ENTRETIEN – Francis Husson est directeur de l’Ambassade chrétienne à Paris, une ONG accompagnant les diplomates dans « leurs besoins spirituels et sociaux ». Cette année, à l’occasion des Jeux olympiques, il se tient au côté des sportifs du monde entier en tant qu’aumônier. Il revient pour Epoch Times sur cette fonction essentielle.
Epoch Times : Francis Husson. Quel rôle joue un aumônier lors des Jeux olympiques ?
Francis Husson : Les aumôniers sont dans un centre multiconfessionnel se trouvant dans le village olympique. Toutes les grandes religions sont représentées : le judaïsme, l’Islam, le christianisme et ses trois principales branches que sont le catholicisme, le protestantisme et l’orthodoxie. Il y a également une aumônerie bouddhiste et hindouiste.
Nous sommes à la disposition des athlètes, mais aussi du personnel d’encadrement comme les entraîneurs, les kinésithérapeutes, etc. pour échanger avec eux, prier s’ils le souhaitent. Il s’agit de leur apporter une assistance spirituelle.
Je tiens également à préciser qu’une permanence du CIO est disponible dans le village olympique pour les athlètes qui auraient été victimes d’abus sexuels ou d’abus de pouvoir ou qui sont très stressés au point qu’ils doivent consulter un psychologue ou un psychiatre. Si nous tombons sur ces cas, nous conseillerons aux athlètes de se rendre à cette permanence. Et s’ils le souhaitent, nous les accompagnerons. Pour ma part, je trouve que c’est un progrès important parce que ces abus sont malheureusement des réalités.
Comment l’événement va concrètement se dérouler pour vous ? Quel sera votre emploi du temps ? À quelles structures de la compétition aurez-vous accès ?
Le centre multiconfessionnel est ouvert de 7 h du matin à 23 h. On a une équipe du matin et de l’après-midi.
Nous sommes à peu près 25 aumôniers protestants à se répartir dans les différentes permanences entre les Jeux olympiques et paralympiques.
Pour ces Jeux de Paris, nous sommes cantonnés au village olympique, ce qui n’était pas le cas lors des précédentes compétitions. Par exemple, à Séoul en 1988, on avait un accès au stade dans la zone réservée aux entraîneurs et aux athlètes.
Vous êtes un aumônier protestant. Pouvez-vous être amené à rencontrer des athlètes d’une autre confession ?
Si nous rencontrons quelqu’un d’une autre confession, il va plutôt être dirigé vers la personne qui correspond à sa foi. Cela étant, si la personne représentant cette confession n’est pas là pour une raison ou pour une autre, nous prendrons bien entendu le relais et nous répondrons aux besoins de l’athlète. Il n’y a pas de soucis à ce niveau-là. Il y a une très bonne entente entre toutes les religions ici.
Ce n’est pas la première fois que vous participez en tant que qu’aumônier aux Jeux olympiques. Avez-vous ressenti au fil de vos expériences une évolution dans le besoin de spiritualité des sportifs ?
On en parle plus ouvertement aujourd’hui qu’il y a 35 ans. Pendant les Jeux de Séoul, il y avait des athlètes très connus qui affichaient leur foi. Je pense notamment à Carl Lewis qui se déclarait ouvertement chrétien pratiquant, mais ce n’était pas très répandu. Je pense qu’il y a eu une évolution ces quinze dernières années. Aux Jeux de Londres, plusieurs milliers d’athlètes sont venus voir les aumôniers.
Il y a quelques jours à Paris, les joueurs de l’équipe de foot du Maroc ont fait leur prière avant le match. C’est un phénomène récent. Aujourd’hui, beaucoup plus d’athlètes font référence à leur foi. Il y a donc un vrai changement.
Pour le CIO, on est des partenaires importants parce que les athlètes sont stressés et souvent le fait de venir à l’aumônerie, c’est une soupape. Et aussi, on peut apporter à ceux qui sont croyants un conseil spirituel pour les encourager et les aider à gérer leur stress.
Quel message souhaitez-vous faire passer à travers votre présence aux Jeux olympiques ?
Nous n’avons pas réellement de message à transmettre. Nous disons simplement que la foi est quelque chose d’important pour les athlètes croyants. C’est très bien qu’ils puissent rencontrer des ecclésiastiques de leur confession en toute liberté.
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