La gare Rosa Parks a été conçue par l’AREP, l’atelier d’Architecture de la SNCF. Les architectes Jean-Marie Duthilleul, François Bonnefille, Étienne Tricaud et Raphaël Ricote ont conçu cet espace moderne, pratique et accessible à tous.
Son design aérien, son grand auvent transparent et l’ouverture des espaces de la gare vers l’extérieur mettent l’éclairage naturel au cœur de la conception du projet. C’est un évènement en soi car il n’y a pas eu de nouvelle gare construite dans Paris depuis 2001, en dehors de celle de la Bibliothèque-François-Mitterrand.
Rosa Parks, symbole de la lutte contre la ségrégation raciale
C’est en décembre 2015 que la gare Rosa Parks a été mise en service, après cinq ans de travaux. Son nom rend hommage à une figure emblématique de la lutte des droits civiques et de l’égalité dans les transports. Rosa Parks était afro-américaine. Elle a refusé de donner sa place à un homme blanc dans un bus, le 1er décembre 1955. Elle luttera par la suite contre la ségrégation raciale avec Martin Luther King.
Cette gare est située entre les XVIIIe et XIXe arrondissements. Sa situation stratégique sur la ligne E du RER, entre les gares de Pantin et Magenta, permet aux habitants du nord-est parisien d’être à quelques minutes du centre de Paris. La ligne E du RER gérée par la SNCF, aussi appelée Éole, d’une longueur de 56 kilomètres, est actuellement la plus courte des lignes de RER. Cependant, le prolongement du RER E est prévu vers l’ouest parisien, en direction de Mantes-la-Jolie. La gare Rosa Parks ne sera plus alors qu’à 15 minutes du quartier d’affaires de La Défense contre 45 minutes aujourd’hui. Ainsi, avec le prolongement du RER E vers l’ouest, ce sont plus de 85 000 voyageurs par jour qui sont attendus à terme dans cette nouvelle gare.
La prolongation du RER E vers l’est et l’ouest parisien
Les rames de la ligne E du RER devraient doubler d’ici à 2022. Futur axe est-ouest structurant du Grand Paris, la ligne E du RER reliera, à terme, Chelles Gournay et Tournan, à l’est, à Mantes-la-Jolie, à l’ouest. Deux chantiers seront nécessaires pour réussir ce prolongement : la construction, d’une part, d’un tunnel de 8 km entre Haussmann Saint-Lazare, actuel terminus de la ligne, et La Défense. D’autre part, la modernisation des 47 km de ligne existante entre Nanterre et Mantes-la-Jolie sera nécessaire.
La future ligne E desservira, en 2020, trois nouvelles gares : Porte-Maillot, La Défense-CNIT et Nanterre-La Folie. Puis en 2022, sur une distance de plus de 100 km, la ligne E du RER traversera six départements : Paris, la Seine-et-Marne, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine et les Yvelines. Éole offrira un moyen de transport en commun particulièrement efficace pour les déplacements domicile-travail : ce prolongement facilitera l’accès à d’importants bassins d’emploi, qui seront, de surcroît, mieux reliés entre eux. Le nombre des usagers passera à 620 000.
200 entreprises mobilisées, plus d’un million d’heures de travail
Le chantier de la gare Rosa Parks a multiplié pendant cinq années les performances pour permettre le maintien des 1 000 trains journaliers en circulation sur ce tronçon. Au total, ce sont plus de 200 entreprises mobilisées et plus d’un million d’heures de travail qui auront permis de couler plus de 25 000 m3de béton armé et traiter plus de 150 000 m3 de déblais, soit l’équivalent de 150 piscines olympiques.
Un bilan carbone positif
Équipée de panneaux photovoltaïques et d’une toiture végétale, la gare promet un bilan carbone positif après quelques années de fonctionnement. Le projet Rosa Parks représente un investissement de 130 millions d’euros, financés par la Région Île-de-France (51,2 %), la Ville de Paris (25,7 %), l’État (22,7 %) et la SNCF Réseau (0,4 %). Le STIF, autorité organisatrice des transports en Île-de-France, est garant du respect des coûts et du planning du chantier.
