L’Américaine Simone Biles, de retour au sommet après deux ans d’arrêt, a surmonté les épreuves de la vie et notamment une faillite mentale aux Jeux olympiques de Tokyo pour renaître aux Championnats du monde d’Anvers.
Mercredi, à moins de dix mois des JO de Paris, elle a cimenté encore plus son statut de légende de son sport avec un 20e titre mondial, grâce à la victoire du Team USA dans le concours par équipe.
Déjà considérée comme la « GOAT » (« Greatest of all time », meilleure de tous les temps) à l’aube des Jeux olympiques de Tokyo à l’été 2021, Simone Biles, reine de toutes les acrobaties, avait choqué et ému le monde du sport en refusant l’obstacle japonais au nom de sa santé physique et mentale.
Minée par des « twisties », des pertes de repères dans l’espace, elle avait renoncé à plusieurs épreuves avant de finir par décrocher au courage une médaille de bronze à la poutre.
Sa transparence face à ses problèmes avaient consacré le sujet tabou de la santé mentale dans le sport de haut niveau en dépassant le cadre de la gym, la marque des géants du sport.
A 26 ans seulement, Biles, qui a expliqué poursuivre sa psychothérapie, est déjà revenue plusieurs fois des ténèbres.
Revenue plusieurs fois des ténèbres
Le conte de fée de la petite fille qui découvre la gymnastique à six ans lors d’une sortie scolaire n’en est pas un. Car sa petite enfance, Biles, née dans l’Ohio, la partage avec une mère « dépendante à l’alcool et à la drogue », qui fait « des allers-retours en prison », ce qui vaut, à elle et ses trois frères et soeurs, d’être placés en famille d’accueil, confie-t-elle à la télévision américaine en 2017.
« Je n’ai jamais pu compter sur ma mère biologique. Je me souviens que j’avais toujours faim, toujours peur. »
Simone Biles DOMINATES for 20th gold, historic team World Title for Team USA
?#SimoneBiles pic.twitter.com/AvWKk9fhPE— GamefaceSport (@Gameface_Sport) October 4, 2023
« Mes grand-parents m’ont sauvée », dit-elle de Nellie et Ron Biles, qu’elle considère comme ses parents et qui ont changé le cours de son histoire en l’adoptant, ainsi que sa petite sœur, tandis que le reste de la fratrie a atterri chez d’autres membres de la famille.
Dès ses huit ans, Biles fait une rencontre décisive, celle d’Aimee Boorman, l’entraîneur qui la portera vers les sommets, sa « deuxième maman » aussi, qui veillera à son équilibre sur les agrès comme dans la vie.
C’est sous son aile qu’elle devient, à 16 ans, championne du monde pour la première fois, en 2013, déjà à Anvers. Avec elle aussi qu’elle triomphe aux Jeux olympiques de Rio en 2016 (cinq médailles dont quatre en or).
Boorman partie en Floride, la Texane d’adoption renoue avec l’entraînement sous la direction des Français Cécile et Laurent Landi, qui l’accompagnent jusqu’à ses records absolus améliorés à Anvers, avec 26 médailles mondiales dont 20 titres en six participations.
En janvier 2018, elle dévoile une autre blessure intime: elle fait partie des plus de deux cents victimes de Larry Nassar, l’ex-médecin de l’équipe féminine américaine de gymnastique condamné à la prison à vie pour des centaines d’agressions sexuelles commises pendant deux décennies.
On nous a laissé tomber et on nous doit des explications
« On nous a laissé tomber et on nous doit des explications », témoigne-t-elle, la voix brisée par l’émotion, en septembre 2021 devant une commission du Sénat chargée de se pencher sur les « manquements au devoir » du FBI dans ce scandale qui secoue l’Amérique.
Celle qui dit avoir toujours adoré « la sensation de voler » que lui procure la gym, est repartie tourbillonner dans les airs, le sourire aux lèvres.
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