Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal va s’atteler mercredi à former son futur gouvernement, au lendemain de sa nomination par le président de la République, destinée à insuffler un nouvel élan à un quinquennat en panne.
Devenu à 34 ans le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la République, l’éphémère ministre de l’Éducation nationale doit désormais composer son équipe gouvernementale sous le signe du « réarmement » et de la « régénération » souhaités par Emmanuel Macron.
Les deux hommes, qui se sont de nouveau rencontrés mardi soir, ont « la volonté d’aller vite, sachant que l’exercice est par définition imprévisible », a-t-on fait savoir dans l’entourage présidentiel. En attendant, le Conseil des ministres qui devait se tenir mercredi matin a été reporté sine die.
Le nouveau locataire de Matignon a commencé par recruter son directeur de cabinet : Emmanuel Moulin, actuel directeur du Trésor et proche du ministre de l’Économie Bruno Le Maire et du secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler. Un haut fonctionnaire qui « dispose d’une parfaite connaissance du fonctionnement de l’État », a indiqué mercredi l’entourage de M. Attal.
Des exigences multiples
Après un premier déplacement, dans la foulée de sa nomination, dans le Pas-de-Calais touché par les inondations, le Premier ministre va devoir trouver un difficile équilibre au sein de la majorité pour la nomination d’une équipe ministérielle que certains voudraient plus resserrée. Mais les exigences sont multiples : essayer de respecter la parité, ne pas négliger les alliés du MoDem et Horizons, sans oublier de traiter des secteurs soucieux d’avoir un ministre pour les représenter.
Le casting devrait être bouclé d’ici « la fin de semaine », a indiqué sur LCI le président du Sénat, Gérard Larcher, qui a « eu un échange téléphonique » avec M. Attal mardi soir. Seule certitude, Gérald Darmanin « est assuré de rester à Beauvau comme il le souhaitait » après avoir « eu un échange avec le président qui lui a redit sa confiance », selon une source proche du ministre de l’Intérieur.
D’autres poids lourds de la majorité ont aussi fait passer des messages. Comme le patron du MoDem, François Bayrou, qui a confié au Parisien ses « interrogations » sur « l’expérience nécessaire » pour le choix du successeur d’Élisabeth Borne. Manière de faire « monter les enchères pour peser sur la composition du gouvernement », analyse un cadre macroniste parlementaire.
Les tractations battent donc leur plein en coulisse, et les rumeurs fusent sur ceux qui pourraient quitter le navire à l’occasion du remaniement. « On peut comprendre que Bruno Le Maire par ego n’ait pas envie d’être sous l’autorité de son ex-secrétaire d’État », a ainsi susurré un conseiller de l’exécutif.
Un cadre du camp présidentiel évoque aussi les départs possibles du porte-parole du gouvernement Olivier Véran, ou du ministre des Transports Clément Beaune tombé en disgrâce à cause de ses réticences sur la loi immigration.
Plusieurs autres ministres de l’aile gauche de la macronie ont exprimé à des degrés divers leur désaccord face au virage à droite opéré à l’occasion du vote de ce texte. La question de leur maintien au sein du gouvernement sera au cœur des discussions.
Un successeur au ministère de l’Éducation nationale
Gabriel Attal devra aussi se trouver un successeur au ministère de l’Éducation nationale qu’il n’aura occupé que cinq mois. Il a toutefois assuré mardi que la « cause de l’école » demeurerait la « mère de nos batailles ».
Si elle fait grincer quelques dents en interne, la nomination de celui qui fait partie des personnalités politiques préférées des Français semble pour l’heure bien accueillie par l’opinion. Un sondage Harris Interactive pour LCI lui accorde même une cote de confiance de 56%, au même niveau que ses prédécesseurs Édouard Philippe et Jean Castex lors de leur arrivée.
Chargé de redonner « audace » et « mouvement » à un quinquennat à la peine, le nouveau Premier ministre va pourtant faire face aux mêmes difficultés que la sortante Élisabeth Borne, entravée par l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale.
« La configuration politique n’a pas changé », a constaté sur France Inter le député RN Jean-Philippe Tanguy, sans réclamer un vote de confiance de l’Assemblée ni menacer d’une motion de censure comme une partie de la gauche. « Je ne pense pas que les Français veulent qu’on ferme la porte a priori », a-t-il expliqué.
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