Nouveau héros de tout un pays, presque malgré lui, Hideki Matsuyama, devenu dimanche le premier Japonais vainqueur d’un Grand Chelem de Golf au Masters d’Augusta, préfère humblement assumer un statut de pionnier plutôt que celui de plus grand joueur nippon de l’histoire.
« Je ne peux pas dire que je suis le plus grand. Cependant, je suis le premier à avoir remporté un majeur, et si c’est la barre, alors je l’ai placée », a répondu le joueur de 29 ans à la presse américaine lui demandant si son exploit lui conférait de facto cette appréciation.
Il faut dire qu’en matière de golf masculin, aucun de ses compatriotes aînés n’a vraiment réussi à imposer son golf hors du Japon.
Star locale, Masashi « Jumbo » Ozaki, ancien N.5 mondial, a fini 6e de l’US Open en 1989, son meilleur classement dans un Grand Chelem, et il est surtout recordman du nombre de victoires sur le circuit japonais (94). Isao Aoki a lui rivalisé avec Jack Nicklaus en 1980 à l’US Open, finissant 2e, avant de devenir le premier Japonais à gagner sur le circuit nord-américain à l’Open d’Hawaï en 1983.
Avec son sacre majeur, Matsuyama est lui passé dans une autre dimension, ce que n’a pas manqué de souligner Tiger Woods, pour qui « cette victoire historique aura un impact sur le monde du golf » et a de quoi rendre « le Japon fier ».
En 1997, l’Américain alors âgé de 21 ans avait enthousiasmé l’Amérique, suscitant une « Tiger-mania », qui donna envie à plus d’une génération de jeunes, de tous milieux et de toutes origines, de suivre sa voie.
Son père lui a enseigné ce sport
Dans son Japon natal, Matsuyama, qui pourrait faire à son tour l’objet d’une « Hideki-mania », a, comme son glorieux aîné, tapé ses premières balles petit, à quatre ans (Woods à deux ans), et il a évidemment été biberonné aux exploits de l’homme aux 15 Majeurs. Son père aussi lui a enseigné ce sport, allant même jusqu’à lui faire changer d’école pour stimuler son jeu.
Mais ses héros à lui frappaient des home-runs avec des battes de baseball, autre grande passion japonaise, importée des Etats-Unis celle-là. « Les personnes que j’admirais étaient principalement ces joueurs (Yu) Darvish, (Shohei) Ohtani, (Kenta) Maeda », a-t-il mentionné, citant trois stars évoluant actuellement dans la ligue nord-américaine (MLB).
« En ce qui concerne le golf, il n’y en pas vraiment. J’espère cependant que d’autres seront inspirés par ce qui s’est passé ici aujourd’hui et suivront mes traces », a-t-il ajouté.
Né à… Matsuyama, ville sise sur l’île de Shikoku, le 25 février 1992, Hideki a fait ses études à l’université Tohoku Fukushi de Sendai, à plus de 300 km au nord de Tokyo, où il a parfait son apprentissage, remportant au passage le championnat amateur Asie-Pacifique 2010.
Un an plus tard, il écrit le premier chapitre d’une histoire heureuse avec le Masters d’Augusta, puisqu’il devient le premier amateur japonais à y prendre part et le seul à y passer le cut. Sa 27e place lui permet de remporter la Coupe d’Argent, décernée au meilleur non professionnel en lice.
Sans faire de bruit, il finit aux places d’honneur
Numéro un mondial du classement amateur en 2012, il est passé professionnel l’année suivante. Sans faire de bruit, en huit ans, il a fini aux places d’honneur dans les Majeurs (5e au Masters 2015, 2e de l’US Open 2017, 4e du Championnat PGA 2016, 6e du British Open 2013) et glané cinq titres en USPGA, dont deux Championnats du monde WGC, qui lui ont valu de se hisser au 2e rang en 2017.
Non seulement cette sixième victoire à Augusta est de loin la plus prestigieuse, mais son total est égal à celles cumulées par tous les autres joueurs japonais sur le circuit nord-américain.
Déjà suivi par une cohorte de médias de son pays, partout où il pose ses clubs, Matsuyama a tôt pressenti que cette semaine serait particulière. « Je suis arrivé à Augusta avec peu d’attentes, mais au fur et à mesure que les jours avançaient, que je m’entraînais, surtout le mercredi, j’ai senti que quelque chose montait », a-t-il avoué.
Et ce n’est pas prêt de redescendre. Ce pays, dont l’engouement pour la petite balle blanche ne date pas d’hier, tient désormais sa star internationale et se prend sûrement à rêver d’or, à trois mois et demi du tournoi olympique de Tokyo.
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