L’armée israélienne a pilonné mardi le sud de la bande de Gaza, au lendemain de l’annonce par Israël d’une fin prochaine de la phase « intensive » des combats contre le mouvement terroriste palestinien Hamas, 102 jours après le début de la guerre qui exacerbe les tensions régionales.
Dans la matinée, des explosions et des tirs d’artillerie ont retenti dans le sud de la bande de Gaza, a constaté un journaliste de l’AFP. Au cours de la nuit, l’armée israélienne y a bombardé le secteur de Khan Younès, épicentre de ses opérations depuis quelques semaines. Ses troupes ont aussi ciblé dans le nord une centaine d’installations de lancement de roquettes à Beit Lahia, tuant des « dizaines de terroristes », a-t-elle indiqué mardi.
? Shati Nord
Les troupes ont mené un aéronef et un hélicoptère afin d’identifier et de frapper 9 terroristes.?Khan Yunès
Nos troupes ont mené un aéronef jusqu’à des terroristes et un hélicoptère a frappé un dispositif d’observation qui mettait nos troupes en danger.— Tsahal (@Tsahal_IDF) January 16, 2024
Des roquettes ont été tirées dans la matinée de Gaza vers le sud d’Israël sans faire de blessés, ont indiqué les autorités israéliennes. Elles ont pour la plupart été interceptées par le système anti-missiles Dôme de fer au-dessus d’Ofakim, selon des images d’AFPTV.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort d’environ 1140 personnes côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Quelque 250 personnes ont été prises en otages, et 132 sont toujours à Gaza, dont au moins 25 auraient été tuées, selon les autorités israéliennes. Une centaine a été libérée lors d’une trêve fin novembre. En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.
L’armée israélienne a fait état de la mort de deux soldats, portant à 190 le nombre de militaires tués depuis son entrée dans la bande de Gaza le 27 octobre.
« Dans le nord de Gaza, cette phase touche à sa fin »
Au début de la guerre, « nous avons clairement dit que l’étape intensive des opérations durerait approximativement trois mois », a déclaré lundi soir le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. « Dans le nord de Gaza, cette phase touche à sa fin. Dans le sud », où des centaines de milliers de Gazaouis ont afflué à la demande d’Israël pour fuir les combats dans le nord, « nous allons y parvenir et cela se terminera bientôt », a ajouté M. Gallant.
L’armée israélienne a annoncé le retrait lundi de Gaza d’une de ses quatre divisions engagées depuis le 27 octobre. Le gouvernement israélien martèle dans le même temps que la guerre sera longue, et a approuvé lundi un budget pour 2024 alourdi de 15 milliards de dollars de dépenses pour faire face à son coût.
Le Hamas a fait état lundi de la mort de deux otages israéliens, diffusant une vidéo où l’on voit une jeune femme, également otage et visiblement sous pression, annoncer les décès. La branche armée du Hamas a imputé leur mort à des bombardements « sionistes », l’armée israélienne rejetant ces « mensonges ».
« Risque de famine » et « épidémies de maladies mortelles »
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a pour sa part lancé un nouvel appel à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat ». « Rien ne peut justifier la punition collective infligée au peuple palestinien », a-t-il aussi pointé. Dans la bande de Gaza, où 1,9 million d’habitants ont été déplacés selon l’ONU, la population manque de tout, dans le froid qui s’est abattu sur la région.
L’Unicef, le Programme alimentaire mondial et l’Organisation mondiale de la Santé ont mis en garde contre un « risque de famine » et d' »épidémies de maladies mortelles ». Le ministère palestinien de la Santé du Hamas a appelé « les institutions internationales à fournir d’urgence des médicaments pour les patients chroniques », dont 350.000 sont selon lui privés de soins.
« La mort serait préférable à cette vie » faite « de souffrances et d’humiliations », se lamente le trentenaire Abdul Karim Muhammad, réfugié à Rafah près de la frontière égyptienne avec ses trois enfants. « Nous voulons rentrer chez nous, dans le nord » dit-il, même s’il sait que sa maison y a été détruite.
Tensions régionales exacerbées
La guerre exacerbe les tensions régionales entre Israël et ses alliés, les États-Unis au premier chef, et l’« axe de résistance » établi par l’Iran, qui rassemble des mouvement armés comme le Hamas palestinien, le mouvement islamiste libanais Hezbollah et les rebelles yéménites Houthis.
Les Gardiens de la Révolution iraniens, armée idéologique de la République islamique d’Iran, ont annoncé mardi avoir tiré des missiles balistiques en Syrie et surtout près d’Erbil, dans le Kurdistan irakien. Selon l’agence officielle iranienne de presse IRNA, ils y ont détruit un centre « d’espionnage » attribué à Israël, dont un haut responsable irakien a démenti l’existence, dénonçant de « fausses allégations ».
Le gouvernement irakien, allié de l’Iran mais également partenaire des États-Unis, a condamné une « agression » de sa souveraineté et rappelé « pour consultations » son ambassadeur à Téhéran.
Un vraquier grec touché par un missile des Houthis
Au large du Yémen, un vraquier grec a été touché par un missile, a annoncé mardi la société privée de risques maritimes Ambrey. Un cargo américain y avait été touché lundi dans le golfe d’Aden par un missile des Houthis. En fin de semaine dernière, les États-Unis et le Royaume-Uni avaient bombardé des positions des Houthis au Yémen pour tenter de stopper leurs attaques en mer Rouge, qu’ils disent mener en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.
À la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens, l’armée israélienne a annoncé dans la nuit de nouveaux raids aériens contre des « positions » du Hezbollah ».
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