieux la Carte du fleuve Jaune et l’inscription du Luo, utilisées pour présager de l’ascension et de la chute des dynasties à venir.

L’Empereur Shun poursuivit le règne vertueux de Yao en éduquant le peuple à la moralité, administrant avec merci et dirigeant l’Empire selon les principes de la piété filiale. Il établit les lois pour le gouvernement et un code pénal pour punir et réformer les délinquants, avant d’abdiquer du trône en faveur de Yu et de compléter son ascension spirituelle. Shun a reçu l’admiration des générations suivantes et les principes éthiques qu’il a encouragés sont devenus les standards des interactions entre les hommes.

Yu le Grand maîtrisa les grandes inondations et établit les neufs États. Premier empereur de la dynastie Xia, il finalisa la création d’un royaume chinois et de sa culture d’inspiration divine. Sous son règne éclairé, le système d’ordre de Yu s’étendit jusque dans les régions reculées et les plus désolées.

Durant cette ère légendaire, le peuple révérait le ciel et cultivait ses qualités morales. Suivant les conseils de ceux qui ont atteint le Tao, il pouvait trouver son inspiration des dieux et accomplir des miracles dans des temps de tribulations inimaginables.

Version anglaise : Legendary Foundations of Chinese Civilization: The Rule of Emperor Yu the Great

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