L’Espagne ne posera pas la récupération de Gibraltar comme condition dans les négociations sur le Brexit, a déclaré son ministre des Affaires étrangères dans un entretien au ton conciliant publié dimanche. L’Espagne entend récupérer Gibraltar, cédé au Royaume-Uni en 1713. Les tensions sur le statut du rocher, un territoire de 6,7 kilomètres carrés où vivent 32.000 personnes, sont reparties de plus belle depuis que le Royaume-Uni a voté le 23 juin 2016 la sortie de l’Union européenne.
Une souveraineté partagée
Le chef de la diplomatie espagnole Alfonso Dastis a déclaré au quotidien conservateur espagnol ABC qu’il ne souhaitait pas « mettre en péril » les négociations sur cette sortie en réclamant simultanément un changement de statut pour Gibraltar, qui serait difficile à accepter pour Londres. « Je ne souhaite pas conditionner un accord entre l’UE et le Royaume-Uni à la récupération de la souveraineté sur Gibraltar », a dit M. Dastis. Il a ajouté que la proposition espagnole d’une souveraineté partagée sur le rocher, avec une double nationalité pour ses habitants, restait sur la table.
Décision ultime des habitants
Alors que les habitants de Gibraltar s’étaient prononcés à une très large majorité pour le maintien dans l’UE, Madrid avait proposé en juin 2016 « une co-souveraineté britannico-espagnole pendant une période limitée qui débouche sur la restitution de Gibraltar » à l’Espagne. Mais les autorités du territoire ont rejeté l’idée, déjà étudiée dans des tractations entre Madrid et Londres en 2001 et 2002 et abandonnée quand les habitants de Gibraltar l’avait refusée dans un référendum en novembre 2002. « Nous allons tenter de convaincre les habitants de Gibraltar qu’il s’agit d’une route à explorer et que cela serait aussi bénéfique pour eux », a dit le ministre.
Malgré ce ton conciliant, Londres devra toujours faire face à une clause des lignes directrices adoptées en avril par les 27 de l’UE pour les négociations selon laquelle aucun accord sur une relation future entre l’Union et le Royaume-Uni ne pourra s’appliquer à Gibraltar sans un accord entre Madrid et Londres. La Première ministre britannique Theresa May a averti début avril que Londres ne céderait « jamais » la souveraineté sur Gibraltar sans l’accord de la population du territoire.
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