Quelque 244 000 « gilets jaunes » protestent samedi dans toute la France contre la hausse des taxes sur le carburant et la baisse du pouvoir d’achat, au sein de 2 000 rassemblements parfois tendus qui ont entraîné des accidents faisant un mort et plus de 100 blessés.
« Gilets jaunes, colère noire », « Jupiter, redescends sur terre, c’est la misère »: les manifestants, qui arboraient parfois un message sur leur gilets, bloquaient des autoroutes, des ronds-points, des hypermarchés ou organisaient des opérations de péage gratuit dans l’ensemble du pays.
Environ 244 000 personnes ont participé aux manifestations selon le ministère de l’Intérieur.
Les « gilets jaunes » n’ont pas réussi à bloquer la France, comme ils le voulaient, mais tout le territoire a été touché par leurs actions, ce qui représente un succès certain pour ce mouvement, parti des réseaux sociaux et organisé en dehors des partis politiques et des syndicats.
Des manifestants ont annoncé qu’ils comptaient passer la nuit sur leurs barrages et certains souhaitaient poursuivre le mouvement dimanche.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Dijon. L’A13 a été coupée entre Paris et Rouen. De même pour l’A8, près de Fréjus et d’Antibes.
A Paris, la situation était tendue en fin d’après-midi dans le quartier du Palais de l’Élysée, où des forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants du mouvement des « gilets jaunes ». Environ 1.200 personnes étaient regroupées dans ce secteur, selon le ministère de l’Intérieur.
Une manifestante a été tuée en Savoie et 106 personnes blessées dont cinq gravement, selon le ministre Christophe Castaner qui a également annoncé 52 interpellations, suivies de 38 gardes à vue.
Au Pont-de-Beauvoisin (Savoie), une conductrice qui emmenait sa fille chez le médecin a été prise de panique quand les manifestants se sont mis à taper sur sa voiture. Elle a foncé alors sur eux, percutant mortellement une femme de 63 ans.
Cette manifestation, comme de nombreuses autres organisées en France pour protester contre la hausse des taxes sur le carburant, n’était pas déclarée.
Le préfet de la région Nouvelle Aquitaine Didier Lallement a exprimé son inquiétude sur une poursuite des mouvements une fois la nuit tombée. « Vouloir arrêter les voitures est un métier des forces de l’ordre et des patrouilleurs », a-t-il déclaré.
En début d’après-midi, le préfet de l’Isère a appelé à « cesser les rassemblements ». Il en a appelé à « la responsabilité de chacun pour éviter tout drame humain ». Il y a eu dix interpellations dans ce département « en raison de comportements dangereux ou d’incivilités graves ».
« J’appelle à la prudence, la vigilance », a déclaré le ministre de l’Intérieur, précisant toutefois que la plupart des manifestations étaient « bon enfant ».
Une étude publiée samedi par L’Argus note que les départements où les automobilistes roulent le plus en véhicule diesel sont aussi ceux où résident le plus de ménages non imposés. Le diesel est devenu un « signe extérieur de pauvreté », en déduit la publication spécialisée.
L’exécutif n’a cessé de mettre en garde contre la récupération politique de ce mouvement de protestation qui se veut apolitique et asyndical. Mais plusieurs représentants politiques ont apporté leur soutien.
Laurent Wauquiez, le chef de LR, a participé à une manifestation au Puy-en-Velay: il a appelé Macron à comprendre et « corriger ses erreurs ». « Ce qui se passe est injuste », a-t-il déclaré.
Des élus du Rassemblement national étaient également présents aux côtés des « gilets jaunes », mais pas Marine Le Pen.
« Je souhaite que cette mobilisation permette une prise de conscience et que le gouvernement entende ce que les Français ont à lui dire », a déclaré sur franceinfo Olivier Faure, premier secrétaire du PS.
Des Insoumis participaient aussi aux manifestations. Leur leader Jean-Luc Mélenchon a critiqué sur Twitter une « manipulation des chiffres de participation » et une « dramatisation » de la part du gouvernement. Il s’est rendu place de la Concorde, mais sans gilet jaune sur le dos.
A l’initiative de cette grogne, des membres de la société civile se sont mobilisés contre la hausse du prix des carburants avant que les motifs de grief ne s’élargissent à une dénonciation plus globale de la politique du gouvernement en matière de taxation et à la baisse du pouvoir d’achat.
Au 1er janvier 2019, les taxes sur le gazole doivent augmenter de 6,5 centimes d’euro par litre et celles sur l’essence de 2,9 centimes.
Pour le politologue Jean-Marie Pernot, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires), c’est un « succès de participation ». « On va voir ce qu’ils inventent pour poursuivre la pression, (…) ce qu’ils vont choisir pour entretenir la flamme ».
LG avec AFP
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