Grenoble : un jeune en garde à vue après l’attaque à la grenade, le maire accusé de « laxisme » sécuritaire

Par Epoch Times avec AFP
22 février 2025 10:10 Mis à jour: 22 février 2025 10:18

Un jeune de 17 ans, placé en garde à vue à Grenoble, est soupçonné d’être l’auteur de l’attaque à la grenade qui a fait quinze blessés le 12 février dans un bar de la ville, a indiqué vendredi le procureur de Lyon. Ses adversaires politiques pointent son « laxisme » dans sa politique sécuritaire face à la flambée de violence que connaît la ville.

Le mineur a été interpellé mercredi par des gendarmes près de la métropole alpine, en possession d’un fusil à pompe. De lui-même, il s’est mis en cause dans l’attaque à la grenade, avant de se rétracter.

« Payé pour tuer des gens »

Les enquêteurs ont alors effectué des vérifications et ils disposent désormais de « preuves matérielles » pour le confondre, a déclaré le procureur Thierry Dran à l’AFP. L’adolescent « est soupçonné d’être l’auteur du lancer de grenade », a-t-il poursuivi. Au moment de son interpellation, il a dit « qu’il s’était fait tirer dessus » après avoir été « payé pour tuer des gens », a précisé M. Dran.

Dans un premier temps, il a été entendu pour une tentative d’homicide survenue à Grenoble dans le cadre d’un trafic de stupéfiants, un dossier distinct de l’attaque à la grenade.

Mais à partir de 17h00 vendredi, selon M. Dran, « sa garde à vue a basculé » vers l’enquête sur cette attaque dans le bar, menée par la Juridiction interrégionale spécialisée contre la criminalité organisée (Jirs) de Lyon.

Mercredi 12 février, vers 20h15, un homme cagoulé s’était introduit armé d’un fusil d’assaut dans le bar L’Aksehir du quartier populaire Village olympique, dans le sud de Grenoble. Il avait dégoupillé une grenade à fragmentation sans dire un mot et pris la fuite. La déflagration a fait quinze blessés, dont six graves. L’usage d’une « arme de guerre » avait scandalisé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui s’était rendu sur place le surlendemain, jurant de « retrouver » le ou les coupables.

Au total, 20 enquêteurs ont été mobilisés sur cette affaire, avait précisé le ministre. La piste de la criminalité organisée avait rapidement été évoquée, le bar visé ayant fait l’objet d’une enquête administrative pour des soupçons de trafics, notamment de cigarettes. Il était sous le coup d’une procédure de fermeture.

« Travailler sur un projet de société », maintient le maire de Grenoble

Le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, avait « condamné » l’explosion survenue mercredi soir dans un bar de la ville, la qualifiant d’« acte criminel d’une violence inouïe ».

La ville de Grenoble et sa banlieue connaissent par ailleurs régulièrement des épisodes de violence par arme à feu liés au trafic de drogue, les autorités n’hésitant plus à parler de « guerre des gangs ». Mais ses adversaires politiques pointent son « laxisme » dans sa politique sécuritaire.

« Éric Piolle a totalement capitulé. Partout la délinquance progresse sans que la municipalité ne lève le petit doigt. C’est un maire dogmatique qui ne veut pas s’occuper de la lutte contre l’insécurité. Pour ceux qui ont à subir ça, c’est un mépris considérable. La municipalité n’a rien fait pour sortir les dealers des HLM. Elle refuse la vidéoprotection, la police municipale armée, la mise en place d’un PC opérationnel 24 heures sur 24 », a déclaré Alain Carignon (LR), ex-maire de Grenoble, selon Le Parisien.

M. Piolle a rappelé que contrairement à ce qu’affirme « une espèce de rumeur publique », Grenoble compte 120 caméras de surveillance, soit « 6 par km² » et que sa police municipale est équipée « d’armements adaptés à ses missions », avec des bâtons télescopiques, des bombes lacrymogènes et des pistolets à impulsion électrique.

« Nous voyons que dans les villes recouvertes de caméras de vidéosurveillance et de policiers municipaux armés, comme à Nice ou Toulouse, ça ne va pas mieux, quel que soit leur bord, balaie le maire écologiste. Je pense qu’avoir un projet d’éducation populaire serait plus efficace », argumente-t-il d’après nos confrères du Parisien. « J’ai reçu sept ministres de l’Intérieur depuis que je suis élu. Suite à la visite de M. Retailleau il y a une semaine, on nous a promis 16 policiers nationaux supplémentaires, et je viens d’apprendre que 13 d’entre eux seront affectés à la police des frontières. Son focus reste l’immigration, c’est triste. Nous devrions plutôt travailler sur un projet de société, de la prévention jusqu’à la lutte contre la récidive », a-t-il encore martelé.

En ce qui concerne son refus d’armer la police municipale, M. Piolle déclarait après le meurtre de l’agent municipal Lilian Dejean, en septembre 2024, que ce serait « les exposer à des missions et des risques que je ne suis pas prêt à prendre pour eux », rapporte également le quotidien national.

Dossier à tiroirs

Dans ce dossier à tiroirs, il existe aussi un lien entre le suspect de cette attaque et des échanges de coups de feu survenus à Bourg-lès-Valence, dans la Drôme, dans la nuit de mercredi à jeudi, selon le procureur de Lyon.

À la suite de propos du jeune homme tenus lors de sa garde à vue, concernant la tentative d’homicide à Grenoble, des gendarmes en civil effectuaient une surveillance dans cette ville de la Drôme, quand un homme, sorti d’un véhicule suspect, leur a tiré dessus.

Un gendarme a riposté et l’a blessé, mais le véhicule a pris la fuite. Peu après, un homme qui s’était présenté à l’hôpital avec une blessure par balle à l’épaule a été interpellé, ainsi que trois personnes qui l’attendaient sur le parking de l’hôpital, selon le procureur de Valence.

Trois d’entre elles ont été présentées à un juge vendredi en vue de leur mise en examen pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique, a précisé Laurent de Caigny dans un communiqué, en soulignant que le lien entre ces suspects et les autres affaires n’était pas encore établi.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau en déplacement à Valence a déploré un « épouvantable rajeunissement des tueurs et des tués » en France.

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