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Grogne des agriculteurs : l’accord avec le Mercosur, le sujet qui « fait déborder le vase »

novembre 12, 2024 8:40, Last Updated: novembre 12, 2024 19:31
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Depuis la crise de l’hiver dernier, les agriculteurs français ont obtenu des aides d’urgence et de premières mesures de simplification, mais ils sont prêts à ressortir dans la rue, exigeant notamment la disparition d’un projet d’accord de libre-échange et la garantie d’un revenu décent.

Après la mobilisation de l’hiver dernier, les agriculteurs ont obtenu du gouvernement l’abandon de la hausse prévue de la taxe sur le gazole non routier (GNR), carburant des tracteurs, et l’application en juillet de cet avantage fiscal dès la livraison, sans avoir besoin d’en demander le remboursement après coup.

Le gouvernement de Gabriel Attal a annoncé « 70 engagements » pour le secteur et débloqué des aides d’urgence en soutien de filières en difficulté : 50 millions d’euros pour les élevages touchés par la maladie hémorragique épizootique MHE, 35 millions d’euros pour les exploitations affectées par des inondations et tempêtes, 80 millions d’euros pour la viticulture, 90 millions d’euros pour la filière bio.

A aussi été annoncée une enveloppe de 150 millions d’euros d’exonérations fiscales pour les éleveurs bovins ainsi qu’un plan de soutien à la filière du blé dur.

« Intérêt général majeur »

Par ailleurs, le projet de loi d’orientation agricole (LOA) votée par l’Assemblée avant la dissolution – et qui reviendra le 14 janvier en séance publique au Sénat – a vu plusieurs demandes de l’alliance majoritaire FNSEA et JA satisfaites.

Ce texte place l’agriculture au rang d’« intérêt général majeur », met en place un guichet unique pour l’installation de nouveaux agriculteurs, facilite la construction de bâtiments d’élevage ou de réserves d’eau, et prévoit une réglementation simplifiée pour les haies.

Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé début octobre la création d’un fonds d’urgence de 75 millions d’euros pour les éleveurs victimes de la fièvre catarrhale ovine de sérotype 3, une nouvelle épizootie, ainsi que des prêts garantis par l’État, à des taux réduits.

La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a annoncé un « contrôle administratif unique », pour limiter les visites à une par an et par exploitation – hors contrôle fiscal, judiciaire ou du respect des arrêtés sécheresse.

Deux points principaux

En dépit de leurs différends, les syndicats s’accordent sur deux points principaux : la nécessité d’un revenu décent et une opposition frontale au projet de traité de libre-échange de l’UE avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Bolivie, Uruguay et Paraguay).

Pour les Jeunes Agriculteurs (JA), la crainte d’une concrétisation rapide de l’accord avec le Mercosur, qui permettrait l’importation massive en Europe de soja, viande et sucre contre l’exportation de machines et voitures vers les pays latino-américains, est le sujet « qui a fait déborder le vase ».

Pour l’alliance majoritaire FNSEA-JA, les annonces « qui vont dans le bon sens » tardent à se concrétiser dans les cours de ferme : encore « trop de paperasse » et des « entraves » à la production. Elle dénonce une « Europe passoire » qui laisse entrer des produits agricoles « ne respectant pas les normes imposées aux agriculteurs français et européens ». Tout en réclamant des « moyens de production », parmi lesquels un stockage accru de l’eau et l’accès à des pesticides interdits en France mais autorisés en Europe.

La Coordination rurale (CR) demande « un vrai plan de sauvetage » en exigeant de « sortir l’agriculture de tous les accords de libre-échange ». Elle réclame des aides à la trésorerie plus massives, un « GNR plafonné à un euro TTC » et veut voir l’État sévir contre les grosses coopératives qui « se sont développées à l’international et délocalisent leurs résultats ».

Du côté de la Confédération paysanne, 3e syndicat agricole, la question centrale selon la porte-parole Laurence Marandola reste celle du « revenu des paysans » : le syndicat demande des « prix minimum garantis » et l’accompagnement de réformes structurelles pour soutenir la transition agro-écologique.

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