Damien Tarel, l’homme qui a giflé le président Emmanuel Macron, a été condamné jeudi à Valence à 18 mois de prison – dont 14 avec sursis – et aussitôt incarcéré pour son geste qui avait suscité l’indignation de la classe politique.
Le tribunal a partiellement suivi les réquisitions du parquet, qui demandait 18 mois ferme et un mandat de dépôt contre l’homme de 28 ans qui a reconnu lors de l’audience avoir, deux jours plus tôt, giflé le président de la République lors d’un déplacement dans la Drôme.
Jusque-là inconnu des services de la Justice, Damien Tarel a aussi été condamné à une obligation de travail ou de formation et à une interdiction de port d’armes pendant cinq ans.
« Un sentiment d’injustice m’a parcouru »
Damien Tarel a admis lors de l’audience avoir frappé le président, d’un geste « impulsif ». « Je ne l’apprécie pas et quand il s’est dirigé directement vers moi, dans un premier temps, ça m’a surpris », a raconté celui qui s’est dit « investi par les ‘gilets jaunes’ dont la voix n’est plus entendue ».
Avant de se l’expliquer. « C’est sa campagne: il essaie de cibler la jeunesse française ». « Quand j’ai vu son regard sympathique et menteur », j’ai compris, a-t-il rapporté, qu’il « voulait faire de moi un potentiel électeur ».
La présidente du tribunal s’est étonnée de ce geste, alors que le mis en cause se dit féru d’arts martiaux. « En quoi votre réaction de mardi est-elle conforme à ces principes, à la chevalerie, à la maitrise que vous enseignent les arts martiaux ? »
« Si on reste dans la réalité, j’ai juste giflé Emmanuel Macron car un sentiment d’injustice m’a parcouru. Cela n’a rien à voir avec la chevalerie ou mes activités personnelles », lui a-t-il répondu.
Interrogé sur le geste en lui-même, Damien Tarel a revendiqué la dimension symbolique de cette gifle: « Je pense que beaucoup de monde ressent cette injustice. Je me suis senti investi », a-t-il assumé à la barre selon BFMTV, « investi » par les « gilets jaunes » et le « peuple français en général. » « Je ne voudrais pas faire le procès de notre démocratie, mais je pense qu’il n’a pas été élu par l’ensemble de la population française », a-t-il également déclaré, ajoutant que selon lui, « Macron représente très bien la déchéance de notre pays. »
« Je pense qu’il a pris conscience de la gravité des faits »
Damien Tarel a reconnu son ancrage à la droite du spectre politique, assurant que son cri « Montjoie Saint-Denis » prononcé avant sa gifle « fait référence au cri de ralliement historique des chevaliers français. C’est aussi un slogan patriote », a-t-il dit devant le tribunal de Valence.
Sans emploi et vivant du RSA, le mis en cause a reconnu des difficultés scolaires dues à sa dyslexie, un bac passé en deux fois, une formation en thanatopraxie interrompue avant le diplôme national. Depuis la mort de son père, il y a deux ans, il n’a plus retravaillé.
Pour revivifier « sa petite ville de campagne mourante », il a monté trois associations: un club d’arts martiaux médiévaux, une association de jeux et un festival de manga. Et lisait beaucoup sur le Moyen-Age.
Dans sa plaidoirie, son avocate Elodie Guellier s’est émue du rôle de la presse – « ça fait 48 heures que l’entourage vit un enfer » – et a demandé au tribunal de « relativiser les faits ».
« Son objectif était d’échanger avec le président », a-t-elle ajouté, reconnaissant un « geste particulièrement inadapté » venant d’un homme « lambda » « qui n’a jamais frappé quelqu’un ». « Je pense qu’il a pris conscience de la gravité des faits ».
Appelant le tribunal à ce qu’il n’y ait pas « de justice d’exception » ni de justice « pour l’exemple », elle a suggéré, en vain, des travaux d’intérêt général, car l’incarcération « ne l’amènera à rien ».
La gifle infligée à Emmanuel Macron à Tain l’Hermitage avait suscité l’indignation de l’ensemble de la classe politique même si le président de la République a relativisé le geste, dénonçant des « faits isolés » commis par « des individus ultraviolents » (selon ses termes).
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