ENTRETIEN – Gabriel Attal a multiplié les annonces pour tenter d’apaiser la colère du monde agricole lors d’une conférence de presse jeudi. Si la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont salué « l’écoute » du Premier ministre, Patrick Legras de la Coordination rurale, estime que le chef du gouvernement n’a répondu qu’en « petite partie » aux attentes de son syndicat.
Epoch Times – Le Premier ministre, le ministre de l’Économie et le ministre de l’Agriculture ont fait plusieurs annonces cette semaine : renforcement de la loi Egalim pour garantir des revenus décents aux agriculteurs, 150 millions d’euros en soutien fiscal et social pour les éleveurs, la mise en pause du plan Ecophyto. Le gouvernement a-t-il répondu aux attentes de la Coordination rurale (CR) ?
Patrick Legras – Gabriel Attal a répondu qu’à une petite partie à nos attentes. Si tout ce qui a été annoncé va être appliqué dans les semaines à venir, nous pourrons dire que nous sommes sur la bonne voie.
Pour le moment, il va y avoir des échanges et il faudra du temps et plus d’informations, c’est-à-dire laisser du temps au nouveau Premier ministre pour s’assurer qu’il va tenir les engagements pris de façon verbale lorsqu’il a reçu la Coordination rurale à Matignon.
Gabriel Attal a également déclaré vouloir « sortir d’une situation où notre agence sanitaire se prononce sur des produits, sans coordination avec le régulateur européen ». N’a-t-il pas pris, selon vous, la problématique de la surtransposition des normes à bras-le- corps ?
Je suis moi-même membre de l’Anses et j’ai déjà interpellé à plusieurs reprises le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Aujourd’hui, Gabriel Attal semble enfin prendre en considération nos demandes répétées sur la surtransposition, c’est-à-dire pas de suppression sans solution.
À la suite de la conférence de presse de Gabriel Attal jeudi, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs ont appelé à la levée des blocages. De son côté, la Confédération a indiqué poursuivre la mobilisation. Qu’en est-il de la CR ?
À la CR, nous avions déjà annoncé très tôt dans la matinée que nous souhaitions lever les blocages avec l’histoire de nos membres qui avaient été placés en garde à vue ; on risquait une amende de 70.000 euros. Même si nous avions un accord, avec les 91 personnes en garde à vue, nous avions atteint des sommes considérables et nous ne voulions pas que les problèmes et les sanctions s’amplifient au niveau national. Nous avons donc décidé de calmer le jeu.
Par ailleurs, je note un deux poids deux mesures entre ce qui nous a été réservé et le traitement que reçoit la FNSEA. Ils manifestaient à environ deux kilomètres de l’aéroport d’Orly et n’étaient pas encerclés par les gendarmes ; de notre côté à Sully-sur-Loire, nos membres ont été entourés par plusieurs centaines de CRS.
L’accord de libre-échange entre l’UE et la Nouvelle-Zélande a été ratifié par Bruxelles en novembre. Il devrait bientôt entrer en vigueur. Comment la CR se positionne face à ce traité et aux accords de libre échange de manière générale ?
Cet accord constitue un réel point de blocage s’il est mis en œuvre dans la durée et avec les normes qui ont été définies. Nous aimerions qu’il soit renégocié. De manière générale, nous ne sommes pas opposés aux traités de libre-échange, la CR souhaite tout simplement qu’il y ait les mêmes règles pour tout le monde, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
D’autres accords de libre-échange sont en préparation et c’est pour cela que nous appelons à une grande manifestation le 4 juin à Bruxelles avec l’ensemble des pays européens.
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