Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a refusé d’indiquer s’il existait une « ligne rouge » qui pourrait faire que les États-Unis cessent de soutenir Israël, dans un contexte où Joe Biden a menacé de retirer une partie du soutien américain à l’État hébreu.
« Nous ne parlons pas de lignes rouges lorsqu’il s’agit d’Israël », a déclaré M. Blinken sur la chaîne NBC, le 12 mai.
Cette déclaration intervient alors qu’Israël se prépare à une invasion terrestre de Rafah, une ville densément peuplée située le long de la frontière avec l’Égypte. La ville est devenue le dernier refuge à Gaza pour près de 1,5 million de civils, dont beaucoup ont été contraints de fuir d’autres zones de la bande de Gaza.
Les dirigeants occidentaux, y compris Joe Biden, ont exhorté Israël à ne pas envahir la ville, craignant des pertes civiles inacceptables.
En début de semaine, l’administration Biden a annoncé une pause dans l’envoi de certaines bombes lourdes à Israël, et le président a menacé de réduire encore davantage le soutien des États-Unis si Israël procédait à une invasion des centres de population de Rafah.
« J’ai été très clair », a déclaré Biden sur CNN. « S’ils entrent dans Rafah, je ne leur fournirai pas d’armes. »
Ce genre de restrictions ne s’appliquerait toutefois qu’aux armes offensives.
Joe Biden a tout de même tenu à rappeler son « engagement en faveur de la sécurité du peuple juif, de la sécurité d’Israël et de son droit à exister en tant qu’État juif indépendant », même, dit-il, lorque les deux pays sont « en désaccord ».
M. Blinken est allé dans le même sens, arguant qu’il y avait « une profonde inquiétude de [la part des] États-Unis quant à l’éventualité d’une opération militaire d’envergure à Rafah, compte tenu des dommages que cela causerait à la population civile et à l’économie israélienne ».
« Le président a clairement indiqué depuis un certain temps que nous ne pouvions pas soutenir une opération militaire d’envergure à Rafah et que nous ne le ferons pas », a déclaré M. Blinken.
A la question de savoir s’il existait une ligne rouge qui inciterait les Américains à cesser tout envoi d’armes à Israël, M. Blinken s’est abstenu de répondre.
Il a néanmoins cité le refus américain de livrer des bombes de grande capacité (environ une tonne chacune), dont on craint qu’elles ne soient trop lourdes pour être utilisées dans l’environnement densément peuplé de Rafah.
« Ce que le président a dit, c’est que si Israël mène une opération militaire d’envergure à Rafah, dans ce cas, nous ne fournirons pas à Israël certains systèmes qui y contribueraient, car nous ne voulons pas y prendre part », a-t-il dit.
Les Républicains et les Démocrates divisés
De nombreux Républicains se sont offusqués d’un tel refus de la Maison Blanche. En revanche, beaucoup de Démocrates ont salué la décision du président.
Bernie Sanders, ancien candidat démocrate à la Maison Blanche, a clairement indiqué qu’il faisait partie de ceux qui soutenaient cette position.
« Le président a manifestement raison », a-t-il dit.
Il est allé plus loin en appelant à l’arrêt total de l’aide militaire à Israël.
« La réalité, et je pense que tout observateur objectif le sait, c’est qu’Israël a enfreint le droit international », a-t-il dit. « Il a enfreint le droit américain. Et à mon avis, Israël ne devrait plus recevoir un centime d’aide militaire américaine ».
M. Sanders en a profité pour reformuler ses propos précédents dans lesquels il mettait en garde contre la possibilité qu’Israël devienne le « Vietnam de Biden ».
Certains Républicains, en revanche, ont reproché à M. Biden de se faire l’écho de « l’aile pro-Hamas de son parti » et l’accusent de mesures politiciennes en vue de l’élection présidentielle.
Ces remarques interviennent après qu’une enquête du département d’État américain pour déterminer si Israël a commis ou non des crimes de guerre n’a pu aboutir à une conclusion claire.
Malgré ces récentes remarques du président américain, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est resté inflexible, indiquant qu’Israël avait l’intention d’entrer à Rafah, avec ou sans la bénédiction des États-Unis.
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