Gastronomie britannique : le « pie and mash » en quête du label « Spécialité traditionnelle garantie »

Par afp
2 mars 2025 15:30 Mis à jour: 2 mars 2025 15:41

Plat incontournable de la gastronomie britannique, le pie and mash, littéralement tarte à la purée, est au centre d’une campagne visant à en faire une appellation protégée, au même titre que le champagne ou le parmesan.

Dans une « pie and mash shop » de l’est de Londres, les commandes se suivent et se ressemblent : ici pas de carte, seulement un plat. Une tourte au bœuf accompagnée d’une boule de purée. Le tout arrosé d’une sauce au persil appelée liqueur.

Le restaurant G Kelly sert en continu des clients à la recherche d’un plat simple et bon marché (cinq livres en moyenne, soit 6 euros).

Une photo montre la façade du magasin traditionnel de pâté en croûte G Kelly dans l’est de Londres, le 19 février 2025. (BENJAMIN CREMEL/AFP via Getty Images)

Originaire des Docks de Londres, ce plat d’abord prisé des ouvriers, est devenu un incontournable des tablées d’outre-Manche.

En faire une appellation protégée

A tel point qu’un député conservateur, Richard Holden, veut en faire une appellation protégée. Une proposition de loi en ce sens a été déposée fin 2024 au Parlement et a reçu le soutien d’une dizaine de députés.

LONDRES, ANGLETERRE – 12 MARS : Le président du Parti conservateur Richard Holden quitte Downing Street après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 12 mars 2024 à Londres, Angleterre. (Dan Kitwood/Getty Images)

« Il était temps ! », s’enthousiasme Daniel Terrance entre deux bouchées de tarte, sa troisième de la semaine.

L’électricien de 39 ans, qui déguste son plat avec un accompagnement traditionnel à base d’anguilles en gelée, dit ne pas se lasser de ce plat.

Si la cuisine anglaise traîne encore aujourd’hui une mauvaise réputation, notamment chez les Français, les défenseurs du « pie and mash », qui serait né au 19e siècle, croient dur comme fer dans leur chance de décrocher cette appellation protégée.

Obtenir le label « Spécialité traditionnelle garantie » (TSG)

Prochaine étape : faire approuver la recette du plat par le ministère de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (DEFRA) afin d’obtenir le label « Spécialité traditionnelle garantie » (TSG).

Ce label protège légalement les recettes traditionnelles, mais diffère des labels attribués à des aliments tels que le jambon de Parme car il autorise leur fabrication en dehors d’une zone géographique précise.

Neil Vening, propriétaire du G Kelly espère que le label empêchera la grande distribution de produire et vendre des tourtes de qualité inférieure.

Neil Vening, propriétaire du magasin de pâté en croûte traditionnel G Kelly, pose pour une photo dans son magasin de l’est de Londres, le 19 février 2025. (BENJAMIN CREMEL/AFP via Getty Images)

« C’est une atteinte à notre grand patrimoine », assure à l’AFP M. Vening, 33 ans, en montrant les photos en noir et blanc de membres de sa famille et du personnel, autour de la boutique fondée par George Kelly en 1939.

Le danger de la gentrification

La grande distribution n’est pas le seul péril. La gentrification de l’est de Londres a mis à mal ce plat, certains nouveaux venus lui préférant les cafés latte au lait d’avoine ou pains au levain. Plusieurs enseignes ont du baisser le rideau.

Mais pour les habitués, la « nostalgie » est au cœur de l’expérience. « J’aime les changements, mais ce n’est pas le cas de tous les habitants », raconte Leanne Black, qui travaille chez G Kelly depuis 14 ans.

Leanne Black, membre du personnel, sert les clients du magasin traditionnel de pâté en croûte G Kelly, dans l’est de Londres, le 19 février 2025. . (BENJAMIN CREMEL/AFP via Getty Images)

Les personnes « quand elles viennent ici, c’est comme si elles remontaient le temps »

Cette femme de 45 ans, originaire de l’est de Londres, explique que de nombreux clients apprécient le lieu car il est réconfortant.

« Ce n’est pas seulement la nourriture. Certaines personnes ont l’impression qu’à l’extérieur, le monde a tellement changé, et quand elles viennent ici, c’est comme si elles remontaient le temps », dit-elle à l’AFP. « C’est l’odeur, les tables, le marbre froid, le carrelage », ajoute-t-elle.

Des clients déjeunent dans le magasin traditionnel de pâté en croûte G Kelly, dans l’est de Londres, le 19 février 2025. Depuis l’époque victorienne au moins, les Londoniens mangent la combinaison classique des Cockneys, le pie and mash. (BENJAMIN CREMEL/AFP via Getty Images)

Un regain de fréquentation

Neil Vening assure que son restaurant bénéficie d’un regain de fréquentation, porté par les derniers venus dans le quartier et … les touristes.

Parallèlement, les ex-habitants de l’est de Londres ayant déménagé ont emporté le plat avec eux. Résultat ? des dizaines de boutiques de « pie and mash » fleurissent désormais en dehors de Londres.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.