Les choses mauvaises sont effrayantes pour beaucoup d’entre nous, sauf si nous les vivons à distance. Il peut parfois être difficile d’avoir la confiance nécessaire pour faire face au mal et l’affronter. Comment pouvons-nous vraiment identifier le mal et l’affronter avec assurance ?
Un Satan trompeur qui inspire la discorde
Dans le dernier article de cette série, nous avons suivi les deux anges Ithuriel et Zéphon dans leur recherche de l’intrus dans le jardin d’Éden. Les deux anges ont fouillé l’Éden de fond en comble jusqu’à ce qu’ils trouvent un crapaud près de l’oreille d’Ève. Ce crapaud essayait de mettre des idées impures dans l’esprit d’Ève pendant son sommeil :
« … À la découverte de celui qu’ils cherchaient.
Là ils le trouvèrent tapi comme un crapaud, tout près de l’oreille d’Ève,
essayant par son art diabolique d’atteindre
les organes de son imagination et de forger avec eux
des illusions à son gré, de fantômes et songes ;
ou bien en soufflant son venin, il tâchait d’infecter
les esprits vitaux qui s’élèvent du pur sang,
comme de douces haleines s’élèvent d’une rivière pure :
de là du moins pourraient naître ces pensées déréglées et mécontentes,
ces vaines espérances, ces projets vains, ces désirs désordonnés,
enflés d’opinions hautaines qui engendrent l’orgueil. »
(Livre IV, lignes 91-)
Le passage de Milton a certains sous-entendus, car il est intéressant que Satan essaie d’abord de tenter Ève pendant qu’elle dort. Lorsque nous dormons, nous ne sommes pas nécessairement diligents ou même conscients des choses qui pourraient nous offenser ; nous sommes moins capables de nous protéger contre le mal lorsque nous ne sommes pas conscients. Ne sommes-nous pas plus susceptibles d’être tentés lorsque nous baissons notre garde ?
Et qu’utilise Satan pour tenter Ève dans cet état ? Il cherche à inspirer en elle le désordre émotionnel, l’orgueil et les désirs bestiaux qui la séparent de Dieu. Le mot « inspirer » est un choix de mot intéressant, car lorsque nous nous sentons inspirés, nous sentons de l’intérieur que nos intentions sont les nôtres. Satan, dans sa ruse manipulatrice, inspire la création de Dieu à s’en éloigner et à se diriger vers le mal.
La puissance de la justice révèle la vérité du mal
Voyant le crapaud et reconnaissant ses intentions manipulatrices, l’ange Ithuriel touche légèrement le crapaud avec sa lance, et son contact transforme Satan en sa véritable forme :
« Ithuriel le touche légèrement de sa lance,
car aucune imposture ne peut endurer
le contact d’une trempe céleste, et elle retourne
de force à sa forme naturelle (…)
le grain noir dispersé par une soudaine explosion, embrase l’air :
de même éclata dans sa propre forme, l’ennemi.
Les deux beaux anges reculèrent d’un pas à demi étonnés
de voir si subitement le terrible monarque. »
(Livre IV, lignes 91-)
Ce qui est du Ciel, c’est-à-dire ce qui est juste par nature, expose le mal avec peu d’effort. Il suffit qu’Ithuriel, un ange représentant la justice, touche légèrement le mal pour que celui-ci révèle sa véritable nature.
Cela révèle quelque chose sur notre propre nature divine : si notre âme pure est de nature divine, nous sommes nous aussi, au plus profond de nous-mêmes, des représentants de la justice. Il nous suffit d’effleurer le mal, c’est-à-dire de le montrer du doigt, pour que sa véritable nature soit révélée, car la méchanceté n’est pas de taille à affronter le juste.
Comment le mal déforme
Confrontés à l’apparition de Satan, les anges demandent qui il est, et cette demande met Satan en colère. Satan suggère que les deux anges devraient connaître le roi des anges rebelles qui ont mené un assaut contre Dieu. Les anges, cependant, informent Satan que son acceptation du mal a servi à changer non seulement sa nature, comme nous l’avons vu précédemment dans cette série, mais aussi son apparence. Le mal qui remplit Satan l’a rendu complètement laid :
« Ne crois pas, esprit révolté, que ta forme restée la même,
ou que ta splendeur non diminuée, doivent être connues,
comme lorsque tu te tenais dans le ciel droit et pur.
Cette gloire, quand tu cessas d’être bon, se sépara de toi.
