Désignée samedi première femme candidate de la droite française à la présidentielle de 2022, Valérie Pécresse, issue de l’aile sociale et libérale et présidente de la région parisienne, a méthodiquement gravi les échelons à droite et déjoué l’image lisse qui lui a longtemps été accolée.
« Il y a un malentendu avec moi, c’est ma blondeur. Je suis une femme forte », assurait-elle jeudi à l’issue du premier tour de la primaire des Républicains (LR), premier parti de la droite française.
« Je ne lâche rien, je suis une femme qui gagne et qui fait », répète la présidente de la région Ile-de-France (qui englobe Paris), en martelant son message d' »ordre » et de « détermination ».
Samedi, elle a été désignée candidate LR à la présidentielle de 2022, l’emportant largement au second tour face au député Eric Ciotti, tenant d’une ligne très droitière. Elle devient ainsi la première femme à porter les couleurs de la droite à une élection présidentielle en France.
A 54 ans, l’ancienne ministre du Budget sous Nicolas Sarkozy (2007-2012) porte une ligne libérale sur l’économie qui parle à sa famille politique.
Récupérer les voix de la droite chez Emmanuel Macron
Déjouant d’avance les critiques en radicalité, cette « dame de faire » autoproclamée l’assure: « Je suis au barycentre » de la droite dont « j’ai la capacité à rassembler toutes les sensibilités » – y compris les électeurs partis chez Emmanuel Macron.
« Je sais ce qu’est une campagne et recevoir des coups, mais je sais aussi en donner », assure celle qui accuse le président français d’avoir « cramé la caisse ». Elle a promis à Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national (RN, extrême droite) à la présidentielle qui ironisait sur le « quatre quarts » LR après le premier tour de la primaire: « Elle aime le quatre-quarts, elle va en bouffer beaucoup ».
.@vpecresse : « La France est une exigence. Nous allons rendre à notre pays son unité, sa dignité et sa fierté. Vive la République et vive la France. » pic.twitter.com/kyiYAY4Yml
— les Républicains (@lesRepublicains) December 4, 2021
Valérie Pécresse a sillonné dans sa campagne un pays où elle a « de la famille dans presque toutes les régions », expliquant ici son projet de six réacteurs EPR, défendant là sa fermeté sur l’immigration, avec un fil rouge: « Restaurer la fierté française ».
« Elle joue sa vie » dans cette course à l’investiture, assurait il y a quelques mois un élu LR, alors qu’elle n’était pas la favorite des pronostics.
Cette chantre des valeurs républicaines, également ancienne ministre française de l’Enseignement supérieur, compte aussi se distinguer par son programme sur l’éducation.
Mme Pécresse, qui avait quitté LR en 2019, avait fait l’objet de spéculations à l’été 2020, certains la voyant déjà au poste de Première ministre à Matignon. Elle avait pris ses distances avec LR dès 2017 en créant le mouvement Libres! en opposition au président du parti Laurent Wauquiez, jugé trop conservateur.
Polyglotte et bosseuse
Décrite comme « bosseuse », « méthodique » et « structurée », Valérie Pécresse, née le 14 juillet 1967 à Neuilly-sur-Seine (ville cossue de la région parisienne), est une habituée du tableau d’honneur: bac à 16 ans, grandes écoles… Un parcours qui lui a longtemps valu une image sage, à son grand agacement.
« Lors de ma première campagne régionale, le surnom dont mes adversaires de gauche m’avaient affublée, c’était ‘la blonde’. Ensuite, ça a été ‘serre-tête et jupe plissée’ « , racontait en 2019 l’ex-maître des requêtes au Conseil d’Etat français.
Elevée dans la très bourgeoise ville de Versailles (région parisienne), dans « une famille d’intellos un peu originale », cette férue de Dostoïevski et de Tolstoï décide à 15 ans d’apprendre le russe et part à Yalta, dans un camp des jeunesses communistes. Elle se met ensuite au japonais qu’elle perfectionne à Tokyo, en vendant caméscopes et liqueur.
« J’ai toujours jusqu’ici suivi un chemin différent des autres », assure cette passionnée de cinéma et de séries, pratiquant la boxe, et mère de trois enfants qu’elle préserve jalousement de toute exposition publique.
Déplorant le sexisme qui règne en politique où « si un homme crie, c’est un chef; une femme qui s’emporte, c’est une hystérique », elle l’affirme aujourd’hui: « Il y a une forme d’audace à présenter une femme » à la présidentielle car « c’est un peu transgressif, un tabou à briser » à droite.
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