Dans un rapport publié en juin 2021, le Centre canadien de protection de l’enfance révèle que «près de la moitié des images détectées (48 %) sont liées à un service d’hébergement de fichiers exploité par Free». Selon cet organisme officiel, Free a une « responsabilité légale et morale » de s’assurer que ses services ne sont pas utilisés pour la pédopornographie.
Dans son rapport « Project Arachnid: l’accessibilité des images d’abus pédosexuels sur internet », publié le 9 juin 2021, le Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE) a indiqué avoir analysé 5,4 millions d’images d’abus pédopornographiques sur internet, observées entre 2018 et 2020 parmi plus de 760 fournisseurs de services électroniques. Le fournisseur français Free hébergerait près de la moitié de cette pédopornographie mondiale, et tarde à en supprimer les fichiers.
Le Centre canadien de protection de l’enfance
Le Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE) est ce qu’on appelle une source fiable. L’organisme, créé en 1985, est reconnu par le gouvernement canadien, notamment pour avoir développé en 2002 le site cyberaide.ca, considéré comme la centrale officielle de signalement des cas d’exploitation sexuelle d’enfants sur Internet.
Le but du rapport de la CCPE est d’illustrer « comment les défaillances systémiques de l’industrie de la technologie et l’inaction des acteurs gouvernementaux entravent sérieusement la lutte contre la prolifération des pédocriminels via Internet ». Parmi les différents fournisseurs internet visés, l’association à but non lucratif a découvert après une enquête de plus de deux ans que près de la moitié du matériel pédopornographique mondial était « hébergé physiquement » et téléchargé à l’aide des services de télécommunications de Free.
De nombreux FSÉ n’utilisent pas d’outils de détection d’images d’abus pédosexuels – 48% des images pour lesquelles une demande de suppression a été envoyée avaient déjà été signalées au même FSÉ.
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— Protection Enfance (@ProtegerEnfant) June 16, 2021
Le « projet Arachnid »: une plateforme de détection des contenus pédopornographiques
En janvier 2017, le CCPE met en place le « Projet Arachnid ». Il s’agit d’une plateforme Web qui détecte les images d’abus pédosexuels et qui adresse des demandes de suppression aux fournisseurs de services électroniques qui les hébergent. La plateforme détecte les images en explorant des adresses URL publiquement accessibles qui ont été signalées à Cyberaide.ca ainsi que des contenus situés à des adresses URL du Web visible et du Web clandestin qui sont connues pour héberger des images d’abus pédosexuels.
La grande majorité (97 %) des images d’abus pédosexuels détectées par Projet Arachnid sont physiquement hébergées sur le Web visible. En revanche, le Web clandestin joue un rôle qui n’est pas mesurable. Concernant les signalements d’images pédopornographiques faits aux fournisseurs de services, près de la moitié des demandes de suppression concernaient des images qui avaient déjà été signalées au même fournisseur de services auparavant.
Selon le rapport, les données recueillies dans ce contexte montrent clairement que certains fournisseurs de services électroniques contribuent, directement ou indirectement, et de façon plus importante que d’autres à la distribution des images d’abus pédosexuels et des images préjudiciables ou violentes sur Internet.
Free héberge près de la moitié de la pédopornographie mondiale sur internet
Dans son rapport, le Centre canadien de protection de l’enfance démontre l’utilisation massive du service d’hébergement de Free pour stocker anonymement des médias pédopornographiques en ligne, puis de diffuser les liens de téléchargement direct sur des sites et forums en ligne.
Pour les trois années de la période étudiée, Projet Arachnid a détecté chez Free plus de 18.000 fichiers d’archives contenant en tout près de 1,1 million de photos et de vidéos assimilables à des images d’abus pédosexuels ou à des images préjudiciables ou violentes.
Selon le CCPE, «près de la moitié des images détectées sont liées à un service d’hébergement de fichiers exploité par Free, un opérateur de télécommunications français coté en Bourse». Le rapport désigne Free comme l’unique fournisseur d’accès Internet responsable d’« un volume très important » d’images d’abus d’enfants. « La disponibilité totale connue d’images ou de vidéos nuisibles et abusives accessibles via le service d’hébergement de Free a déclenché plus de 2,7 millions alertes, selon le rapport. »
L’association de protection de l’enfance canadienne juge sévèrement Free, estimant que l’entreprise «ne s’occupe guère de ce service depuis quelques années», puisque la page d’accueil du site d’hébergement n’avait pas changé d’apparence depuis 2008 et utilisait «l’obsolète protocole de transfert hypertexte non sécurisé (HTTP)» et que «le lien ‘Signaler un contenu illicite’ présenté en page d’accueil» renvoyait vers un message d’erreur 404.
Une « responsabilité légale et morale » apparemment pas prise en compte par Free
Selon l’ONG canadienne, Free a une « responsabilité légale et morale » de s’assurer que ses services ne sont pas utilisés à mauvais escient, alors que les données du rapport montrent que « le service de Free est massivement utilisé pour le partage d’images et de fichiers pédocriminels ».
À partir de 2018, le CCPE a commencé à communiquer directement avec des employés de Free et à leur fournir des listes de liens directs menant à des fichiers d’archive hébergés sur leurs serveurs et contenant des images d’abus pédosexuels à supprimer. Selon les données du Projet Arachnid en date du 18 mai 2021, près de 3.000 fichiers d’archive ayant fait l’objet de demandes de suppression durant les trois années de la période étudiée étaient toujours publiquement accessibles.
En septembre 2020, la Commission européenne a pourtant introduit le règlement provisoire de e-Privacy obligeant les entreprises en ligne à détecter et à supprimer activement les abus sexuels sur des enfants en ligne.
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