Giorgia Meloni met en garde contre le recours à des tarifs douaniers comme une pratique de renchérissement entre l’UE et les États-Unis

La Première ministre italienne s'est également prononcée en faveur du cessez-le-feu entre la Russie et l'Ukraine proposé par le président Trump

Par Guy Birchall
20 mars 2025 16:44 Mis à jour: 20 mars 2025 16:44

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a appelé mardi au pragmatisme pour éviter un « cercle vicieux » de tarifs douaniers entre l’Union européenne et les États-Unis.

S’adressant au Sénat italien avant une réunion des dirigeants de l’UE cette semaine, Mme Meloni a fait ses premiers commentaires sur les politiques du président américain Donald Trump qui ont ébranlé l’Union européenne cette année.

« Je crois qu’il n’est pas sage de céder à la tentation des représailles, qui se transforme en un cercle vicieux où tout le monde est perdant », a-t-elle déclaré. « Je suis convaincue que nous devons continuer à travailler concrètement et avec pragmatisme pour trouver un terrain d’entente et éviter une guerre commerciale qui ne profiterait à personne, ni aux États-Unis, ni à l’Europe. »

L’UE a annoncé qu’elle imposerait des contre-tarifs sur 26 milliards d’euros (28 milliards de dollars) de marchandises américaines à partir du mois prochain. Mme Meloni s’est interrogée sur le bien-fondé de cette décision et a déclaré que Rome souhaitait un accord négocié avec Washington.

Bruxelles a répondu aux droits de douane de Washington sur l’acier et l’aluminium par des taxes sur le whisky, les spiritueux, les motos et les jeans américains.

Les viticulteurs italiens, dont les exportations vers les États-Unis ont atteint l’an dernier environ 1,9 milliard d’euros (2 milliards de dollars), font partie de ceux qui se préparent à des menaces de droits de douane de rétorsion pouvant aller jusqu’à 200 % aux États-Unis si les taxes de l’UE entrent en vigueur le 1er avril.

« Je ne suis pas convaincue que répondre à des droits de douane par davantage de droits de douane soit nécessairement une bonne affaire », a-t-elle déclaré. « C’est pourquoi je pense que l’énergie de l’Italie devrait être consacrée à la recherche de solutions raisonnables entre les États-Unis et l’Europe, guidées davantage par la logique que par l’instinct, dans un esprit de respect mutuel et de pragmatisme économique. »

Mme Meloni a également déclaré que des droits de douane transatlantiques « [selon la logique d’] un prêté pour un rendu » réduiraient le pouvoir d’achat des Européens.

« Les tarifs douaniers peuvent facilement conduire à une inflation induite, réduisant le pouvoir d’achat des familles, incitant les banques centrales à augmenter les taux d’intérêt et, en fin de compte, ralentissant la croissance économique », a-t-elle souligné.

Mme Meloni soutient l’initiative américaine pour un cessez le feu partiel en Ukraine

Mme Meloni a été la seule dirigeante européenne à assister à l’investiture de M. Trump en janvier, qui a eu lieu un peu plus de quinze jours après qu’elle l’a rencontré pour s’entretenir avec lui dans sa station balnéaire de Floride, à Mar-a-Lago.

Tout en prônant le pragmatisme en matière de droits de douane, elle a également soutenu la proposition de M. Trump d’instaurer un cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine comme voie possible vers la paix, tout en excluant l’envoi de troupes italiennes dans le pays.

« Le déploiement de troupes italiennes en Ukraine n’a jamais été à l’ordre du jour », a-t-elle affirmé.

À l’issue de l’appel téléphonique qu’ils ont organisé mardi, le président Trump et son homologue russe Vladimir Poutine se sont mis d’accord sur un cessez-le-feu limité, en vertu duquel la Russie et l’Ukraine cesseraient de s’en prendre aux infrastructures énergétiques de l’autre partie pendant 30 jours.

« Nous soutenons les efforts du président américain Donald Trump à cet égard », a-t-elle assuré, ajoutant que l’accord de cessez-le-feu proposé est un « premier pas significatif, qui devrait conduire à une paix juste et durable pour l’Ukraine, soutenue par des garanties de sécurité solides et à long terme ».

Envoyer une force de maintien de la paix en Ukraine est une mauvaise idée

Mme Meloni a également mis en garde contre la suggestion d’envoyer une force de maintien de la paix en Ukraine par le Royaume-Uni et la France.

« Nous ne pensons pas que la proposition d’envoyer des troupes européennes [en Ukraine], initialement avancée par le Royaume-Uni et la France, soit une option viable, car elle est trop complexe, trop risquée et finalement inefficace », a-t-elle estimé.

Mme Meloni s’est également interrogée sur les intentions de la Commission européenne de renforcer massivement les dépenses de défense sur le continent, critiquant sa décision de baptiser le projet « ReArm ».

« Certains m’ont accusée de vouloir changer le nom pour tromper les citoyens. En réalité, je m’y suis opposée parce que je pense que ‘Rearm Europe’ est un terme trompeur. Pourquoi ? Parce que le renforcement de nos capacités de défense ne se limite pas à l’achat d’armes supplémentaires », a-t-elle fait valoir.

« L’Europe doit s’équiper pour faire sa part, mais il est au mieux naïf – et au pire, d’une folie dangereuse – de penser que l’Europe peut se débrouiller seule sans l’OTAN […]. Ceux qui suggèrent que l’Italie doit choisir entre l’Europe et les États-Unis le font soit par commodité politique, soit parce qu’ils n’ont pas réalisé que l’élection américaine est terminée et que Donald Trump a été mandaté pour diriger les États-Unis. »

 Avec Reuters et l’Associated Press

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