Tu ressembles à présent à ton péché,
et à la demeure obscure et souillée de ta condamnation (…)
Le Démon resta confus ;
il sentait combien la droiture est imposante,
et il voyait combien dans sa forme, la vertu est aimable ;
il le voyait, et gémissait de l’avoir perdue (…) »
(Livre IV, lignes 92-)
En acceptant le mal comme sa vérité, Satan est complètement transformé de l’ange qu’il était auparavant. En allant à l’encontre de la loi de Dieu, il devient l’opposé des caractéristiques du paradis : il est laid, difforme, orgueilleux et en colère. Bien qu’il soit laid à l’intérieur et à l’extérieur, quelque chose en lui souhaite toujours le paradis. Cela suggère également que, même s’il est l’incarnation du mal, il ne peut pas se séparer complètement des vérités que représentent la beauté et la vertu des choses célestes.
Le ciel pèse le bien et le mal
L’archange Gabriel arrive et demande à Satan pourquoi il a quitté l’enfer pour venir violer les êtres humains pendant leur sommeil. Satan répond que l’enfer est trop douloureux pour lui, il est donc venu sur Terre pour trouver la paix. Il n’est pas venu pour faire du mal aux humains.
Gabriel suggère que Satan a lui aussi perdu sa sagesse divine puisqu’il ne se rend pas compte que la colère qu’il éprouve contre Dieu est la véritable source de sa douleur. Mais Gabriel demande alors, si l’enfer est si mauvais, pourquoi es-tu le seul à le quitter.
Satan répond que Gabriel sait qu’il n’a pas fui le premier, car Gabriel l’a vu mener la charge contre le Ciel. Au lieu de cela, il dit qu’il a cherché à trouver un meilleur endroit pour ses disciples, et que cet acte lui apportera la gloire et les louanges dont il a été privé au paradis.
Gabriel le traite de menteur, et dit que son histoire ne cesse de changer. D’abord, il dit qu’il quitte l’enfer à cause de sa propre douleur, mais ensuite il dit qu’il quitte l’enfer pour trouver un meilleur endroit pour ses disciples. À un moment donné, il a chanté les plus grandes louanges de Dieu pour ensuite devenir celui qui mène une rébellion contre Dieu : il ignore qui il est ou de ce qu’il représente. Il exige que Satan retourne en Enfer ou il l’y traînera.
Satan n’est pas du tout content de cette déclaration et menace Gabriel en retour. Un combat est sur le point d’éclater, mais Dieu révèle des balances en or qui pèsent la force de Satan contre la force du Ciel, et la force du Ciel l’emporte largement sur celle de Satan.
Gabriel dit à Satan de regarder les balances de Dieu :
« Satan, je connais ta force et tu connais la mienne ;
ni l’une ni l’autre ne nous est propre, mais elles nous ont été données.
Quelle folie donc de vanter ce que les armes peuvent faire,
puisque ni ta force, ni la mienne ne sont que ce que permet le ciel,
quoique la mienne soit à présent doublée,
afin que je te foule aux pieds comme la fange !
Pour preuve, regarde en haut ;
lis ton destin dans ce signe céleste où tu es pesé,
et vois combien tu es léger, combien faible si tu résistes.
L’ennemi leva les yeux, et reconnut que son bassin était monté en haut.
C’en est fait ; il fuit en murmurant,
et avec lui fuient les ombres de la nuit. »
(Livre IV, lignes 97-)
Satan lève les yeux et se rend compte que, malgré le fait qu’il suit les voies de l’enfer, sa force est toujours déterminée par les voies du ciel, et il cède.
Doré oppose le bien et le mal
Gustave Doré dépeint le moment où Satan quitte le groupe d’anges. Le contraste de son corps par rapport à l’arrière-plan et la taille de son corps en font le point central de la composition : l’illustrateur veut que nous le voyions reculer.
Doré établit également un contraste clair entre la nature de Satan et celle du Paradis. Les anges et le Paradis sont représentés avec une grande lumière. Les anges sont même représentés comme s’ils étaient éclairés par la lumière du ciel, mais Satan n’est pas du tout éclairé. Au contraire, il est enveloppé d’ombre.
Il est également intéressant de noter que Satan est amené à descendre du sommet de la colline. C’est un autre moment où Satan doit descendre, le premier étant celui où il a été chassé du Paradis pour s’être rebellé contre Dieu. C’est presque comme si les lois célestes imposaient un certain degré d’équilibre : plus il veut être au sommet, plus il est obligé de descendre.
Si nous sommes vraiment divins à l’intérieur, c’est-à-dire si la loi divine fait partie de notre être, alors est-il vrai que nous pouvons nous aussi faire en sorte que le mal révèle sa vraie nature en le montrant du doigt ? Pouvons-nous montrer la beauté et la force céleste en les opposant simplement à la laideur du mal ? Y a-t-il quelque chose dans notre nature qui veut s’aligner sur les lois divines, quel que soit notre état d’esprit ?
Gustave Doré était un illustrateur prolifique au XIXe siècle. Il a illustré certains des plus grands classiques de la littérature occidentale, notamment La Bible, Paradis perdu et La Divine comédie. Dans cette série, nous allons nous plonger dans les pensées qui ont inspiré G. Doré et les images que ces pensées ont suscitées.
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