Des transports et une gare de qualité
La gare est intégralement adaptée aux personnes à mobilité réduite. Elle est ouverte tous les jours de 04h50 à 01h10. Du premier au dernier train, il y a toujours un agent en gare. Au total, c’est une équipe de 16 personnes qui assure la billetterie, l’information et l’orientation des voyageurs. Un maître chien est présent 24h/24. Le temps de parcours des trains sur la ligne E du RER se trouvé rallongé de 3 à 4 minutes car le nombre de rames en circulation a été augmenté pour conserver la même qualité de service. Ainsi, aux 48 rames à deux étages qui circulent habituellement sur la ligne s’ajoutent désormais six rames du francilien.
Au total, ce sont 400 trains qui circulent par jour sur la ligne, à raison de 10 trains par heure en période creuse et 16 aux heures de pointe, l’activité y est intense. La nouvelle gare est directement reliée au tramway T3b et à terme au T8. Elle est également connectée à un réseau de bus qui a été restructuré à l’occasion de la mise en service.
Un contexte urbain unique
Le Nord-est parisien, une zone de 200 hectares entre la porte de la Chapelle et la porte de la Villette, est morcelé par les grandes infrastructures de transport : Bd périphérique, Bd des Maréchaux, faisceaux ferrés. Depuis les années 2005, il fait l’objet d’un ambitieux projet de redynamisation et de renouvellement urbain. Avant la création de la gare, les éléments les plus notables sont la ligne du tramway T3 et la réhabilitation des entrepôts Macdonald tout juste terminée.
Inscrite dans ce projet de requalification du Nord-est parisien, la gare est une approche stratégique de désenclavement du quartier. Cet espace se caractérise par une forte mixité sociale et fonctionnelle, avec plus de 220 réalisations, la création de 25 000 emplois, 15 000 habitants supplémentaires, la gare est le lien ultime, l’articulation optimale entre le système de transport et l’aménagement du territoire.
L’entrepôt Macdonald, un nouveau quartier se construit
Face à la gare un nouveau quartier s’est construit. En 2006, la Sovafim met en vente un entrepôt de 142 000 m2 appelé Macdonald, du nom du boulevard extérieur qui borde l’entrepôt.
Or, ce fut une opportunité d’en faire l’acquisition, dans l’objectif du grand projet urbain du nord de Paris qui souhaite conquérir 200 hectares entre la porte de la Chapelle et la porte de la Villette. La Semavip (SEM d’aménagement de la Ville de Paris), la Caisse des Dépôts et le promoteur Icade (filiale de la Caisse des Dépôts) s’organisent. Ils créent une société par actions simplifiée ParisNordEst avec un capital de 7,5 millions d’euros et ainsi acquièrent le bâtiment le 1er décembre 2006 pour 125 millions d’euros.
La ville souhaite greffer un nouveau quartier sur ces lieux sans gommer son histoire industrielle. L’objectif du grand Paris est de relier Paris intra-muros à sa banlieue et à ses zones industrielles délaissées. Depuis 2006, 15 architectes travaillent à la reconversion de cette immense embarcation longue de 617 mètres et d’une superficie de 165 000 m2, qui peut se transformer en un quartier durable. Les concepteurs de ce nouveau morceau de ville ont souhaité faire du neuf avec du vieux. Ainsi sur le toit de l’ancien entrepôt se construit un parc de 1 100 appartements (la moitié de logements sociaux), qui accueillent actuellement près de 2 500 habitants depuis 2015.
La métamorphose se poursuit : d’ici à 2017, deux immeubles de bureaux et des logements seront livrés rue Gaston Tessier, les travaux d’élargissement sous le pont de la rue d’Aubervilliers prendront fin et la voirie sera intégralement refaite. Des commerces, bureaux et équipements publics sont en cours d’aménagement dans le secteur des anciens entrepôts. Comme l’a imaginé l’agence OMA, une quinzaine de programmes (32 500 m² de commerces, 28 000 m² de bureaux, 16 000 m² d’activités et 17 000 m² d’équipements publics) viennent se poser sur la structure existante. La position stratégique de l’ancien entrepôt, en termes de mobilité et de desserte, a rendu possible la densification de la structure.
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